Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

philosophie - Page 8

  • Laurent Fidès : Face au discours intimidant

    Face-au-discours-intimidant.jpg

    Je souris, je ris, je savoure... Voici de quoi prendre de la distance avec ce flux informationnel qui nous entoure. Enfin, pour la seconde fois, je me sens moins seule dans ma démarche d'analyse du langage. Ici Laurent Fidès prend le temps de dessiner le contour de ces discours qui nous entourent, nous percutent et nous font nous exécuter dans un sens ou dans un autre. Oui nous sommes de pauvres pantins. Samuel Beckett, dans ses oeuvres, nous montrait combien notre corps répond à des mots, à des injonctions, à des répétitions...

    Ici Laurent Fidès écrit avec simplicité et lucidité notre actualité :

    "c’est un fait qu’aujourd’hui des donneurs de leçons nous disent ce que nous devons penser, ce en quoi nous devons croire, et surtout ce que nous devons espérer : un monde sans frontières, sans peuples, enfin libéré des vieilles traditions et débarrassé des « identités », peuplé de « citoyens du monde ». L’idéologie contemporaine, « migratoire », mondialiste, antiraciste, multiculturaliste, présente comme des « vérités » ce qu’on imaginait être des « positions », empêche le débat d’idées et fausse la compétition démocratique."

    Quels sont les donneurs de leçon ? Vous les connaissez, ils sont là partout... heures d'antennes répétées, slogan sans sens, répétition d'éléments de langage. Nous le savons "la répétition fixe la notion"... Bref reprenons notre soumission (in)volontaire. 

    Comme le souligne Laurent Fidès, nous sommes en plein "délire" ou plus exactement déréliction. Et oui la soumission programmée entraîne une solitude. Pire encore une solitude connectée à un ensemble de gestes automatiques. Mais alors qu'en est-il de celui qui détecte cela ? A celui qui sort des rangs ? 

    C'est assez simple, cette idéologie contemporaine "stigmatise tout individu qui oserait mettre en doute ce qui apparaît désormais comme un dogme incontestable. Ce discours intimidant n’a pas d’adversaire, ce qui supposerait un combat à armes égales. C’est un discours culpabilisant, qui diabolise voire criminalise toute pensée non conforme, dans le but d’échapper à une argumentation construite et rationnelle."

    La liberté s'efface au profit du contrôle, les mots sont des véhicules de médiation. Ils servent d'appui pour une stratégie de marque, pardon une stratégie comportementale. "Cette idéologie a son lexique, qui agit sur nos représentations et oriente notre perception du réel. La standardisation du langage façonne nos esprits et perturbe nos manières de voir, de comprendre le monde, de nous comprendre nous-mêmes comme êtres permanents, animés par la sourde volonté de durer, de continuer ce qui a été commencé. La philosophie abstraite, exclusivement axée sur la citoyenneté et les conditions formelles de la démocratie, ne peut s’exonérer de sa responsabilité dans ce processus de désintégration identitaire qui conduit non pas à une culture universelle, mais à l’universelle similitude. "

    Laurent Fidès propose une lecture très intéressante de ce fonctionnement en lui ajoutant la doctrine positiviste d'Auguste Comte. N'oublions pas l'objectif du positivisme "La formule sacrée du positivisme : l'amour pour principe, l'ordre pour base, et le progrès pour but". Il en découle chez Auguste Comte "Nul ne possède d'autre droit que celui de toujours faire son devoir". 

    Ici l'analyse de Laurent Fidès est très intéressante, car elle rejoint la nécessité de l'endoctrinement par le devoir à l'obéissance. Les discours nous enserrent, nous étouffent, nous oppressent... Réduisent le moi à un néant absolu qui a besoin de se "vider" la tête en regardant une bonne page de propagande... Et comme, il le souligne, si justement "l'homme d'aujourd'hui n'a pas le temps de penser, mais il a des habitudes de pensée : il sait à quoi s'en tenir sur un certain nombre de sujets. Mais l'habitude s'oppose à l'esprit critique"... Je me souviens d'un temps pas si lointain où sur une copie pour avoir écrit quelque chose de cet ordre j'avais reçu la mention "irrévérencieuse envers l'académisme du savoir"... 

    La plus belle médaille pour une philosophe de guerre, non ? 

    Enfin bref, un livre à lire à dévorer jusqu'à l'écoeurement. L'analyse du mécanisme de l'emprise des discours est très intéressante, même plus besoin de sémantique... 

    Je ne peux que partager le point ultime de la conclusion, le point 10 : " le propre des idées dominantes est de se faire passer pour ce qu'elles ne sont pas : des "vérités". La pensée critique doit procéder à la déconstruction de ces prétendues vérités, comme la philosophie l'a toujours fait, sans se laisser intimider".

    Ah, oui, mais là de quelle philosophie parlons-nous ? Pas de celle dominante ? Celle qui s'écrit ailleurs, celle qui cherche, celle qui pue, celle qui n'a pas peur des terrains, celle qui dévisage les mots, celle qui effraie... Bref une philosophie des marges, une philosophie des contenus et des nécessaires prises de position. Une philosophie debout. Une philosophie de guerre.  

  • Althusser et le marxisme


     

    Contrairement à ce que l'on croit la philosophie existe, elle est une interrogation permanente sur ce que nous prenons pour le réel.

    La philosophie n'est pas là pour vous aider à vivre. Contrairement à ce que son marketing actuel tend à vous faire croire.

    Elle est interrogation des idéologies. 

    Elle est prise de conscience. Flux. 

    Ici Althusser présente la pensée marxiste. Mais il la prolonge. Il lui offre une actualité. Il la situe dans le temps.

    "L'idéologie guette la science en chaque point où défaille sa rigueur mais aussi au point extrême où une recherche actuelle atteint ses limites." Althusser

     

  • Michel Foucault : Les mots & les choses

    "J'aurais voulu que nous puissions considérer notre propre culture comme quelque chose d'aussi étranger à nous-même que la culture des Arapechs..." (Michel Foucault, Les Mots et les choses INA, 1966)

     


     

    Une observation lucide déposée par Michel Foucault : "la philosophie antique nous apprenait à accepter notre mort. La philosophie moderne, la mort des autres". Ce changement de paradigme entraîne un conditionnement moral et émotionnel très différent. Où est donc l'humain ? Où sont les sciences humaines ? 

  • De la liberté ?

    liberté, art, philosophie, langage, mots, croyance, habitude

    C'est amusant, faisons le jeu ensemble...

    Un, deux, trois : LIBERTE !

    Vous connaissez ? 

    C'est un nouveau jeu... C'est très simple, avancez de trois pas et contemplez la liberté autour de vous. C'est très facile. C'est même un jeu de bonne conscience. 

    Nous sommes en novembre 2016, l'Etat a lancé le mois sans tabac. C'est bizarre moi cela me donnerait presque envie de commencer à fumer ! Désormais, nous buvons, fumons (et le reste aussi) sur ordonnance. 

    Je m'étonne. Je m'interroge. Personne ne bronche (pardon ne questionne). La société de contrôle aurait-elle donc bien pris le dessus ? Dans la joute infernale entre vous et vous-même, il y a l'injonction. On mesure l'obéissance à coup d'obsolescence programmée. Aujourd'hui, 13000 achats de patch, 130 conversions sur Twitter pour le Ministère de la Santé, 30 000 millions de français ont transformé leur photo de profil avec le drapeau tricolore.

    Et demain, quoi ? 

    Nos vélos connectés, nos trajets loués, notre temps de cerveau indisponible piraté par la dernière puce. Bientôt tous les sentiers de douaniers seront interdits, les mots seront proscrits. Désormais pour avoir le bac, vous devez posséder 100 mots. Attention, vous serez cadre avec 150. Attention la mention ne dépasse pas 140 caractères. 

    Dans le dernier numéro de l'Impératif, j'ai écrit un article sur la "fin des libertés", je vous livre ici le début et vous glisse l'article à télécharger !

    La liberté est la grande question philosophique ! Un seul mot. Une multitude de questions.  Un mot qui soulève tant de passion, d’erreur, de raisonnements. Le mot même de liberté apparaît au XIIIe siècle et se définit immédiatement par opposition à celui qui en est privé. L’absence de liberté, c’est être esclave.

    La philosophie ne peut faire l’impasse sur ce thème. Il n’y a pas de joker, partout la liberté se croise. Dans le langage, dans la construction sociale, ou même de la réalité. À chaque instant, nous nous heurtons aux murs de la liberté. Invisibles et pourtant présents. Comme le souligne Leibniz : “La grande question du libre et du nécessaire, surtout dans la production et dans l’origine du mal, constituent un labyrinthe où notre raison s’égare bien souvent” (cf. Essais de théodicée). Évidemment, la trilogie de mes articles va vers la perte de nos libertés avec l’invasion du langage marketing, du truchement entre les nouvelles technologies et nos vies. La limite est complexe, nous nous sommes construits autour d’un rêve de liberté. En général, on peut  résumer le rêve occidental de ces dernières décennies : plus je possède, plus j’ai de choix, plus je suis libre. Cependant ce paradoxe du choix, loin de nous libérer, nous enferme, nous enserre. Nous revenons vers nos habitudes, ces dernières sont construites, schématiques.

    Elles sont prédictibles. Elles sont si simples à comprendre, que lorsque nous tirons le fil de nos habitudes, nous découvrons simplement les six techniques d’influence, auxquelles tout humain est soumis. 

    Les mécanismes d’influence sont les suivants :

    • la réciprocité : un être humain traite un autre humain de la façon dont lui-même a été traité ;
    •  le manque : un individu est encore plus attiré par les opportunités qui lui sont offertes si elles sont rares ;
    • l’autorité : on est plus susceptible de vous croire si vous « donnez l’impression » d’être savant et crédible sur le sujet traité ;
    • la consistance : les individus ressentiront le besoin d’obtempérer à votre demande si elle est en adéquation avec des engagements publics pris en votre présence ;
    • l’affection : les gens préfèrent répondre favorablement à une demande de votre part s’ils vous connaissent et vous apprécient – d’où l’importance de savoir créer une relation avec son public ;
    • la preuve sociale : l’humain a cette étonnante faculté de faire quelque chose si vous lui donnez la preuve (qu’elle soit vraie ou fausse) que d’autres comme lui le font aussi.

    Pourquoi vous livrer ici ces mécanismes ? C’est une façon de vous donner les clefs pour que vous reconnaissiez les mécanismes dans lesquels nous sommes tous quotidiennement empêtrés. Évidemment, certaines influences sont positives. Mais comment pourriez-vous le savoir, si vous ne savez pas les reconnaître ?

    La liberté tient pour moi de la prise de conscience, de l’élaboration de notre propre chemin pour nous libérer de nos entraves. Contrairement à mes autres articles, je ne vais essayer de vous convaincre de la nécessité de réfléchir, de faire un pas de côté, de considérer les informations autrement. Non, j’aurais presque envie de me taire, de ne pas commenter la tristesse des actualités. Ma réflexion vous sera livrée sous la forme d’une nouvelle. C’est une histoire que j’ai écrite en début d’année.

    Une histoire qui ne connaît pas les Pokémon. Si elle avait dû les connaître, elle aurait été encore plus dure. Être humain, c’est être libre. Être libre, c’est apprendre à vivre ensemble, à partager des saveurs, des cultures, des idées. C’est prendre le temps d’être. C’est savourer  l’espace sans précipitation. Comme le défend Hannah Arendt, la liberté repose sur une ambiguïté, elle est quelque chose à quoi on peut pas s’attendre. Elle est absolue dans un instant, et dans le même moment, cet instant devient une bordure, une limite sur laquelle doit s’ajuster la liberté. Comme le souligne Alain : “Une preuve de la liberté tuerait la liberté”.

    LaFindesLibertés_Impératif.pdf