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reportage

  • William Lochner

    William Lochner, route de la soie - éditions, littérature, Photojournaliste, guerre, reportage, photojournalisme

    Par les hasards du web ou des semelles de vent, débarque sur mon ordinateur, ce projet extraordinaire Bouclage de William Lochner. Coïncidence ou fil d'ariane des lignes de barbelé ? Les bruits de balles sifflent sur nos têtes. La soif est là. Ce goût de poussière permanent. Mais l'oeil veille. Instinctif. "Il faut l'image". L'image qui en dira le plus pour le journal du lendemain. Qui lira ce journal ? Pour y voir quoi ? Cliché de vies brisées, de maison terrassées par les bombes, caressées par les ombres. Absurdité des guerres où la variable d'ajustement est humaine. Aurions-nous donc perdu toute notre humanité ? 

    William Lochner, est né en Belgique en 1957. Ancien journaliste free lance il a notamment publié Les chemins de l’Elam  relatant la guerre irako-iranienne (1980-1982) dans le Chatt-El-Arab. 

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    Bouclage, dès sa première lecture, est entré dans mon crâne, dans les détours sinueux des stress post-traumatiques. Une porte qui claque, un pétard qui explose et ce sont autant de bruits anodins qui nous replongent dans ces chemins entre la vie et la mort. Partout, derrière un bout de mur perforé par les roquettes et les balles, devant une maison semi-ouverte, où une baignoire semble résister à l'attraction terrestre... Un enfant vous fait signe, une invitation à la légèreté. Puis une main vous rattrape. Ne pas se fier à l'innocence de la jeunesse dans un pays en guerre. Arme fatale de destruction massive.

    Les kilomètres de désert silencieux n'effacent rien des clichés mémorisés par le photographe. Et cette ligne de "bouclage", une heure précise qui impose au mur des rédactions d'avoir l'image à heure dite, pour boucler et envoyer à l'imprimerie... Le journal doit sortir ! Impératif catégorique... Quel que soit le drame du photo-journaliste. Pas de place pour les sentiments. L'émotion en bandoulière, on suit William Lochner un peu partout dans les recoins de sa mémoire.

    Nous entrons en dialogue avec l'auteur, son double, son personnage où est-ce un autre lui-même ? "Sans aucun sens réel. Mes yeux se fixent au plafond. Et puis, par association d’idées, je pense à la Sixtine, à la création du monde de Michel-Ange, cesse de respirer un petit moment, une suspension, une montée en apnée derrière cette porte verrouillée. La création du monde vient à moi. L’Index, découverte de toute ma vie, est bien le doigt de Dieu qui accuse Adam. Il le condamne. Il ne le crée pas, il le rejette." 

    Comment sortir du trauma ? Comment dire l'indicible ? L'écriture de William Lochner est incisive et belle. Dramatique et esthétique. Arthur Rimbaud n'est en rien étranger à cette recherche. Il faut renouer avec le poète pour se sortir d'une dissonance. Résonance des blessures, écorchures des âmes, cicatrices invisibles, si profondes...

    William Lochner nous entraîne dans un tourbillon littéraire. Il nous rappelle que rien n'est fixe, figé, si ce n'est nos mauvaises habitudes..."J’ai été malhabile avec mon enfance. À supposer. J’ai justement commis l’erreur de la vérité dans un monde adulte qui se nourrit de soupçons et de dogmatismes. C’est abominablement sérieux de vivre avec eux. Ma mère à la caisse de l’épicerie et mon père à la pesée des fruits et légumes. Les repas à heures fixes. Un univers figé dans ses habitudes. Décourageant."

    Merci William

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