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  • Albert Jacquard : supprimons la compétition...

    “L'oisiveté est, dit-on, la mère de tous les vices, mais l'excès de travail est le père de toutes les soumissions”

    Albert Jacquard

    (confer Petite philosophie à l'usage des non-philosophes)

     


     

  • Laurent Fidès : Face au discours intimidant

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    Je souris, je ris, je savoure... Voici de quoi prendre de la distance avec ce flux informationnel qui nous entoure. Enfin, pour la seconde fois, je me sens moins seule dans ma démarche d'analyse du langage. Ici Laurent Fidès prend le temps de dessiner le contour de ces discours qui nous entourent, nous percutent et nous font nous exécuter dans un sens ou dans un autre. Oui nous sommes de pauvres pantins. Samuel Beckett, dans ses oeuvres, nous montrait combien notre corps répond à des mots, à des injonctions, à des répétitions...

    Ici Laurent Fidès écrit avec simplicité et lucidité notre actualité :

    "c’est un fait qu’aujourd’hui des donneurs de leçons nous disent ce que nous devons penser, ce en quoi nous devons croire, et surtout ce que nous devons espérer : un monde sans frontières, sans peuples, enfin libéré des vieilles traditions et débarrassé des « identités », peuplé de « citoyens du monde ». L’idéologie contemporaine, « migratoire », mondialiste, antiraciste, multiculturaliste, présente comme des « vérités » ce qu’on imaginait être des « positions », empêche le débat d’idées et fausse la compétition démocratique."

    Quels sont les donneurs de leçon ? Vous les connaissez, ils sont là partout... heures d'antennes répétées, slogan sans sens, répétition d'éléments de langage. Nous le savons "la répétition fixe la notion"... Bref reprenons notre soumission (in)volontaire. 

    Comme le souligne Laurent Fidès, nous sommes en plein "délire" ou plus exactement déréliction. Et oui la soumission programmée entraîne une solitude. Pire encore une solitude connectée à un ensemble de gestes automatiques. Mais alors qu'en est-il de celui qui détecte cela ? A celui qui sort des rangs ? 

    C'est assez simple, cette idéologie contemporaine "stigmatise tout individu qui oserait mettre en doute ce qui apparaît désormais comme un dogme incontestable. Ce discours intimidant n’a pas d’adversaire, ce qui supposerait un combat à armes égales. C’est un discours culpabilisant, qui diabolise voire criminalise toute pensée non conforme, dans le but d’échapper à une argumentation construite et rationnelle."

    La liberté s'efface au profit du contrôle, les mots sont des véhicules de médiation. Ils servent d'appui pour une stratégie de marque, pardon une stratégie comportementale. "Cette idéologie a son lexique, qui agit sur nos représentations et oriente notre perception du réel. La standardisation du langage façonne nos esprits et perturbe nos manières de voir, de comprendre le monde, de nous comprendre nous-mêmes comme êtres permanents, animés par la sourde volonté de durer, de continuer ce qui a été commencé. La philosophie abstraite, exclusivement axée sur la citoyenneté et les conditions formelles de la démocratie, ne peut s’exonérer de sa responsabilité dans ce processus de désintégration identitaire qui conduit non pas à une culture universelle, mais à l’universelle similitude. "

    Laurent Fidès propose une lecture très intéressante de ce fonctionnement en lui ajoutant la doctrine positiviste d'Auguste Comte. N'oublions pas l'objectif du positivisme "La formule sacrée du positivisme : l'amour pour principe, l'ordre pour base, et le progrès pour but". Il en découle chez Auguste Comte "Nul ne possède d'autre droit que celui de toujours faire son devoir". 

    Ici l'analyse de Laurent Fidès est très intéressante, car elle rejoint la nécessité de l'endoctrinement par le devoir à l'obéissance. Les discours nous enserrent, nous étouffent, nous oppressent... Réduisent le moi à un néant absolu qui a besoin de se "vider" la tête en regardant une bonne page de propagande... Et comme, il le souligne, si justement "l'homme d'aujourd'hui n'a pas le temps de penser, mais il a des habitudes de pensée : il sait à quoi s'en tenir sur un certain nombre de sujets. Mais l'habitude s'oppose à l'esprit critique"... Je me souviens d'un temps pas si lointain où sur une copie pour avoir écrit quelque chose de cet ordre j'avais reçu la mention "irrévérencieuse envers l'académisme du savoir"... 

    La plus belle médaille pour une philosophe de guerre, non ? 

    Enfin bref, un livre à lire à dévorer jusqu'à l'écoeurement. L'analyse du mécanisme de l'emprise des discours est très intéressante, même plus besoin de sémantique... 

    Je ne peux que partager le point ultime de la conclusion, le point 10 : " le propre des idées dominantes est de se faire passer pour ce qu'elles ne sont pas : des "vérités". La pensée critique doit procéder à la déconstruction de ces prétendues vérités, comme la philosophie l'a toujours fait, sans se laisser intimider".

    Ah, oui, mais là de quelle philosophie parlons-nous ? Pas de celle dominante ? Celle qui s'écrit ailleurs, celle qui cherche, celle qui pue, celle qui n'a pas peur des terrains, celle qui dévisage les mots, celle qui effraie... Bref une philosophie des marges, une philosophie des contenus et des nécessaires prises de position. Une philosophie debout. Une philosophie de guerre.  

  • Du Hollande Glory, au Hollande bashing, en passant par le Green Hollande washing...

    Avant de reprendre et d'expliquer ce qui pourrait être le meilleur coup marketing du siècle... Arrêtons-nous sur trois images.

    A elles seules, elles résument l'histoire d'un Président qui ne se représentera pas en 2017... Mais qui sait ? Sans doute plus tard, ou à un autre moment... Mais ça la presse, elle ne le dit pas, ne le souligne pas, ne l'envisage pas... Cependant plusieurs hypothèses existent face à une foule citoyenne (immature).

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    François Hollande le soir de sa victoire, le 6 mai 2012 (P.DESMAZES/AFP)

     

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    François Hollande, île de Sein, 25 Août 2014 / Reuters 

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    François Hollande lors d'une conférence de presse sur la COP21 le 20 novembre 2015 à Paris (MICHEL EULER / POOL/AFP/Archives)

     

    Remarquons déjà que je n'ai pas choisi une image qui a fait polémique en 2013. Le 3 septembre précisément, lors de son déplacement, Denain, dans le Nord, François Hollande a assisté une rentrée scolaire. Là, vous vous souvenez forcément de cette image sur laquelle on voit François Hollande, un très grand sourire aux lèvres, presque forcé, déformant son visage, les yeux ronds et sur le tableau derrière lui, une phrase : "Aujourd'hui c'est la rentrée". 

    Ce qui est très intéressant, c'est de voir comment un bashing s'installe. Ce jour-là, c'est le photographe Denis Charlet qui officiait en "pool" : la classe étant trop petite, le service de presse du Président a (comme c'est l'habitude dans de telles conditions) exigé la présence d'un seul photo-journaliste. Il revient à ce photographe de donner ses images aux autres agences qui n'ont pas été retenues. Lui a adressé des dizaines de photographies. Mais une a retenu l'attention. C'est intéressant... Car si le photographe l'a envoyé sans doute dans l'urgence, sans vraiment faire attention (même si on a du mal à le croire, cela peut arriver), aucune agence n'a eu l'idée de ne pas retransmettre cette photographie. Cette dernière a fait le tour du monde déclenchant l'hilarité générale. Il y a eu quelques excuses de l'AFP (voir le JDD), mais c'était trop tard... 

    En d'autres termes, on peut faire et défaire des popularités en un instant... Et ce de façon très simple, puisque notre monde occidental est totalement immature. Noyé dans sa propre culture de masse.

    Le Bad Buzz détruit l'amour (ou la passion) et la transforme en haine... cette dernière est insidieuse. Elle couve derrière chaque image, chaque mot, les passages de livre. Quand on écoute attentivement les bruits du monde, on regarde les images avec distance, les mots choisis deviennent relatifs, et on se met à chercher les fameux passages de livre.

    Puis quand on lit vraiment le livre on se demande où sont ces fameux passages, on les cherche, on les lit, on comprend, on entend... Mais si nous pouvons penser (ou imaginer) que nous aurions fait différemment à la place de cet homme, n'oublions pas que nous pensons depuis sa place et non à sa place. C'est une différence notable, et très souvent oubliée. 

    Alors de quoi tout ceci est-il l'indice ?

    D'abord comme souligné en 2012 lors de l'élection présidentielle : avoir pris une rose à la main et crié "je fais comme mes parents en 1981", c'est le signe caractéristique de l'obéissance à une injonction. Entre 1981 et 2012, le monde a continué sa marche, et les beaux discours ne peuvent pas répondre aux réalités du terrain. Cela signifiait donc qu'il y avait une réelle stratégie de communication, une volonté de faire élire sur du rêve, de la féérie. Et oui, la foule y croit. Elle a soif, elle a faim, elle a besoin d'espoir... Mais bâtir ainsi sa stratégie c'était une erreur évidente. Sauf si l'on sait poursuivre le rêve... Il faut être capable de l'entretenir. 

    Je répète : la foule a faim, la foule a soif...

    Deuxièmement, ce Président n'a pas été élu pour lui-même... Mais contre un autre qui avait lui-même porté à son comble l'agacement de la foule.

    Je répète : la foule a faim, la foule a soif... La foule s'irrite...

    Une foule obéit à des émotions primaires (voire même archaïques). Individuellement, chaque personne qui la compose est intelligente. Chaque individu a ses expériences, ses références... Mais collectivement cela n'a plus rien à voir. Rappelez-vous toujours cette phrase de Gustave Le Bon "on domine plus facilement les peuples en excitant leurs passions qu’en s’occupant de leurs intérêts" (cf.Aphorisme du temps présent). 

    Depuis les années 2000, le net est devenu le lieu de la foule, de l'opinion publique. Il est ainsi devenu le tribunal médiatique. Le média c'est vous, c'est moi, ce n'est plus un support... De ce fait, l'analyse est toujours remise à plus tard, éloignée. Elle est trop complexe. Elle prend trop de temps, elle dérange... Elle nous sort de l'émotion, elle nous écarte de la foule, elle nous extrait. 

    Comme l'avait souligné, il n'existe que trois grandes passions humaines : l'amour, la haine et l'ignorance. Et c'est bien cette dernière qui gouverne notre monde. Notre passion de l'ignorance, nous conduit à obéir sans réfléchir à l'émotion médiatique, l'émotion véhiculée, transmise. L'émotion est une contagion. Elle nous fixe sur les yeux des lumières, elle colorie notre monde et sans nous apercevoir nous obéissons à ses injonctions.

    Nous cédons, nous obtempérons. C'est un procédé que Gustave Le Bon avait souligné de façon suivante "céder une fois à la foule, c'est lui donner conscience de sa force et se condamner à lui céder toujours."

    Donc la stratégie du green washing de la marque Hollande n'a pas fonctionné, le bad buzz était trop profond. Il a cédé... mais qu'à moitié si on écoute bien. Il parle de 2017, pas de 2002.

    Mon hypothèse reste entière (celle en cas de tragédie) d'aujourd'hui à mai 2017, il reste du temps et donc le possible établissement d'un gouvernement d'union national. Ainsi exit l'élection présidentielle ! 

    Nous finirons par cette maxime de Gustave Le Bon"Déguiser sous des mots bien choisis les théories les plus absurdes, suffit souvent à les faire accepter" (cf.Aphorisme du temps présent)...

     Donc méfiez-vous des mots ! des mots écrits en gros titres ! Des mots surlignés, des extraits, des vidéos virales... Demandez-vous, si c'est bien vous qui pensez ou la foule qui est en vous !