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Un festival riche en désirs

La vingt-neuvième édition du Festival international de films de femmes s’est déroulée du 23 mars au 1er avril 2007. Jackie Buet, sa directrice, nous en dévoile sa programmation et son engagement envers les réalisatrices du monde entier.

Pour cette vingt-neuvième édition, vous organisez une programmation riche en désirs ; est-ce pour vous une façon de toujours défendre la place des femmes derrière la caméra, d’où qu’elles soient ? Et ainsi d’affirmer la nécessité d’un festival dédié aux réalisatrices ?
Jackie Buet :
En effet, le choix du thème « des désirs » n’est pas anodin. Car toute l’année, et plus particulièrement pendant le festival, nous oeuvrons pour la défense d’un cinéma d’engagement pour éveiller les regards, émouvoir les consciences et favoriser la diversité culturelle. Depuis sa naissance, le cinéma se bat pour échapper au récit normalisé, à l’effet de réalité, et rejoindre la puissance du rêve, de la création, de la transcendance. Avec son histoire, s’est aussi écrite une autre histoire : celle des femmes. Depuis leurs débuts, les femmes-actrices se battent avec leur icône pour échapper aux stéréotypes de femmes fatales ou de putains.


Le festival interroge les rapports sociaux de sexe et bouscule les stéréotypes. Quelle actrice, dans l’histoire du cinéma, incarne, selon vous, cette ligne de conduite ?
Jackie Buet :
Incontestablement Marilyn Monroe. Elle a tenté de s’affranchir d’Hollywood, en reprenant le travail d’actrice avec l’Actors Studio. Jusque dans le détail de son maquillage, jusqu’à sa voix, nous avons la confirmation qu’elle n’a été Marilyn que malgré elle. Malgré la fabrication de ses personnages pour le cinéma, ni son âme ni son corps n’ont été à vendre. Un certain cinéma a pu tromper, user ou abuser ses acteurs et ses spectateurs. Autant de raisons qui m’ont poussée à créer un festival pour défendre la place des femmes au cinéma.


Nous connaissons surtout les femmes actrices, l’une des grandes richesses du festival consiste à offrir au public la possibilité de rencontrer tous les métiers du cinéma.
Jackie Buet :
Depuis les prémices de cet art, devenu langage universel, des femmes sont aussi derrière la caméra, nous livrant leur regard sur le monde, leur conscience aiguë de ce qui est vital. Plus que jamais le festival reconnaît l’importance de leur présence et de leur désir singulier. Seule cette énergie du désir peut leur permettre de quitter leur condition pour accéder à leurs aspirations d’indépendance, de liberté, de possession de soi-même. La grande majorité de leurs films aborde cet essentiel : le désir de changement.

En dehors de la section Histoires de voir, présentant « les désirs » sous toutes leurs formes, vous avez décidé de rendre hommage à la création britannique avec une section So British ! Qu’est-ce qui a motivé ce passage de l’autre côté de la Manche ?
Jackie Buet :
À travers un panorama d’une soixantaine de films, la section So British ! (animée avec le British Council), porte une réflexion sur la jeune génération des réalisatrices du Royaume-Uni. Comme ailleurs, elles peinent à faire carrière. On trouve quelques exceptions comme Sally Potter, Gurinder Chadha, le collectif Amber ou Sandra Lahire, qui ont déjà réalisé plusieurs films. C’est bien l’enjeu de ce focus : nous révéler une trentaine de réalisatrices issues de différents courants cinématographiques du Pays de Galles à l’Ecosse en passant par l’Irlande ou Londres.

Qui pouviez-vous rêver de mieux que Charlotte Rampling pour marraine de ce festival ? Elle incarne à la fois la saveur des désirs et le sucré-salé britannique.
Jackie Buet :
Elle était déjà des nôtres en 1995, mais nous avons choisi de la faire revenir tant elle a joué dans de nombreux films. Nous lui avons demandé de choisir huit films qui révèlent son audace aux côtés de jeunes réalisateurs tels que François Ozon ou Antoine de Caunes. Curieuse des autres et exigeante pour soi-même, telle est cette magnifique actrice, où qu’elle soit, dans Sous le sable (qu’elle présentera avec nous le lundi 26 mars) ou dans La Cerisaie : magnétique.


Vous avez aussi choisi de rendre hommage à Mira Nair en présentant sa dernière réalisation.
Jackie Buet :
Oui, c’est une personnalité incontournable du cinéma indien et du cinéma au féminin. Elle est internationalement connue et fait désormais partie des rares réalisatrices au monde (avec Agnès Varda, Jane Campion, Liliana Cavani) à avoir pu réaliser une œuvre. Elle sera présente à Créteil le dimanche 25 mars. Avec elle, et l’ensemble des réalisatrices présentes pour la compétition et les sections parallèles, j’espère ainsi agir pour une reconnaissance des œuvres. Je souhaite aussi faire découvrir la banlieue comme un territoire d’exploration et de découverte des relations humaines en pleine mutation. On y vit, on y danse, on y travaille, on y aime dans une dimension multiculturelle exceptionnelle, et c’est exaltant.

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