Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Égalité(s)

  • Élever les voix des femmes, une nécessité philosophique et culturelle

    AFFDU, salon des livres, autrices, femmes, livres, route de la soie-éditions,Depuis 2018, j’ai l’honneur de présider l’AFFDU (Association Française des Femmes Diplômées des Universités), une association fondée en 1920, reconnue d’utilité publique, et porteuse d’une mission essentielle : défendre l’éducation et la promotion des femmes comme leviers de paix et d’égalité. Cette année, le 30 novembre, nous organisons en partenariat avec La Librairie des Femmes et avec une immense conviction le salon “Livres Femmes” à la mairie du 6e arrondissement de Paris.

    Ce salon n’est pas un événement comme les autres. Il est une réponse aux défis d’aujourd’hui, une affirmation de l’importance des voix féminines dans un monde où, trop souvent, elles sont réduites au silence. Ces voix sont essentielles, non seulement pour les femmes, mais pour la société toute entière, car comme le disait Audre Lorde : « Quand je parle, je suis dangereuse. » C’est cette dangerosité, synonyme de liberté et de puissance, que nous célébrons à travers ce salon.

     

    Une lutte qui traverse les siècles

     

    L’AFFDU s’inscrit dans une tradition féministe qui traverse les époques. Dès sa création, l’association portait cette ambition audacieuse qu’évoquait Mary Wollstonecraft dès 1792 dans A Vindication of the Rights of Woman : « L’éducation est la clef qui libère l’esprit.» Aujourd’hui, alors que dans certains pays comme l’Afghanistan, les femmes n’ont même plus le droit d’étudier ou de parler entre elles, cette revendication demeure tragiquement d’actualité.

    Organiser ce salon est pour moi une manière de rappeler que nous devons préserver nos espaces d’expression et de réflexion. Ces espaces, trop souvent fragiles, sont pourtant indispensables. Virginia Woolf nous l’a appris dans Une chambre à soi : sans espace, sans indépendance matérielle et intellectuelle, les femmes ne peuvent pleinement contribuer au monde. Le salon “Livres Femmes” est une manière de leur offrir cet espace.

     

    La parole des femmes, un acte de résistance

     

    Parler, écrire, créer, traduire : voilà des actes de résistance. Ils le sont d’autant plus lorsque les droits des femmes sont attaqués. Je pense à Malala Yousafzai, qui a risqué sa vie pour revendiquer le droit des filles à l’éducation. Elle a dit : « Une enfant, un enseignant, un livre, un crayon peuvent changer le monde. » Ce salon est un prolongement de cet espoir, une manière de montrer que la culture et la pensée peuvent inverser les dynamiques d’oppression.

    Le salon “Livres Femmes” réunit des chercheuses, des traductrices, des auteures et des journalistes. Toutes ont des parcours différents, mais toutes partagent cette volonté de s’exprimer, de transmettre et de transformer. Organiser cet événement, c’est aussi affirmer, comme le disait Toni Morrison : « Si vous possédez une certaine liberté, vous devez libérer quelqu’un d’autre. »

     

    Un espace pour tisser des liens

     

    Depuis que je préside l’AFFDU, j’ai vu combien les échanges et les partages sont précieux pour amplifier les combats des femmes. Je crois profondément que, comme l’écrivait Chimamanda Ngozi Adichie, « Nous devrions tous être féministes ». Ce salon n’est pas réservé aux femmes : il invite toutes et tous à découvrir les immenses contributions des femmes dans les domaines de la recherche, de la littérature et du journalisme.

     

    Cet événement est aussi l’occasion de rendre hommage à des figures comme Wangari Maathai, première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la Paix, qui disait : « La voix des femmes est cruciale pour la paix et le développement. » En réunissant des femmes engagées dans leurs domaines respectifs, ce salon devient un lieu où les idées circulent, où les savoirs se croisent, et où les solidarités se tissent.

     

    Pourquoi ce salon est indispensable aujourd’hui

     

    Aujourd’hui, les femmes sont encore confrontées à des violences, des discriminations, et des reculs inquiétants. En Afghanistan, mais aussi ailleurs, les droits acquis sont fragiles. Organiser un salon comme “Livres Femmes” est une manière de répondre, de montrer que la parole des femmes ne sera jamais muselée.

    Simone de Beauvoir avait prévenu dans Le Deuxième Sexe : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » Cette phrase résonne douloureusement à l’heure actuelle. Mais elle m’encourage aussi à continuer. À travers ce salon, nous affirmons qu’il est possible de résister, de créer, et de rêver.

     

    Un rendez-vous pour l’avenir

     

    Le salon “Livres Femmes” est une manière de donner vie à cette idée qu’évoquait Maya Angelou : « Nous ne pouvons pas contrôler tous les événements qui nous arrivent, mais nous pouvons décider de ne pas être réduits par eux. » Il célèbre la créativité, la pensée et la solidarité. Il invite chacun à découvrir des œuvres puissantes, des trajectoires inspirantes, et des idées nouvelles.

    Je crois profondément que ce salon est une réponse aux défis de notre temps. Il montre que, même face aux obstacles, les femmes continuent de s’exprimer, de partager et de transformer le monde. En tant que présidente de l’AFFDU, j’ai la conviction que ces voix sont essentielles, non seulement pour les femmes, mais pour toute l’humanité.

    Je vous invite à nous rejoindre le 30 novembre pour célébrer ces voix, ces luttes et ces idées. Ensemble, faisons en sorte que, face au silence, les voix des femmes continuent de s’élever.

    salon des livres, AFFDU, livres, route de la soie- éditions, femmes, droit des femmes, égalité. livres, essais, autrices

     

  • De l'inégalité

    Des années de luttes intellectuelles, de combats de rue, de mises en évidence ne suffisent pas à passer d'une égalité de droit à une égalité de fait. C'est donc bien que quelque chose demeure dans notre manière de percevoir l'égalité qui ne colle pas avec notre perception du monde. 

    Mathématiquement, nous savons que deux grandeurs sont égales quand elles ne diffèrent en rien. En revanche, pour nous, les êtres humains, l'égalité signifie que nous avons un attribut en commun "notre humanité" au regard duquel nous devons être traités de façon identique. Que nous soyons grands ou petits, femmes ou hommes...

    Quand on le dit, quand on l'énonce, rares sont ceux qui vont vous répondre qu'ils sont contre cette idée. Il y a donc une convenance intellectuelle à être pour l'égalité. Cependant, il suffit de lire le Rapport sur les inégalités en France (2021) publié par l'Observatoire des inégalités pour comprendre que l'égalité de traitement des être humains est loin d'être acquise. 

    Anne Bergheim-Nègre, inégalités, essai, route de la soi -éditions, livreC'est en partant de ce constat et des levées de bouclier face à ses combats pour établir une égalité de fait que Anne Bergheim-Nègre s'est plongée dans la rédaction de son essai Histoire de l'inégalité entre les femmes et les hommes

    Elle réussit à nous entraîner au coeur de notre culture, elle est allé chercher le lieu même où s'enracine notre culture des inégalités. En décortiquant l'histoire, les textes religieux avec malice, Anne Bergheim-Nègre, nous fait prendre conscience de l'envers de notre pensée pour l'égalité. Elle met en évidence notre incapacité à se défaire de nos récits anciens, si imbriqués dans notre cognition que nous finissons par ne plus avoir la capacité de nous en détacher. Nous finissons donc par nous accommoder de fragment d'égalité. Or ce morcèlement de l'égalité n'a rien de bon, il fait vivre encore plus fort les inégalités. 

    Si nous regardons de plus près nous voyons que dès la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (de 1789) cette séparation des égalités entre de fait et de droit est affirmée "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". Cette précision est importante et est confirmée par l'article 6 " La loi est l'expression de la volonté générale, tous les citoyens ont droit de concourir, personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leur capacité, et sans autres distinctions que celle de leurs vertus et de leurs talents". Nous pourrions questionner le mot "vertus" ici car là encore ce texte, nous el savon s'adresse à des hommes pour des hommes (et non le "h"n'est pas une majuscule et n'englobe pas les femmes). 

    Donc Anne Bergheim-Nègre remonte le temps historique, elle nous fait découvrir les rouages de cette affirmation de l'égalité des hommes et de leur domination sur les femmes. Elle montre le prisme cultuel et culturel qui ont mis en oeuvre cette domination dont nous ne nous satisfaisons pas, mais avec lesquels nous avons appris à vivre. Elle met en évidence que déjà dans la manière dont on nous enseigne la préhistoire on retrouve ce récit de domination (rejoignant ainsi les travaux de Marylène Patou-Mathis ou encore ceux de Marija Gimbutas). 

    Anne Bergheim-Nègre met en évidence combien les transformations des structures des états a toujours été menées au profit des hommes (voir notamment le chapitre sur Napoléon Bonaparte). Cependant, loin de nous pousser à croire que l'égalité est impossible, elle met en évidence toutes les luttes menées, tous les combats, une longue marche vers une égalité encore possible. On y lit l'aspiration sociale. Qu'elle soit portée par quelques-unes ou par un grand nombre c'est cette aspiration qui pousse vers l'égalité dans les faits.

    En d'autres termes, l'égalité des droits, ne peut pas être purement formelle et illusoire. La question est de savoir si elle ne doit pas reposer sur des moyens identiques et à la limite sur l'égalité effective des conditions sociales ? C'est sans doute là un idéal égalitariste. Et pourquoi pas ? C'est bien ce dont nous avons besoin pour poser les jalons d'une société égalitaire pour un futur en commun ! Particulièrement dans la sphère numérique... 

    Anne Bergheim-Nègr, essai, inégalité, route de la soie - éditions, livre, femmes, hommes

     

  • L'égalité en question... (interview d'Emmanuel Macron du 14 juillet 2020)

    Cela fait trop longtemps que je ne suis pas venue ici, évoquer un peu le langage médiatique et étatique actuel... Nous sommes le 14 juillet 2020, c'est un excellent jour pour pointer quelques travers de nos actualités.

    Il est 13h10, sans doute un peu plus, et nous allons "tou.te.s" assister à l'interview présidentielle, qui comme le souligne Léa Salamé n'aurait pas dû avoir lieu, car Emmanuel Macron avait annoncé mettre fin à cette tradition. Mais nous sommes dans le "monde d'après". Je plaisante, mais vous reconnaissez l'importance du rôle du langage et des expressions vides de sens pour paralyser la réflexion et jouer sur l'émotion.

    Je reprends.

    Pourquoi ce 14 juillet ? "Ce 14 Juillet est un peu particulier". C'est quoi un 14 juillet "un peu particulier" ? Je vous cite, sinon ce ne serait pas drôle "C'est un 14 Juillet qui consacre la fierté d'être Français. Notre fête nationale où nous célébrerons nos armées, auxquelles nous devons tant, leurs familles, leurs blessés".

    Attention, c'est quoi être français aujourd'hui dans un monde qui bouge ? Dans un monde qui se dérobe où l'on impose des sanctions, des distanciations physiques ? Nous fêtons les blessés, pas les morts ?

    "Nous étions émus ce matin face aux soignants, aux familles des victimes. Notre pays est dans un moment particulier de son histoire, nous devons en mesurer la gravité"

    C'est donc la gravité qui va mener la danse de cette interview. Mais est-elle là quand on évoque la nomination du Ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin ? Il est 13h41.

    "Je respecte toujours l'émoi des causes justes. La colère féministe, je la partage. Nous avons fait voter des lois importantes". Cette juxtaposition de trois phrases courtes, de trois idées différentes est littéralement passionnante.

    En tout premier lieu, je m'attendais à une réponse journalistique du type "de quelles lois s'agit-il ?" ou encore "pouvez-vous nous citer les lois auxquelles vous faites références?"... De façon personnelle, je ne les vois pas. Mais sans doute, suis-je mal informée. Ce serait vraiment dommage en tant que présidente de l'AFFDU, association centenaire en septembre prochain, qui défend l'égalité des droits, l'accès des femmes à l'éducation...

    Reprenons le début de cette succession: "je respecte l'émoi des causes justes". Première phrase très intéressante, quand on regarde les mouvements sociaux en France depuis votre élection. Cela signifie-t-il que tous les émois précédents ne soient pas justes, ni justifiés ? Pour avoir suivi, photographié les manifestations (Gilets Jaunes, retraite, soignant...) pendant tous ces mois devenus années, j'ai comme l'impression que cela revient à dire que ces émois ne représentaient pas des causes justes ? C'est étrange, quand même, quand on voit qu'il s'agit de mouvements pour défendre le socle commun de notre société par exemple : l'accès aux soins gratuits, la retraite, ou encore une école gratuite, ouverte à tous...

    Deuxième phrase, deuxième idée. "La colère féministe, je la partage". Qu'est-ce que la colère féministe ? Pourquoi seules les femmes et les mouvements féministes seraient en colère ? Les mouvements Black Lives Matters (en France) et/ou contre les violences policières (en France) ne sont-ils pas en colère ? Je pense qu'il me faudra un autre article pour comprendre et interroger d'où vient cette association permanente de la notion de "colère" et de "féministe".

    Parlons de l'objet de cette "colère féministe". Cette "colère" du moment touche-t-elle autre chose que l'égalité des droits, des chances pour tou.te.s ? Évidemment non, mais son facteur déclencheur, la chose qui a mis le feu aux poudres, c'est la nomination d'un homme au poste de ministre de l'intérieur tandis que ce dernier a une plainte pour viol qui le suit. C'est étrange, non ?

    "Un responsable politique a fait l'objet d'une accusation grave. Cette affaire a fait l'objet de plusieurs enquêtes, qui ont donné lieu à une absence de suite. Il ne m'appartient pas d'en juger. Aucune cause n'est défendue justement si on le fait en bafouant les principes de notre démocratie. Je suis le garant de la présomption d'innocence".

    Je partage l'idée de la présomption d'innocence. Mais ce n'est pas pour autant que je nomme les personnes suspectées de viol à un ministère (particulièrement à l'intérieur)... Imaginons un seul instant, la difficulté pour une femme d'aller à un poste de police pour porter plainte pour viol. Elle doit non seulement apporter des preuves de ce qu'elle a subi, et en plus faire face à des personnes qui vont mettre en cause son récit avec des phrases du type "enfin vous l'avez bien un peu cherché, un peu provoqué..." ou encore "avec votre tenue, c'est de la provocation"... (cf. notamment cette émission de France Culture : le viol, aspect sociologique d'un crime). Maintenant concluons sur ce qu'une femme pourrait entendre à l'avenir "c'est bien d'être venue nous voir, d'avoir raconté ce que vous avez subi, mais vous savez le chef de mon chef, un violeur notoire, classera votre plainte sans suite...." Est-ce cela que vous entendez par "La colère féministe, je la partage" ? Que partagez-vous quand vous concluez de la façon suivante : "J'ai eu une discussion avec Gérald Darmanin. Il y a aussi une relation de confiance."

    Ne sommes-nous pas dans une contradiction constante ? Vous indiquez être dans une relation de confiance avec un ministre (donc vous reconnaissez indirectement être soumis, comme nous tous, au biais de confirmation). La suite de la réflexion est bien plus inquiétante je vous cite : "Je refuse de céder à l'émotion constante". C'est étrange car vous avez précisément dit le contraire avant "je respecte l'émoi des causes justes" ce à quoi vous avez ajouté "la colère féministe je la partage". En d'autres termes, au début de votre raisonnement, vous donniez raison à "l'émoi féministe", c'est une "cause juste"... mais au final non. Il ne faut pas céder...

    Remarquable parade rhétorique pour balayer d'un revers de verbe(s) le sujet de l'égalité des droits !

    Pour ceux qui seraient intéressés par l'égalité des droits, je rappelle que Anne Nègre a fait un travail colossal pour dénoncer le non respect par les pays européens dont la France (en tout premier lieu) de la Charte Sociale Européenne qui précise bien l'égalité des droits et donc par exemple des salaires. Elle a déposé des réclamations collectives. Et c'est amusant, le 29 juin 2020, le Comité européen des droits sociaux reconnaît les violations dans quatorze pays

    Nous pouvons donc affirmer avec vous que ce "14 juillet est un peu particulier" il confirme le non respect de l'égalité et donc des droits humains... Et encore, j'ai décidé de ne m'arrêter que sur ce passage... Mais il y a fort à dire sur celui des discriminations.... N'oublions pas "tout langage est écart de langage" (S. Beckett).

     

  • Égalité de droit - Égalité de fait

    Capture d’écran 2018-06-23 à 19.16.50.png

    Parlons d'égalité... Après ces semaines silencieuses, d'observations et de recherches. J'ai envie de faire un détour par l'égalité. Sujet philosophique par excellence, l'égalité semble nous échapper dès que nous cherchons à la mettre en place.

    Qu'est-ce que l'égalité ? Peut-elle être autre chose que conceptuelle ? Mathématiquement deux grandeurs sont égales, lorsqu'elles ne diffèrent en rien. Cependant à l'échelle de notre (in)humanité, au contraire, l'égalité part de notre point commun : notre attribut identique, soit notre humanité. Nous sommes tous différents et cependant égaux. 

    En d'autres termes, l'égalité doit se distinguer clairement de l'identité. Vivant en société, nous sommes convenus (et c'est sans doute là l'erreur) de préciser en quoi nous sommes égaux.

    C'est ainsi que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 affirme dans son article premier "les hommes naissent et demeurent libres et égaux"... et de préciser "en droits". Remarquons qu'elle précise à l'article 6 : "la loi est l'expression de la volonté générale, tous les citoyens ont droit de concourir, personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leur capacité, et sans autres distinctions que celle de leurs vertus et de leurs talents"

    Notons qu'il s'agit ici des "hommes"... et non des "humains". Les femmes sont déjà exclues. C'est ce que notait déjà Olympes de Gouges dans sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. 

    Notons qu'il faudra attendre, la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 pour établir qu'un statut soit accordé aux femmes. 

    Enfin, notons que l'expression consacrée pour cette déclaration est désormais celle des "droits humains" ou encore "droit à la personne". 

    Pourquoi est-ce si important ? C'est assez simple, en fait, l'humanité se compose d'êtres humains. Les "êtres humains" est une expression qui ne regroupe pas seulement un sexe (celui de l'homme) mais bien les sexes (masculin, féminin, neutre...). N'oubliez pas que l'on peut naître homme, devenir femme (et/ou inversement), mais que l'on peut être transgenre... 

    Le langage se compose de nombreuses expressions et c'est déjà une première étape de la compréhension de l'égalité que de savoir user du langage correctement pour éviter d'exclure. 

    Revenons à notre actualité. En 1961, est adoptée la Charte Sociale Européenne. Elle est signée par les 47 États membres du Conseil de l'Europe. Elle est l'équivalent, au niveau social de la Convention européenne des droits humains consacrée aux droits civils et politiques.

    Le Comité européen des Droits sociaux est chargé de veiller à faire respecter par les États membres de la Charte sociale. Dès qu'il perçoit un écart, il adresse des décisions afin que les États modifient leur législation.

    En 1995,  la charte introduit un système de plaintes collectives, qui permet aux organisations d’employeurs et aux syndicats nationaux et internationaux, ainsi qu’aux ONG internationales (et dans certains cas nationales) de porter plainte contre les Etats qui violeraient cette charte.

    Le rôle du Comité européen des Droits sociaux est ainsi l'organe qui garantit l’application de la Charte sociale européenne, et ses décisions sont contraignantes.

    Or notamment à l'Article 20 de la Charte sociale européenne on trouve précisément la question de l'égalité.

    "Article 20 – Droit à l'égalité de chances et de traitement en matière d'emploi et de profession, sans discrimination fondée sur le sexe

    En vue d'assurer l'exercice effectif du droit à l'égalité de chances et de traitement en matière d'emploi et de profession sans discrimination fondée sur le sexe, les Parties s'engagent à reconnaître ce droit et à prendre les mesures appropriées pour en assurer ou en promouvoir l'application dans les domaines suivants :

    • a- accès à l'emploi, protection contre le licenciement et réinsertion professionnelle ;
    • b- orientation et formation professionnelles, recyclage, réadaptation professionnelle ;
    • c- conditions d'emploi et de travail, y compris la rémunération ;
    • d- déroulement de la carrière, y compris la promotion."

    Nous pourrions également citer "l'Article 27 – Droit des travailleurs ayant des responsabilités familiales à l'égalité des chances et de traitement".

    Dans la Charte sociale révisée en 1996, le mot "égalité" apparaît 8 fois. 

    Aujourd'hui nous assistons à une première historique. Sur l'initiative de Maitre Anne Nègrele GEFDU (dont la branche française est l'AFFDU)/UWE a voté à l'unanimité lors de son assemblée générale à Utrecht de devenir une ONG habilitée par le Conseil de l'Europe à déposer des réclamations collectives (dans le cadre de la violation de la Charte Sociale Européenne). 

     

    Ainsi sont nées les 15 réclamations collectives pour violation de la Charte Sociale européenne en matière d'ÉGALITÉ contre les 15 États Membres du Conseil de l'Europe qui les acceptent Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre, France, Grèce, Irlande, Italie, Pays Bas, Portugal, République Tchèque, Slovénie, Suède, et la Norvège le seul pays qui ne soit pas également dans l’Union Européenne.

    Ces réclamations portent sur la violation des dispositions concernant :

    • le salaire égal pour un travail égal, semblable ou comparable entre les femmes et les hommes de la Charte Sociale Européenne
    • la sous-représentation des femmes dans les postes de décisions des entreprises privées

    Face à ces réclamations documentées, les États se sont plongés dans un étonnant déni. En effet "l'égalité de droit" est difficilement applicable dans les "faits". Une ONG n'aurait-elle pas le droit de faire remarquer à des États leurs écarts de conduite ? Notons que l'ONG en question a presque 100 ans et qu'elle s'y connaît en question d'égalité, de soutien aux femmes au fil des années et au regard du siècle qu'elle a passé à accompagner toutes les femmes en Europe et dans le reste du monde.

    Cependant, fait historique, le Conseil européen des Droits Sociaux a déclaré le 4 juillet 2017 la recevabilité des réclamations collectives. 

    C'est un grand pas pour notre humanité, nous pourrions enfin faire coïncider "égalité de droits" et "égalité de fait"... Pour cela nous devons poursuivre la mobilisation, nous devons, ensemble, faire aboutir ces réclamations collectives !

    Pour cela, il est possible de signer et de faire suivre la pétition suivante :

    egalité,salaire,charte sociale européenne,droit des femmes,droits humains,droit

     

    Pour ceux qui auraient encore des doutes sur cette nécessité, ils peuvent écouter Jean-Michel Belorgey et Luis Jimena Quesada . Ils ont dirigé la Charte Sociale Européenne. Ils soutiennent ces 15 réclamations collectives. 

    #EqualJobEqualPay