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Zunyi - 遵義

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Ce week-end, offrons-nous une respiration à Zunyi, une ville au coeur de la Chine. Cette ville se trouve au nord de la province de Guizhou (貴州省 ). Cette région est, quant à elle, située au Sud de la Chine. Montagneuse et difficile d'accès, cette région a souvent été "oubliée". Sans doute était-ce pour mieux en préserver les légendes. 

Cette région est cependant au centre de l'histoire même de la Chine. Elle abrite près de dix-sept ethnies minoritaires dont les Miaos () - le peuple des rizières -, les Buyeis (布依族) - une ethnie majoritairement animiste -, les Dongs (侗族) un peuple des montagnes dont les chants sont adaptés à chaque situation de la vie- les Zhuangs (壯族). 

Autant dire que cette province est faite de milles visages, de mille coutumes. Chaque recoin de ses montagnes abritent une histoire, une vision, une danse entre les nuages. Les vents se jouent de l'horizon. Les collines se dressent en un dragon fier. Et si vous êtes attentifs, vous pouvez décelé à l'oeil nu des ruines qui se dressent. Elles veillent encore. Il s'agit des ruines de Hailongtun (海龙屯) littéralement le Château du Dragon de mer. Depuis 2015, elles sont classées "monument du patrimoine mondial de l'humanité" auprès de l'UNESCO.

 

Hailongtun (海龙屯) : entre mythologie & histoire

Construit, par le magistrat local Yang Wen, en 1257 (pendant la Dynastie Song du Sud). Cette construction a défendu la région contre les envahisseurs et notamment les forces mongoles. Elle a également servi de protection aux dynasties Yuan (1271-1368) Ming (1368-1644) et suivantes. Plus qu'une simple garnison militaire, le complexe est en quelque sorte une ville ancienne en miniature, avec un palais, des temples ancestrales, des quartiers, un entrepôt et une clinique. Il a été localement conçu et construit à travers la collaboration entre des architectes issus de différentes origines ethniques (dont les Hans, Miaos, Gelaos et Tujias) et se distingue par son mélange distinctif de caractéristiques architecturales.

Cette forteresse légendaire a une histoire commune avec celle de la famille Yang, qui a dominé la région pendant des siècles. À la fin de la dynastie des Tang, Bozhou a été dépassée par le régime voisin de Nanzhao, et les forces Tang menées par Yang Duan ont été envoyées pour le récupérer. Après sa victoire, Yang Duan est resté dans la région pour gouverner, marquant le début de la domination de sa famille. Son fils a hérité de son titre.

En 1573, Yang Yinglong hérite ainsi du poste de gouverneur de Bozhou. À l'époque, la dynastie des Ming avait une politique laxiste à l'égard des responsables régionaux des régions du sud-ouest, qu'il considérait comme des eaux secondaires minoritaires. Tant que les régions ont envoyé l'hommage requis à la cour impériale, les dirigeants locaux avaient le droit de faire ce qu'ils voulaient. Avec ses terres fertiles et sa récolte abondante, Bozhou était convoitée par des seigneurs de guerre au Sichuan et au Guizhou. Soutenue par une armée considérable, Yang Yinglong a mené un style de vie extravagant et a régi avec un poing de fer.

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Mais lorsqu'il a tué sa femme à la suite d'une altercation, les responsables de Guizhou l'ont signalé à l'autorité centrale. Ils l'ont également accusé de tentatives de rebellions. L'empereur de Song a alors envoyé une armée de 240 000 personnes pour assiéger Hailongtun. Après une bataille sanglante qui a duré 114 jours, les forces impériales ont traversé les fortifications arrière de Hailongtun. Yang Yinglong s'est enfermé avec deux concubines dans une pièce et il a mis le feu. Les forces impériales ont organisé un massacre, décapitant plus de 20 000 habitants. Ce massacre, est sans doute, l'un des pires de l'histoire de la Chine, met fin à 725 ans de règne de la famille Yang dans la région.

Donc au détour des collines verdoyantes c'est cette histoire qui vous regarde. Il a fallu beaucoup d'ingéniosité pour créer ses escaliers au coeur d'une végétation intense. Un dédale de marches conduit à des portes ancestrales. Les mille couleurs du jour, vous entraînent dans la magie des lieux. Les marches qui mènent aux portes, aux temples, vous font avaler un dénivelé de près de 500 mètres par endroit. Sans doute est-ce là le vertige historique qui se fait ressentir. 

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L'histoire en marche

Cependant l'histoire passée ne doit pas faire oublier celle du présent. Faisons un bon historique et arrivons au XX° siècle. 

Zunyi abrite le lieu de la Conférence du Comité central du Parti communiste chinois de 1935. Lors de cette réunion, le parti a décidé de corriger ses erreurs antérieures dans l'élaboration des politiques et a convenu d'une nouvelle approche stratégique. La salle de conférence existe toujours et le visiteur est "accueilli" par Mao Zedong.

Selon l'histoire officielle du Parti communiste de Chine, la Conférence de Zunyi a été un moment crucial dans le développement de l'Armée rouge et pour le parti lui-même. Au cours de la réunion, l'extrême «pensée gauchiste» de Wang Ming, ancien chef du parti, a été rejetée. Le mouvement a fini par sauver à la fois l'Armée rouge et le parti de la disparition.

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Sur les pentes de la montagne Xiaolong se trouve le cimetière des soldats de l'Armée rouge. Couvert par une végétation luxuriante, le cimetière a été construit pour faire face au fleuve Xiangjiang. En face du cimetière se trouve un monument mettant en vedette de grands personnages manuscrits en or par le leader de l'état tardif, Deng Xiaoping, qui a lu: "Les martyrs de l'Armée rouge sont immortels". Juste derrière le monument se trouve le tombeau de Deng Ping, chef d'état-major de la Troisième Armée rouge Corps. Soixante-dix-sept soldats sont enterrés à côté de lui, le plus jeune à peine 20 ans.

Vous trouverez également l'histoire de ce jeune médecin. En janvier 1935, tandis que l'Armée rouge traversait la ville, une épidémie de fièvre typhoïde dévastait le village. Il a alors décidé de rester là et de venir en aide aux villageois. Retrouvé par les ennemis, il fut abattu. Sa tombe a été érigée par les villageois, et, génération après génération, les habitants viennent saluer et nettoyer sa tombe.

 

Les beautés naturelles

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Il faut aussi prendre le temps de se perdre dans les beautés sculptées par la nature. Et notamment la zone de Chishui (赤水). Un lieu unique où les montagnes sont rouges, où l'eau elle-même devient rouge. Les cascades défient l'horizon. Elles emportent les secrets du monde dans les entrailles de la terre. Elles jaillissent tel un printemps, nous rappelant que le dragon veille. Les forêts de bambous surprennent et émerveillent.

 

C'est sur cet émerveillement que j'ai envie de vous laisser. Il est une clef pour comprendre la Chine. Il faut dépasser ce que nous croyons savoir, pour aller au coeur des beautés de ce pays. Nous devons nous attarder sur chaque histoire pour en comprendre l'évolution, la vision. Zunyi éclaire l'un des mystères : celui de la culture "Tusi". Ce système "tusi" découle, lui-même, des systèmes de gouvernance dynastique des minorités ethniques (datant du IIIe siècle av. J.-C.). Il avait pour but d’unifier l’administration nationale, tout en permettant aux minorités ethniques de préserver leurs coutumes et leurs modes de vie. Les sites de Laosicheng, de Tangya et de la forteresse de Hailongtun apportent un témoignage exceptionnel sur cette forme de gouvernance issue de la civilisation chinoise des époques Yuan et Ming. Laissez-vous emporter par les mystères de cette région de Chine, partez à la rencontre de ses collines aux mille histoires. 

 

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