Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

route de la soie- éditions

  • Zhao Lihong : quand la poésie devient une manière d’être au monde


    Dans un monde où l'accélération est devenue loi, Zhao Lihong nous invite à faire halte.
    Dans un échange d'une rare profondeur avec la journaliste Camille Chen, diffusé ici, le grand poète chinois dévoile la source secrète de son écriture : non pas une ambition littéraire, mais un mode d'existence. Métamorphose(s) et Cheminement(s) : l’écho des poètes sont les deux pierres de ce sentier intérieur qu’il nous propose de suivre — à pas d’âme.

    Se transformer sans se trahir

    Au fil de l'entretien, Zhao Lihong évoque le cœur battant de Métamorphose(s) : cette capacité, douloureuse mais vitale, à accepter la transformation de soi.
    Ici, la métamorphose n’est pas un exploit héroïque. Elle est douce, secrète, souvent invisible. Elle rappelle les paroles d’Héraclite : “On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.” Mais chez Zhao, le fleuve n’est pas violent : il est murmure, patience, glissement.

    “Vivre, c’est accueillir le changement, même lorsqu’il nous effraie.” — Zhao Lihong

    La poésie devient ainsi une méditation continue sur ce que signifie être vivant : un équilibre précaire entre permanence et impermanence, entre ancrage et passage.

    Le dialogue silencieux avec les anciens

    Avec Cheminement(s), Zhao Lihong nous emmène plus loin encore : sur les traces des poètes qui l'ont précédé, accompagnant ses propres pas dans la nuit du monde.
    Dans cet ouvrage illustré de fines aquarelles, la parole devient écoute. Zhao ne parle pas seul : il converse avec Du Fu, Wang Wei, Li Bai — ces figures lumineuses de la poésie chinoise classique.

    Mais plus qu'un hommage, Cheminement(s) est une interrogation : que reste-t-il de la poésie quand le monde change plus vite que la mémoire ne peut le retenir ?

    La réponse de Zhao Lihong est à la fois humble et magnifique : il reste l’écho. Un écho discret, mais assez fort pour traverser les siècles.

    Résister par la lenteur

    Dans un passage saisissant de l'entretien, Camille Chen lui demande comment il perçoit notre époque saturée d'images et de bruits. Zhao Lihong répond sans colère, mais avec une gravité qui résonne :

    “Le bruit du monde ne peut pas couvrir le murmure de la vie intérieure.”

    À l'heure où l'homme moderne risque d’oublier son âme dans le fracas numérique, Zhao propose une résistance par la lenteur, par l'attention au minuscule, au presque rien.
    C'est une réponse philosophique autant que poétique — une forme de stoïcisme lumineux.

    On pense ici à la phrase de Pascal : “Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.”
    Zhao Lihong, lui, nous enseigne à habiter cet espace intérieur, non pas comme une prison, mais comme un jardin secret.

    La poésie comme chemin d’éveil

    Loin des slogans, loin des poses littéraires, Zhao nous livre une conviction simple et essentielle :
    La poésie est un chemin de transformation du regard. Elle ne change pas le monde de l’extérieur. Elle nous change, nous. Elle aiguise notre perception, elle creuse notre capacité d’émerveillement, elle restaure la gravité du silence.

    Métamorphose(s) et Cheminement(s) sont donc bien plus que des livres : ce sont deux invitations à devenir soi-même autrement, en écoutant les murmures enfouis du monde.

     

    Zhao Lihong, Métamorphose, poésie, littérature, chine, france, La Route de la Soie-Éditions, Art, temps, sociétéZhao Lihong, poésie, cheminements, littérature, chine, Route de la Soie - Éditions, livre

  • La Louve solitaire ou l’appel des âmes indomptées

    Évelyne Lebel-Nonga, Lucie Tranchant, la louve solitaire, livre, route de la soie- éditions, littérature jeunesse, Un conte initiatique pour réapprendre à vivre selon ses convictions

    Il est des récits qui, sans bruit, viennent raviver en nous une part oubliée de l’enfance. Non pas l’enfance naïve, mais celle qui croyait encore que la fidélité à soi pouvait transformer le monde. La Louve solitaire, texte sensible et d’une rare justesse d’Évelyne Lebel-Nonga, illustré par Lucie Tranchant, s’inscrit dans cette tradition. Celle des contes qui ne trichent pas. Celle des histoires qui murmurent doucement à nos consciences adultes.

    Anya, ou le choix de la dissonance

    Anya est une jeune louve. Elle grandit dans une meute régie par l’ordre ancestral : chasser, hurler, obéir au père. Mais elle, non. Elle refuse la viande. Elle préfère les baies, les feuilles, l’eau pure. Sa différence choque, menace, dérange. Alors on la bannit.

    Dans cet exil, Anya ne cherche pas à se conformer. Elle persiste, vacille, avance. Jusqu’à rencontrer Nouriev, le loup blanc qui ne sait pas hurler. Deux êtres exclus, que le monde rejette parce qu’ils osent vivre autrement.

    Ici commence une autre narration. Celle d’un monde possible.

    Philosopher dans la tanière

    Ce qui frappe dans La Louve solitaire, c’est la simplicité apparente du récit — et pourtant chaque phrase résonne comme une méditation.

    Le refus d’Anya n’est pas une rébellion agressive. C’est une fidélité intime, une ligne invisible qu’elle ne veut pas trahir. C’est là que le conte touche à la philosophie. Il ne nous dit pas ce qu’il faut faire, mais nous rappelle qu’il y a toujours un choix, même lorsque l’ordre établi nous nie. Même lorsque ceux qui nous aiment n’osent pas nous défendre.

    Cette louve végétarienne, ce loup qui ne hurle pas, forment une famille en dehors des normes. Ils élèvent leurs enfants dans le respect du vivant, et dans la possibilité du doute. Rien n’est imposé : pas même leurs valeurs. L’éthique ici se transmet par l’exemple, non par la contrainte.

    Une utopie lucide

    Ce récit aurait pu rester une jolie fable. Il aurait pu s’arrêter à la rédemption familiale ou au triomphe de la différence. Mais non. Évelyne Lebel-Nonga choisit la voie difficile : celle de l’utopie lucide. Il y a des drames. Des chasseurs. Des meutes fanatiques. Et une rivière qui devient un territoire à défendre.

    Mais il y a surtout un espoir tenace. Celui de pouvoir revenir. Celui d’oser le pardon. Celui d’imaginer qu’un jour, nos enfants n’auront plus à choisir entre appartenance et vérité.

    Et si c’était cela, résister ?

    Ne pas hurler quand tout le monde hurle. Choisir les baies dans un monde de fauves. Croire en l’amour, en la famille, malgré l’abandon. Se bâtir une tanière de paix au bord du chaos. Et protéger, coûte que coûte, même ceux qui ne peuvent plus se défendre.

    La Louve solitaire est un texte doux et puissant. Il dit à chaque lecteur, petit ou grand : "Tu peux vivre selon ce que tu crois juste, même si cela te coûte l’exil. Tu n’es pas seul·e. Et un jour, peut-être, on reviendra t’accueillir. Différent·e, mais debout."

  • Francis Denis, "Gel" : quand l’humanité gèle, que reste-t-il ?

    Francis Denis, Gel, littérature, récit, confinement, humanité, covid19, politique, rêveLe froid. L’immobilité. L’isolement. Avec Gel, Francis Denis nous emmène aux confins de l’effondrement, là où les confinements successifs ne sont plus seulement une réponse sanitaire, mais un processus inexorable de dissolution du réel. Ce livre n’est pas seulement un récit de fin du monde, c’est une autopsie de notre époque, une plongée dans ce que l’humanité pourrait devenir lorsqu’elle se fige, enfermée dans ses propres illusions.

    Un texte éclaté, une réalité fragmentée

    Dans Gel, tout commence comme un enchaînement de scènes de confinement. Nous sommes projetés dans des dialogues absurdes, des monologues mélancoliques, des suppliques d’enfants, des récits de solitude et de dérive. L’écriture est multiple, changeante, comme si elle tentait de saisir un monde qui s’effrite. Mais bientôt, le froid s’installe. Un froid métaphysique, un gel intérieur autant qu’extérieur.

    Le texte mute. Ce qui était une succession de vignettes d’enfermement se transforme en une épopée post-apocalyptique, un monde où les survivants tentent d’échapper à la glaçure, où les corps métalliques remplacent les corps humains, où la résistance se fait dans l’errance. Le réel n’est plus qu’une distorsion. L’avenir est un mirage.

    Confinement, aliénation et domination technologique

    Denis n’écrit pas pour consoler. Il n’écrit pas pour raconter la crise du Covid comme un trauma à surmonter. Il écrit pour disséquer un monde malade de ses propres contradictions, un monde où la technologie et la peur finissent par remplacer le libre arbitre. Dans cette fresque froide et clinique, ce sont les mêmes questions qui hantent chaque page : jusqu’où peut-on aller pour survivre ? Quelle part d’humain reste-t-il en nous quand tout s’effondre ? Sommes-nous encore capables d’imaginer une autre voie que l’obéissance et la résignation ?

    Les corps s’atrophient sous les masques, la mémoire se dissout sous l’urgence, et les survivants deviennent des silhouettes errantes, prises au piège d’un ordre invisible, un ordre où l’individu n’est plus qu’une donnée parmi d’autres, à décontaminer, à surveiller, à effacer.

    Une claque littéraire, une insurrection silencieuse

    Dans Gel, il ne s’agit pas seulement de raconter la catastrophe. Il s’agit de la penser, de la ressentir sous la peau, de la voir s’infiltrer dans les pores de nos sociétés, dans nos esprits conditionnés. Ce livre est un cri sous la glace, une insurrection silencieuse contre l’effacement progressif de ce qui nous rend vivants.

    Francis Denis ne cherche pas à plaire. Il dérange. Il questionne. Et surtout, il invite à regarder en face la vérité la plus crue : l’effondrement n’est peut-être pas devant nous. Il a déjà commencé.

  • Élever les voix des femmes, une nécessité philosophique et culturelle

    AFFDU, salon des livres, autrices, femmes, livres, route de la soie-éditions,Depuis 2018, j’ai l’honneur de présider l’AFFDU (Association Française des Femmes Diplômées des Universités), une association fondée en 1920, reconnue d’utilité publique, et porteuse d’une mission essentielle : défendre l’éducation et la promotion des femmes comme leviers de paix et d’égalité. Cette année, le 30 novembre, nous organisons en partenariat avec La Librairie des Femmes et avec une immense conviction le salon “Livres Femmes” à la mairie du 6e arrondissement de Paris.

    Ce salon n’est pas un événement comme les autres. Il est une réponse aux défis d’aujourd’hui, une affirmation de l’importance des voix féminines dans un monde où, trop souvent, elles sont réduites au silence. Ces voix sont essentielles, non seulement pour les femmes, mais pour la société toute entière, car comme le disait Audre Lorde : « Quand je parle, je suis dangereuse. » C’est cette dangerosité, synonyme de liberté et de puissance, que nous célébrons à travers ce salon.

     

    Une lutte qui traverse les siècles

     

    L’AFFDU s’inscrit dans une tradition féministe qui traverse les époques. Dès sa création, l’association portait cette ambition audacieuse qu’évoquait Mary Wollstonecraft dès 1792 dans A Vindication of the Rights of Woman : « L’éducation est la clef qui libère l’esprit.» Aujourd’hui, alors que dans certains pays comme l’Afghanistan, les femmes n’ont même plus le droit d’étudier ou de parler entre elles, cette revendication demeure tragiquement d’actualité.

    Organiser ce salon est pour moi une manière de rappeler que nous devons préserver nos espaces d’expression et de réflexion. Ces espaces, trop souvent fragiles, sont pourtant indispensables. Virginia Woolf nous l’a appris dans Une chambre à soi : sans espace, sans indépendance matérielle et intellectuelle, les femmes ne peuvent pleinement contribuer au monde. Le salon “Livres Femmes” est une manière de leur offrir cet espace.

     

    La parole des femmes, un acte de résistance

     

    Parler, écrire, créer, traduire : voilà des actes de résistance. Ils le sont d’autant plus lorsque les droits des femmes sont attaqués. Je pense à Malala Yousafzai, qui a risqué sa vie pour revendiquer le droit des filles à l’éducation. Elle a dit : « Une enfant, un enseignant, un livre, un crayon peuvent changer le monde. » Ce salon est un prolongement de cet espoir, une manière de montrer que la culture et la pensée peuvent inverser les dynamiques d’oppression.

    Le salon “Livres Femmes” réunit des chercheuses, des traductrices, des auteures et des journalistes. Toutes ont des parcours différents, mais toutes partagent cette volonté de s’exprimer, de transmettre et de transformer. Organiser cet événement, c’est aussi affirmer, comme le disait Toni Morrison : « Si vous possédez une certaine liberté, vous devez libérer quelqu’un d’autre. »

     

    Un espace pour tisser des liens

     

    Depuis que je préside l’AFFDU, j’ai vu combien les échanges et les partages sont précieux pour amplifier les combats des femmes. Je crois profondément que, comme l’écrivait Chimamanda Ngozi Adichie, « Nous devrions tous être féministes ». Ce salon n’est pas réservé aux femmes : il invite toutes et tous à découvrir les immenses contributions des femmes dans les domaines de la recherche, de la littérature et du journalisme.

     

    Cet événement est aussi l’occasion de rendre hommage à des figures comme Wangari Maathai, première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la Paix, qui disait : « La voix des femmes est cruciale pour la paix et le développement. » En réunissant des femmes engagées dans leurs domaines respectifs, ce salon devient un lieu où les idées circulent, où les savoirs se croisent, et où les solidarités se tissent.

     

    Pourquoi ce salon est indispensable aujourd’hui

     

    Aujourd’hui, les femmes sont encore confrontées à des violences, des discriminations, et des reculs inquiétants. En Afghanistan, mais aussi ailleurs, les droits acquis sont fragiles. Organiser un salon comme “Livres Femmes” est une manière de répondre, de montrer que la parole des femmes ne sera jamais muselée.

    Simone de Beauvoir avait prévenu dans Le Deuxième Sexe : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. » Cette phrase résonne douloureusement à l’heure actuelle. Mais elle m’encourage aussi à continuer. À travers ce salon, nous affirmons qu’il est possible de résister, de créer, et de rêver.

     

    Un rendez-vous pour l’avenir

     

    Le salon “Livres Femmes” est une manière de donner vie à cette idée qu’évoquait Maya Angelou : « Nous ne pouvons pas contrôler tous les événements qui nous arrivent, mais nous pouvons décider de ne pas être réduits par eux. » Il célèbre la créativité, la pensée et la solidarité. Il invite chacun à découvrir des œuvres puissantes, des trajectoires inspirantes, et des idées nouvelles.

    Je crois profondément que ce salon est une réponse aux défis de notre temps. Il montre que, même face aux obstacles, les femmes continuent de s’exprimer, de partager et de transformer le monde. En tant que présidente de l’AFFDU, j’ai la conviction que ces voix sont essentielles, non seulement pour les femmes, mais pour toute l’humanité.

    Je vous invite à nous rejoindre le 30 novembre pour célébrer ces voix, ces luttes et ces idées. Ensemble, faisons en sorte que, face au silence, les voix des femmes continuent de s’élever.

    salon des livres, AFFDU, livres, route de la soie- éditions, femmes, droit des femmes, égalité. livres, essais, autrices