Nous devrions écouter Louis Malle...
Mon dîner avec André, un film de Louis Malle réalisé en 1981. Une anticipation réaliste de notre présent.
Dire que Samuel Beckett avait écrit le Dépeupleur... Où finalement celui qui s'extrait se retrouve à faire le choix de l'enfermement.
Théophile Gautier avait cette formule terrible autant que terrifiante : "la barbarie plutôt que l'ennui".
Et Georges Bernanos de poser que "le monde est dévoré par l'ennui".
Il est urgent de sortir de cette spirale de l'ennui...
Commentaires
Chère Sonia,
Etrange que vous évoquiez cette question de l'ennui. Je ne cesse en ce moment d'y penser. Non pas parce que je m'ennuie. J'aimerais pouvoir m'ennuyer un peu de temps en temps. Mais parce que je mets en rapport, l'ennui avec le temps ou, plus précisément, le rapport que nous entretenons avec les différentes variétés du temps dans lesquelles nous nous installons. Mais il est aussi des temps que nous rejetons, parce qu'ils sont trop contraignants, parce qu'il nous ennuie....
J'en viens à essayer de pense l'ennui comme une élongation anormale du temps dans certains champs de nous-mêmes (je ne dis pas notre être, pour ne pas me télescoper avec MH et son Z.u.S).
L'ennui pourrait être comme un vase si vaste qu'on perd l'envie de le remplir, comme un champ dont on ne perçoit pas les limites, comme un rapport à soi-même qui va s'imposer et nous imposer de nous regarder plus longtemps qu'on accepte de le faire.
A ce compte l'ennui n'a pas affaire avec la vacuité ni de notre âme, ni de notre esprit, ni du monde en général. L'ennui à affaire avec le temps de chacun de ces éléments et de bien d'autres.
L'ennui comme moteur d'une dissolution du moi dans un temps trop vaste, pas assez concentré... Sans doute... il faudrait s'interroger sur le sens de l'ennui. Je crois dans le fond, dans notre société où tout doit être vitesse de passage, l'ennui semble être la chose qui prend trop d'espace car l'on n'est pas agressé par une somme d'informations variées constantes... Ce flux constant d'information empêche ou retient le sentiment d'ennui, car le moi est percuté à chaque seconde... Et puis dans le fond, l'ennui c'est le moment où le temps redevient durée... où l'on peut devenir une expansion de soi dans l'univers... cela devient un vertige...
Sonia,
Je pique cette merveilleuse idée: l'ennui c'est le moment où le temps redevient durée.
(au passage, la question m'importe beaucoup pour une réflexion sur le rapport de la pensée économique au temps : plus précisément, le rapport de la pensée sur la monnaie au temps.