De la non indépendance des médias ;-)
Pour mémoire le mot "indépendance" apparaît en 1610. Il se définit clairement comme une "absence de dépendance".
Mais alors, plusieurs questions se posent : comment puis-je être indépendant ? Ecrire c'est choisir, choisir son angle, sa vision de l'histoire à défendre.
Peu importe les erreurs. Nous en faisons tous. Nous défendons des causes qui nous semblent justes à un moment donné. Parfois, elles se révèlent pas aussi claires quelques mois ou années plus tard. Cela s'appelle l'apprentissage (du métier). Le terrain est plein d'obstacles, de jeux, de pièges et surtout de surprises.
Dès lors comment garantir la liberté de mon écriture si elle est encadrée ? Entrer dans une rédaction, c'est déjà faire un choix, c'est déjà accepter une ligne éditoriale. Une stratégie, une vision. Par principe de cohérence ou de conformité, on se plie à la règle. Sinon les risques sont là : relégation à d'autres tâches, perte de son job, le traitement retardé du paiement des piges, etc.
Maintenant mettons-nous du côté du lecteur. Nous sommes tous des lecteurs, plus ou moins avisés. Mais nous "lisons" ce que l'on nous met entre les mains... Vous savez le matin dans l'urgence des transports pour aller au bureau.
Nous aimons lire notre journal du matin ou l'entendre ou encore le voir... La revue de Presse française est un concentrée... Pas d'inquiétude pour qui possède quoi ? Tout est concentré...
Tout est consterné ou consternant...
En d'autres termes, il suffit de savoir quel(s) titre(s) vous lisez, pour savoir à qui votre cerveau appartient ! Ou votre opinion, votre bulletin de vote...
Sur la carte n'apparaît pas l'Humanité... Mais je tiens à préciser que le journal cherche des fonds ouverts... mais c'est aussi :
- 20% sont détenus par la Société des lecteurs et lectrices de l'Humanité
- 20% par la Société Humanité Investissements Pluralisme (Hachette - TF1 - Caisse d'Epargne). Sur ce sujet je conseille de lire la note du PCF qui pose les questions de l'indépendance impossible de la ligne éditoriale avec ces fonds...
- 10% par la Société des personnels de l'Humanité
- 40,71% par des actionnaires individuels (représentant le Parti communiste)
Mais alors comment garantir la liberté de la Presse ? La liberté peut-elle se réduire à la question de son indépendance ?
C'est la question que le Sénat a soulevé à la suite d'un texte adopté au Parlement.
"Jeudi 6 octobre 2016, le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi visant à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias.
Lundi 10 octobre 2016, au moins 60 sénateurs et au moins 60 députés ont saisi le Conseil constitutionnel sur la proposition de loi visant à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias."
C'est amusant car, lorsque l'on regarde avec attention la cartographie proposée par l'ACRIMED, on s'aperçoit bien que le pluralisme de la presse ne change rien à sa non-indépendance. Pour (sur)vivre la presse a besoin de publicités, de lecteurs... Mais le lecteur aujourd'hui ne lit plus, il lui faut du vif, du vivant, du bouillant, du bouillonnant, de l'é-motion enfin surtout de l'expérience (seul terrain où il peut se sentir lui-même).
A l'heure du diktat émotionnel, la vidéo envahit la sphère médiatique et les informations sont des titres, des bandeaux qui s'accrochent, se lisent dans les mains, les poches vides d'expression réelle.
L'indépendance c'est perdue dans la tautologie.
Pour être indépendant il faut :
- un moment de silence
- se centrer sur ses désirs (les siens pas ceux des autres...)
- comprendre que l'angle que l'on choisit, s'assume en fonction de son expérience, de son histoire
- de l'authenticité (puisque de toute façon "in-former" signifie "mettre en forme" - autant choisir ce qui nous correspond vraiment)
- de l'éthique ;-) (oups le mot qui fâche)...