"La gouvernance par la peur est le moyen de souder les gens : gouverner par la peur, c'est le moyen de ressouder les gens en leur offrant la sécurité"
Joël de Rosnay
Gardez bien cette phrase en tête et posez-vous la question de quoi est-elle le nom ?
La gouvernance par la peur, mais qu'est-ce que cela veut dire ? En fait, c'est une équation assez simple, très bien connue des technocrates de l'influence. Pour conduire une foule que ce soit à l'échafaud ou à une élection, il faut rendre cette foule désirante de la même chose. Bizarrement si nous devions interroger chaque élément de cette foule, il aimerait ou non cette direction pour des raisons bien différentes de son voisin. Parfois même il se trouverait un élément qui dirait "je suis là parce que les autres le font"...
Mais il est difficile de rendre une foule désirante aujourd'hui me direz-vous ?
NANANANANANANAN.... Pardon NON.
C'est une illusion d'optique qui est à l'oeuvre.
Il y a deux façons :
- l'une le désir positif (vous remarquerez que la fin du XXème ou le début du XXIème ne collent pas trop avec un désir moteur genre "l'imagination au pouvoir" ou "l'art comme monnaie");
- la seconde : la sidération ou l'agitation de la foule par la peur... Venez à moi mes enfants le grand méchant (loup) est en train de vous attaquer, protégeons-nous et faisons comme les petits cochons construisons des cachettes (de préférence bien solide) sinon le loup va nous attraper. Et là, merveille des merveilles on en appelle à la paranoïa collective. "La société zéro risque" c'est bon pour le marketing et l'obéissance programmée.
Maintenant relisez la phrase de Joël de Rosnay.
L'autre chose que cette gouvernance par la peur fait ressortir c'est la peur viscérale de la fin du travail...
J'oubliais mais oui le TRAVAIL est MORT. DEAD. FINI.
Enfin le travail tel que l'humanité l'a toujours connu.
Celui du labeur sans fin, des horaires intégrés, des pauses syndicales, du bruit des machines... (nous pourrions ici nous amuser avec la référence au "compte de pénibilité").
Pourtant partout on crie au "droit au travail". L'humain a le droit de travailler, mais pourquoi faire ? Pour s'offrir des loisirs, et faire partie d'une société... Oui mais laquelle ? (question que je laisse ici suspendue à vos neurones).
Regardez autour de vous...
En fait tout le monde travaille sans le savoir... Et ça c'est le meilleur.
Pardon le plus drôle.
Ciel, pourquoi puis-je dire cela ? Je vous choque ? Je vous contre-choque ?
Digitalement à votre service.
Reprenons. Regardez les terrasses des cafés, regardez dans les transports... Partout, tout le temps au chômage ou pas, tous nous travaillons sans nous en rendre compte. Et le plus amusant c'est qu'en entendant les politiques évoquer l'infaisabilité du revenu universel, personne ne se demande qui pourrait le financer. Enfin qui devrait le financer...
Donc oui la fin du travail tel que nous l'avons connu a sonné.
Cependant, une autre forme de travail est à l'oeuvre - et pour laquelle nous ne réclamons pas de salaire.
Merci Data Selfie de nous en apporter la preuve ! A l’origine du projet, Hang Do Thi Duc et Regina Flores Mir. Leur idée naît en posant des questions simples « pourquoi Facebook a besoin d’accéder à notre numéro de téléphone ? A nos contacts téléphoniques ? Aux données de notre compte WhatsApp ? Pourquoi le réseau analyse-t-il le temps que nous passons à regarder les posts de nos fils d’actualité ?
C'est vrai, pourquoi donc ?
Lorsque nous naviguons sur Facebook, nous laissons une multitudes de données, volontairement ou non. Tout notre comportement sur la plateforme est analysé (passé au crible) : publications de photos, vidéo, statut, likes, clics, visionnage de vidéo, temps passé sur un post, commentaires, interactions avec des pages et des marques, etc.
Nous sommes donc l'objet d'études permanentes. Et nos données sont au coeur du business model de Facebook (qui rappelons-le tire 97% de ses revenus de la publicité).
Plus Facebook obtient des données sur nous, plus la firme est susceptible de nous proposer du contenu « pertinent » (intéressant pour nous et selon nos navigations journalières). Ainsi Facebook peut vendre notre profil "ciblé" à des annonceurs. Ce dernier paiera pour que ses publicités soient soumises aux profils ainsi ciblés.
Data Selfie, une fois installé, nous montre les données que Facebook récolte sur nous. J'avoue que c'est assez bluffant.
Une fois installée, et à l’instar du réseau social, Data Selfie analyse notre comportement et nos habitudes sur Facebook.
Cela nous donne un large aperçu de notre profil de membre : les pages et publications consultées, pendant combien de temps, vos likes, commentaires, interactions avec les Pages et les Marques, etc. Data Selfie peut ainsi déterminer le Top 10 des amis avec lesquels vous interagissez le plus, celui des pages les plus consultées, le top de vos likes (statut, publications, vidéos).
La suite est encore plus intéressante (ou plus impressionnante si je dois utiliser un vocabulaire qui va vous faire peur). En partant de nos comportements sur la plateforme, Data Selfie produit des analyses prédictives concernant nos habitudes d’achat, vos préférences alimentaires, les principaux traits de notre personnalité (si nous sommes optimiste, stressé, émotif, organisé, bosseur, etc. selon le modèle OCEAN*) ou notre orientation religieuse et politique.
Ceci est possible grâce à la synergie de deux APIs (Application Programming Interface) de machine learning, Watson, l’intelligence artificielle d’IBM et Apply Magic Sauce (qui vous permettait déjà de faire un test de personnalité Facebook) de l’Université de Cambridge.
Data Selfie ne conserve pas vos données... Au contraire il vous en rend responsable. Vous voulez les étudier, vous pouvez. Vous voulez les stocker, les exporter sur des extensions de votre ordinateur, c'est possible. Vous pouvez aussi les supprimer. Cependant ce n'est pas le cas sur Facebook, Google, Twitter, etc.
Il est donc temps de sortir de la gouvernance de la peur, et de réclamer votre droit à l'usage de vos données (retour à l'éthique ou puisque l'éthique n'a pas la cote au business).
Vos données sont votre nouveau travail. Et tout travail mérite salaire...
Désormais vous savez à qui réclamer votre revenu de cobaye !
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*le modèle OCEAN c'est l'avenir de votre comportement. Ou après le prêt-à-porter sur mesure. C'est le comportement sur mesure.
OCEAN est une anagramme mnémonique pour la version proposée par Costa et McCrae (1985) du modèle des cinq grands facteurs de la personnalité (« Big five »).
(O) Ouverture à l'expérience (Originalité)
(C) Consciencieusité (Contrôle, Contrainte)
(E) Extraversion (Énergie, Enthousiasme)
(A) Agréabilité (Altruisme, Affection)
(N) Neuroticisme ou névrotisme (émotions Négatives, Nervosité)
Commentaires
Passionnant! Je vais y répondre