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philosophie - Page 7

  • De la liberté ?

    liberté, art, philosophie, langage, mots, croyance, habitude

    C'est amusant, faisons le jeu ensemble...

    Un, deux, trois : LIBERTE !

    Vous connaissez ? 

    C'est un nouveau jeu... C'est très simple, avancez de trois pas et contemplez la liberté autour de vous. C'est très facile. C'est même un jeu de bonne conscience. 

    Nous sommes en novembre 2016, l'Etat a lancé le mois sans tabac. C'est bizarre moi cela me donnerait presque envie de commencer à fumer ! Désormais, nous buvons, fumons (et le reste aussi) sur ordonnance. 

    Je m'étonne. Je m'interroge. Personne ne bronche (pardon ne questionne). La société de contrôle aurait-elle donc bien pris le dessus ? Dans la joute infernale entre vous et vous-même, il y a l'injonction. On mesure l'obéissance à coup d'obsolescence programmée. Aujourd'hui, 13000 achats de patch, 130 conversions sur Twitter pour le Ministère de la Santé, 30 000 millions de français ont transformé leur photo de profil avec le drapeau tricolore.

    Et demain, quoi ? 

    Nos vélos connectés, nos trajets loués, notre temps de cerveau indisponible piraté par la dernière puce. Bientôt tous les sentiers de douaniers seront interdits, les mots seront proscrits. Désormais pour avoir le bac, vous devez posséder 100 mots. Attention, vous serez cadre avec 150. Attention la mention ne dépasse pas 140 caractères. 

    Dans le dernier numéro de l'Impératif, j'ai écrit un article sur la "fin des libertés", je vous livre ici le début et vous glisse l'article à télécharger !

    La liberté est la grande question philosophique ! Un seul mot. Une multitude de questions.  Un mot qui soulève tant de passion, d’erreur, de raisonnements. Le mot même de liberté apparaît au XIIIe siècle et se définit immédiatement par opposition à celui qui en est privé. L’absence de liberté, c’est être esclave.

    La philosophie ne peut faire l’impasse sur ce thème. Il n’y a pas de joker, partout la liberté se croise. Dans le langage, dans la construction sociale, ou même de la réalité. À chaque instant, nous nous heurtons aux murs de la liberté. Invisibles et pourtant présents. Comme le souligne Leibniz : “La grande question du libre et du nécessaire, surtout dans la production et dans l’origine du mal, constituent un labyrinthe où notre raison s’égare bien souvent” (cf. Essais de théodicée). Évidemment, la trilogie de mes articles va vers la perte de nos libertés avec l’invasion du langage marketing, du truchement entre les nouvelles technologies et nos vies. La limite est complexe, nous nous sommes construits autour d’un rêve de liberté. En général, on peut  résumer le rêve occidental de ces dernières décennies : plus je possède, plus j’ai de choix, plus je suis libre. Cependant ce paradoxe du choix, loin de nous libérer, nous enferme, nous enserre. Nous revenons vers nos habitudes, ces dernières sont construites, schématiques.

    Elles sont prédictibles. Elles sont si simples à comprendre, que lorsque nous tirons le fil de nos habitudes, nous découvrons simplement les six techniques d’influence, auxquelles tout humain est soumis. 

    Les mécanismes d’influence sont les suivants :

    • la réciprocité : un être humain traite un autre humain de la façon dont lui-même a été traité ;
    •  le manque : un individu est encore plus attiré par les opportunités qui lui sont offertes si elles sont rares ;
    • l’autorité : on est plus susceptible de vous croire si vous « donnez l’impression » d’être savant et crédible sur le sujet traité ;
    • la consistance : les individus ressentiront le besoin d’obtempérer à votre demande si elle est en adéquation avec des engagements publics pris en votre présence ;
    • l’affection : les gens préfèrent répondre favorablement à une demande de votre part s’ils vous connaissent et vous apprécient – d’où l’importance de savoir créer une relation avec son public ;
    • la preuve sociale : l’humain a cette étonnante faculté de faire quelque chose si vous lui donnez la preuve (qu’elle soit vraie ou fausse) que d’autres comme lui le font aussi.

    Pourquoi vous livrer ici ces mécanismes ? C’est une façon de vous donner les clefs pour que vous reconnaissiez les mécanismes dans lesquels nous sommes tous quotidiennement empêtrés. Évidemment, certaines influences sont positives. Mais comment pourriez-vous le savoir, si vous ne savez pas les reconnaître ?

    La liberté tient pour moi de la prise de conscience, de l’élaboration de notre propre chemin pour nous libérer de nos entraves. Contrairement à mes autres articles, je ne vais essayer de vous convaincre de la nécessité de réfléchir, de faire un pas de côté, de considérer les informations autrement. Non, j’aurais presque envie de me taire, de ne pas commenter la tristesse des actualités. Ma réflexion vous sera livrée sous la forme d’une nouvelle. C’est une histoire que j’ai écrite en début d’année.

    Une histoire qui ne connaît pas les Pokémon. Si elle avait dû les connaître, elle aurait été encore plus dure. Être humain, c’est être libre. Être libre, c’est apprendre à vivre ensemble, à partager des saveurs, des cultures, des idées. C’est prendre le temps d’être. C’est savourer  l’espace sans précipitation. Comme le défend Hannah Arendt, la liberté repose sur une ambiguïté, elle est quelque chose à quoi on peut pas s’attendre. Elle est absolue dans un instant, et dans le même moment, cet instant devient une bordure, une limite sur laquelle doit s’ajuster la liberté. Comme le souligne Alain : “Une preuve de la liberté tuerait la liberté”.

    LaFindesLibertés_Impératif.pdf

  • "Et vous, qu'est-ce que vous faites ?"

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    Je ne réponds jamais aux questions posées avec violence instantanée.

    Elles sont souvent déplacées, elles marquent non un désaccord avec l'interlocuteur mais plus un problème de soi à soi.

    Avec le recul, je vais vous répondre. 

    D'un point de vue du passé-présent.

    J'ai créé des revues (Res Publica - Kritiks), des articles (L'Huma, L'Obs, Revue des Droits et des Hommes, Chine-Info, etc.), des projets (par exemple : L'impératif, le Boz), soutenu de toutes mes forces des artistes, des créateurs de tous bords, de tous poils, des réalisatrices, des reporters, des metteurs en scène, des chorégraphes, des écrivains d'ici et d'ailleurs (pas de noms ici la liste serait bien trop longue). 

    Je suis allée et je vais encore éprouver le goût des frontières. J'interroge les gens, je fracasse les a priori. Mes voyages vont au-delà des idées reçues. Je vais là où le goût de poussières avance avec l'horizon, là où les mots ne sont jamais allés. Je foule les endroits interdits et provoque la narration de l'histoire contemporaine. La philosophie est une matière vivante, mouvante, où les hommes s'agitent sans raison apparente.

    Je fais des choix. 

    Je les assume...

    Je me trompe, je reconnais mes erreurs.

    Mais je continue.

    Je continuerai toujours dans le même sens.

    L'analyse du langage est celle de nos comportements.

    Il faut ouvrir les yeux sur ce que nous sommes.

    Urgence à déconstruire nos goûts, nos origines, nos provenances...

     

    D'un point de vue présent-futur...

    Le futur est un présent continu pour moi. Sans solution de continuité. Il est là à portée de mots, et d'instants.

    J'ai fait le choix d'enseigner (l'influence, la communication, le langage), d'écrire, de briser des tabous, de voyager, de partager et de montrer.

    De renverser les idées reçues (les vôtres, les miennes).

    C'est violent, j'en conviens.

    C'est dur, j'en conviens.

    C'est éprouvant, je sais.

    Aujourd'hui, mon énergie est celle de ceux qui savent que l'avenir des futures générations ne tient qu'à un fil. 

    A nouveau, tout est dans le langage.

    Les usages de la langue.

    Les comportements (les obéissances, les révoltes, les soumissions, les dénis,...).

    A tout instant, j'observe.

    A tout instant, je parcours.

    A tout instant, je me rebelle...

    Et puis parce que je vieillis, j'ai décidé de tout réunir en un projet unique qui porte le doux nom de "Route de la Soie - Editions". Multiforme, avec des milliers de kilomètres, avec autant de joies et de peines, autant d'observations, de compréhensions, de choses à confronter. Au coeur de ce projet de l'édition, de la recherche et de l'humanisme...

    A votre question, je devrais répondre ceci :

    - A tout instant je vis, je survis, je tombe, je me remets en marche, je continue au-delà des mots, au-delà des mots des autres, des caricatures que l'on peut faire de moi. 

    - A tout instant, je dérange.

    - A tout instant, je dénote.

    - Atout instant, je collectionne les cicatrices.

    - A chaque instant, je suis ce que désormais j'appelle une "Philosophe de guerre". Je ne fais pas la guerre en chemise blanche. Non ce n'est pas cela. Je suis une brèche dans le monde contemporain, une résistante. Je donne à voir, j'interroge, je dérange. Je suis "en guerre" contre la pensée hégémonique, contre la manipulation des masses, je déconstruis pour que d'autres (les nouvelles générations) reconstruisent, développent leur propre système de pensée. 

    - A chaque instant, je suis contre la facilité.

    - A chaque instant, je suis contre le tautisme.

    - A chaque instant, je mets des claques.

    - A chaque instant, j'en reçois.

    La philosophie de guerre consiste à rendre à la philosophie sa forme vivante, mouvante, la rendre plus proche du terrain. Si elle doit devenir une science, comme l'espère les penseurs analytiques, alors, elle doit éprouver ses méthodes sur le terrain. Elle doit se confronter. Sinon cet outil disparaîtra dans les archaïsmes de l'humanité. Et les corps iront déshumanisés s'asseoir où on leur dicte de se rendre. Les corps seront rendus à ensevelissement d'eux-mêmes. 

     

     

     

  • Bertrand Russell


    Si vous ne connaissez pas Bertrand Arthur William Russell alors il est intéressant de vous plonger dans cette interview qui date de 1959. 

    L'extrait d'une minute c'est pour sensibiliser les nouvelles générations. Oui "La Philosophie peut vous parler au présent depuis le passé".  Contrairement à ce que vous entendez aujourd'hui de la part des "philosophes des mass médias" ce n'est pas de la philosophie c'est au mieux de l'histoire... Mais bon revenons à Russell.

    Né le à Trellech (Monmouthshire), et mort le près de Penrhyndeudraeth (en) (Pays de Galles), il est à la fois un mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, un homme politique et moraliste britannique. C'est l'un des plus grands penseurs du XX° siècle.

    Nous pouvons regarder son oeuvre sous trois angles.

    1. La logique est le fondement des mathématiques. Avec Frege, il est l'un des fondateurs de la logique contemporaine. Il co-écrit avec Alfred North WhiteheadPrincipia Mathematica. À la suite des travaux d'axiomatisation de l'arithmétique de Peano, Russell a tenté d'appliquer ses propres travaux de logique à la question du fondement des mathématiques.
    2. La philosophie doit être scientifique.  Il propose d'appliquer l'analyse logique aux problèmes traditionnels, tels que l'analyse de l'esprit, de la matière (problème corps-esprit), de la connaissance, ou encore de l'existence du monde extérieur. 
    3. L'engagement social et moral : il écrivit des ouvrages philosophiques dans une langue simple et accessible, en vue de faire partager sa conception d'une philosophie rationaliste œuvrant pour la paix et l'amour. Il s'est engagé dans de nombreuses polémiques qui le firent qualifier de Voltaire anglais, défendit des idées proches du socialisme de tendance libertaire et milita également contre toutes les formes de religion, considérant qu'elles sont des systèmes de cruauté inspirés par la peur et l'ignorance. Il organisa le tribunal Sartre-Russell contre les crimes commis pendant la guerre du Viêt Nam.

     

     


  • Et si on rendait son nom à l'Everest ?

    Initialement, j'ai écrit ce texte dans les colonnes du journal Chine-Info, le 29 septembre 2015. Je n'en change pas une ligne, j'ajoute simplement une photographie qui fera rire ou sourire... Une photographie du camp de base du Qomolangama... Ce qui m'amuse c'est de pouvoir dire que quand on parle de quelque chose on y est allé. Il ne s'agit donc pas d'une affaire de Photoshop ;-) 

     

    Philosophie, Everest, Nom, marque, sommet

    Je devais commencer cet article en soulevant une question « comment commencer ce texte sans risque de choquer » ? J’ai fini par me résoudre à une impossibilité.

    Il est, en effet, impossible de ne pas briser le rêve de générations entières qui ont rêvé de se surpasser pour gravir le plus haut sommet du monde. Enfant, j’ai moi-même rêvé de ce sommet, de ses pentes, du défi incroyable que cela représenterait que d’atteindre le sommet de cette si belle montagne. Quand on regarde une photographie de l’Everest, on se prend à rêver de sa douceur, de son calme. On imagine moins les drames, les morts, les corps restés sur place, etc. Nous avons tous une histoire à narrer où le mot Everest résonne comme un défi insurmontable.

    Plusieurs actualités me conduisent à rédiger cet article. Evidemment, il y a la sortie du filmEverest de Baltasar Kormákur. Les expéditions se succèdent et se trouvent prises au piège de cette montagne si terrifiante quand on s’approche d’elle. Mais pourquoi parler de Mont Everest ? Quand on part du Népal, sur les pentes de l’Himalaya en direction de ce plus haut sommet du monde, on part gravir Sagarmatha.

    Et quand on a la chance, comme moi, d’accéder par le côté tibétain, on parle de gravir le Qomolangma. Si vous demandez à un chinois de parler du plus haut sommet du monde, il vous parlera du Qomolangma. Un nom qui, pour nous, n’évoque rien à peine une poésie, une note différente dans l’espace de nos sonorités.

    Plusieurs noms évoquent le même « objet » : Everest, Qomolangma, Sagarmatha. Serions-nous face à ce que le logicien Gottlob Frege a défini dans son article « sens et dénotation » en 18921?

    A l’époque, il prend l’exemple des expressions suivantes « étoile du matin » et « étoile du soir ». En fait ces deux expression dénotent le même objet, la même étoile (Vénus) mais n’ont pas le même sens. Par « étoile du matin », nous désignons l’étoile présente le matin quand le soleil se lève et qu’il fait jour. Par « étoile du soir », nous entendons la première étoile qui apparaît le soir.

    A la suite de cette remarque, il définit la dénotation comme la portion de réalité que cette expression désigne (ou qu'un locuteur cherche à désigner).

    C’est précisément cela que nous devrions faire en nous demandant pourquoi, nous ne connaissons pas les autres noms de l’Everest ? Par ce nom, par cette désignation, nous entendons le plus haut sommet du monde… Mais quelle réalité définissons-nous ainsi ? D’où vient ce nom ? Il n’est pas une simple observation naturelle comme le cas de l’étoile du matin ou du soir.

    On date la découverte de ce sommet à 1852. A cette date, les découvreurs lui attribuèrent le nom de Peak XV. Mais qui a découvert ce sommet ? Des géographes britanniques probablement aidés par des tibétains, fiers de montrer ce Qomolangma ou « Déesse mère du Monde ».

    Pour eux, c’est-elle qui engendre la vie, le monde, l’univers et son équilibre. Face à elle, on se prosterne, on lui demande de l’eau pour les hommes, les bêtes, etc. On lui demande d’être clémente et de permettre aux bêtes d’y trouver de quoi manger, etc. Il serait intéressant d’interroger les carnets de ces premiers géographes pour voir s’ils faisaient mention de ces rituels.

    C’est en 1865 que le nom définitif a été attribué à ce sommet : l’Everest. Mais pourquoi ce nom ? Il a été choisi en l'honneur de sir George Everest, un géographe.  Un nom britannique. Pourquoi ne pas avoir laissé le nom existant ?

    Cette attribution de nom s’est faite sans prendre en considération ceux existants : le nom tibétain est Chomo Lungma ou Qomolangma (qui signifie « Déesse mère du Monde ») ou celui Népalais Sagarmatha.

    Précisément ce sommet perd son nom d’origine. Sans doute par le symbole qu’il représente.  A cette époque qui pouvait faire face au colonialisme occidental ? Dans les archives ont trouve cette explication : « Mon respecté chef et prédécesseur le colonel Sir George Everest m'a enseigné à désigner tout objet géographique par son véritable nom local ou indigène. Mais voici une montagne, probablement la plus haute au monde, dont nous n'avons pu trouver aucun nom local. L'appellation indigène, si elle en a une, ne sera très probablement pas découverte avant que nous soyons autorisés à pénétrer au Népal. En attendant il m'incombe le privilège comme le devoir d'assigner… un nom, par lequel cette montagne puisse être connue des citoyens et des géographes et devenir un mot d'usage courant dans les nations civilisées. » 2

    C’est sur cet adjectif « civilisé » que tout s’opère. D’un côté un monde sauvage, aux mythes réels, aux divinités souveraines et de l’autre un monde « éduqué », dit « civilisé ».

    L’affaire est faite, des générations vont donc rêver de monter sur les épaules de Sir George Everest. Mais quel sens cela a-t-il aujourd’hui ?

    Le 30 août dernier, la Maison Blanche a annoncé que le Mont McKinley pouvait retrouver son nom d’origine indigène : Denali - qui signifie en koyukon « celui qui est haut ». Ce sommet est, en effet, le plus haut d’Amérique du Nord, il est situé au centre de l’Alaska. Ne pourrions-nous pas imaginer la même chose aujourd’hui pour l’Everest ? Gravir le « Qomolangma » ou « Sagarmatha » soit affronter la déesse mère de l’univers, c’est quand même autre chose que de monter sur les épaules de ce pauvre Sir George Everest ?

    Notes: 

    1  Cf.  Gottlob Frege Über Sinn und Bedeutung, in la revue Zeitschrift für Philosophie und philosophische Kritik

    2 Andrew Waugh, Proceedings of the Royal Geographical Society of London - in « Papers relating to the Himalaya and Mount Everest », Proceedings of the Royal Geographical Society of London, n° IX, pages 345-351, avril-mai 1857