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Route de la Soie - Éditions

  • « Le Livre de Plume » : une odyssée des esprits libres — pour éclairer nos nuits

    Le livre de plume, route de la soie, éditions, vincent Robin-Gazsity, Contes et légendes d’Eurasie de la nuit des temps à l’ère post-CovidJ'aime les livres qui déplacent les lignes et réveillent les cartes. Avec Le Livre de Plume – Contes et légendes d’Eurasie de la nuit des temps à l’ère post-Covid de Vincent Robin-Gazsity, nous tenons une fresque vagabonde qui traverse mythes, steppes et archives pour retisser une histoire du monde où l’Orient et l’Occident se répondent, se frottent, se contredisent — et s’engendrent. Un livre pour penser large, respirer loin, et chercher la lumière sans renier l’ombre.

    Tout commence « un peu avant la nuit des temps » : cosmogonies comparées (Brahmâ, l’œuf grec, la Voie chinoise) et pédagogie de l’inconnu, comme un prologue qui installe le lecteur dans l’obscurité afin qu’il y voie mieux. L’auteur embraye aussitôt sur la légende de Bördo le loup, ancêtre vif comme le vent, qui dresse un épervier et apprend à vivre « debout » — déjà une politique de l’émancipation. Cette entrée lance une généalogie itinérante qui file de la steppe jusqu’aux murs des empires.

    De l’autre côté du mur, Souen, fille de la steppe, captive, est instruite par le duc de Zhou : musique, rites, « classique des transformations » — l’éducation comme alchimie intérieure. La scène dit tout : la culture n’est pas l’apanage d’un camp, elle circule, transforme, contredit les violences qui la portent.

    Suit un chapelet d’épisodes qui mêle chronique et épopée : Qorcï et l’incendie de Maracanda (Samarkand), Zhang Qian — l’ambassadeur‐passeur des Han — qui épouse Ida la Xiongnu et ouvre des routes que d’autres nommeront « de la soie », puis l’arrivée de Lushi, princesse chinoise qui, par un geste à la fois sacrilège et généreux, transplante secrètement œufs de bombyx, graines de mûrier et savoir-faire vers Khotan — innovation comme acte de dissidence.

    Plus tard, la marée des Huns gagne l’Europe : Bela, Réka, puis Attila, la Puszta, la capitale de bois aux « neuf enceintes » — autant de motifs pour penser l’identité comme agrégat mouvant plutôt que comme bloc. Le chapitre sur les moines et nonnes convoque Bodhidharma et le Chan/Zen : « il n’existe rien à connaître, rien à chercher » — autrement dit, désapprendre pour mieux voir.

    Pourquoi ce livre parle à notre présent

    Défaire les frontières mentales. Ici, l’histoire est une houle où les « barbares » enseignent, les « civilisés » pillent, et où l’on apprend des vaincus autant que des vainqueurs. Toute lecture qui fissure les essentialismes nous arme pour l’ère des murs et des algorithmes.

    Politique de la transmission. De Souen au duc de Zhou, de Lushi à Khotan, de Zhang Qian aux Wusun, l’ouvrage montre que la connaissance voyage par des corps (souvent féminins), des rituels, des amours, des trahisons — pas seulement par des traités.

    Éthique de la lumière. La lumière ne chasse pas l’ombre : elle négocie avec elle. La soie naît d’un cocon dissous ; le Zen sort d’un « pas connaître ». L’auteur nous invite à supporter l’incertitude pour sortir des réflexes d’après-crise — une ascèse post-Covid en creux.

    Femmes-pivots, savoirs vivants

    La force du livre tient à ses figures féminines — Souen, Lushi, Ida, Réka — qui déplacent l’intrigue et reconfigurent les flux (éducatifs, techniques, politiques). Loin des silhouettes décoratives, elles négocient avec les institutions(gynécée, palais, clergés), et arrachent des possibles : soustraire un savoir au monopole (la soie), convertir la musique en puissance d’ordre, subvertir les rites en outils d’auto-défense.

    Une poétique du tissage (et un art de la preuve)

    Robin-Gazsity écrit en conteur : ampleur orale, humour discret, images nettes. Il tisse mythe, archives, et micro-récits, cite Sima Qian, Quinte-Curce, Aurel Stein à l’intérieur même de la fable — un procédé risqué mais fécond : la fiction se donne ses sources et interroge la vérité qu’on fétichise. Résultat : une histoire-caravansérail où la preuve est une halte, pas un tribunal.

    Ce qui dérange (et c’est tant mieux)

    La violence comme moteur. Pillages, esclavages, décapitations : la civilisation avance souvent sale. Le livre n’aseptise pas — il nous oblige.

    La généalogie infinie. Ces parentèles à rallonge peuvent étourdir ; mais c’est le prix de la dé-nationalisation du regard : on sort du roman national pour entrer dans la forêt des filiations.

    À retenir — pour nos Lumières d’aujourd’hui

    Apprendre, c’est voyager — en corps, en langues, en rites.

    La lumière est relation : elle circule, se contredit, se réinvente.

    La liberté suppose du courage conceptuel : accepter de « ne pas connaître » pour déplacer ses certitudes.

    Un livre-route, lumineux et insoumis, qui élargit la pensée en décentrant l’Histoire. À lire pour désengluer l’esprit et remettre nos débats à l’échelle des steppes et des siècles.

    Pour qui ? Lecteurs et lectrices qui aiment l’essai narratif, la philosophie en mouvement, les histoires mondiales sans pancartes.
    Pourquoi maintenant ? Parce que l’époque érige des murs : ce texte rappelle que la connaissance passe par des brèches — et que l’on peut choisir de les ouvrir.

    Le livre de plume, route de la soie, éditions, vincent Robin-Gazsity, Contes et légendes d’Eurasie de la nuit des temps à l’ère post-Covid

  • Europe-Chine : réapprendre à penser le temps long

    Dialogue Chine-France, diplomatie, art, culture, revue, journal, magazine, À l’heure où les flux médiatiques nous enferment dans l’instantané, ce numéro 24 de Dialogue Chine-France rappelle, à travers ses pages, que certaines relations ne s’évaluent pas à l’échelle des sondages ou des cycles électoraux, mais sur le temps long, celui qui tisse les histoires partagées et façonne la civilisation.

    Cinquante années de relations diplomatiques entre l’Union européenne et la Chine : un demi-siècle qui, dans le tourbillon du monde contemporain, paraît presque un ancrage mythologique. Ce que raconte ce numéro, c’est moins une chronique diplomatique qu’une leçon de patience stratégique. Les textes des diplomates, experts et observateurs y déploient un même fil : l’idée que l’amitié, dans le monde multipolaire, ne naît pas d’affinités immédiates mais d’une capacité à accueillir la différence comme un moteur.

    L’harmonie dans la diversité : une utopie pragmatique

    Deng Li, ambassadeur de Chine en France, et d’autres contributeurs soulignent combien l’expression chinoise « harmonie dans la diversité » répond au « unité dans la diversité » européen. Ces formules ne sont pas de simples slogans : elles supposent de renoncer à la tentation de la domination intellectuelle, à l’idée que l’autre finira par nous ressembler. Dans cette logique, la diversité n’est plus un obstacle à la coopération mais son ressort vital.

    En filigrane, une question philosophique surgit : comment coopérer quand nos systèmes de pensée, nos conceptions de la démocratie, nos références historiques ne sont pas alignés ? Peut-être en acceptant que la vérité soit plurielle et que l’espace du dialogue ne vise pas l’uniformisation, mais l’équilibre.

    Face au court-termisme : la discipline du temps long

    Un texte retient particulièrement l’attention : celui sur le « long-termisme » comme principe de gouvernance chinoise. La planification quinquennale y est présentée non comme un carcan, mais comme une boussole capable d’articuler vision et adaptation. Dans un monde occidental saturé par la dictature du trimestre fiscal et l’horizon limité des mandats politiques, cette approche est presque subversive.

    Elle pose une question qui devrait nous hanter : notre civilisation européenne, héritière de tant de visions globales – des stoïciens à Montaigne, de la Res publica à l’idéal cosmopolite –, ne s’est-elle pas laissée enfermer dans la gestion au jour le jour ? Que nous reste-t-il de la capacité à imaginer un projet collectif sur vingt, cinquante, cent ans ?

    La coopération culturelle comme laboratoire d’avenir

    Entre les portraits d’artisans, les échanges universitaires et les récits de coopération économique, on devine une vérité simple : la diplomatie se nourrit autant de gestes discrets que de sommets officiels. Un Français qui fonde un site pour aider les expatriés de Ningbo, une créatrice miao qui transforme la broderie ancestrale en pièces contemporaines, ou encore l’essor de produits culturels chinois sur la scène mondiale, de l’animation au design… Tous illustrent que la confiance se construit dans la chair du quotidien.

    Ces échanges culturels ne sont pas des à-côtés esthétiques, mais un champ d’expérimentation pour de nouvelles formes de mondialisation : plus horizontales, plus attentives aux mémoires locales, capables de relier le particulier au commun.

    Pour un dialogue qui nous oblige

    Lire ce numéro, c’est aussi accepter de se laisser déplacer. Trop souvent, la relation Europe-Chine est décrite dans nos médias sous le prisme exclusif de la compétition économique ou de la rivalité systémique. Ici, les voix invitées ne nient pas les divergences, mais les replacent dans une vision plus large : celle d’une interdépendance qui, qu’on le veuille ou non, nous engage à coopérer.

    L’enjeu philosophique est immense : il ne s’agit pas d’idéaliser l’autre, mais de s’arracher à la paresse intellectuelle qui nous pousse à réduire la complexité à des caricatures. Dialoguer vraiment, c’est accepter que l’on ne sorte pas indemne de la rencontre.

    Dialogue Chine-France, Europe, histoire, 50 ans, diplomatie, art, culture, revue, journal, magazine,

  • Bioutifoul Kompany : l’éveil brutal dans le théâtre-monde du faux

    « L’entreprise n’est plus ce qu’elle était : c’est une religion, une armée, un théâtre, un système d’endoctrinement. Et peut-être un suicide collectif. »

    Ce n’est pas un roman, ni un pamphlet. Ce n’est pas une fable, ni une dystopie. C’est un miroir. Un miroir déformant, cruel, ironique, mais fidèle. Bioutifoul Kompany est un livre-monde. Un cri. Une mise à plat du monde tel qu’il fonctionne — ou plutôt dysfonctionne — sous les habits policés de la modernité capitaliste.

    Frédéric Vissense s’attaque à ce qu’il nomme la « Compagnie Universelle d’Innovation » : un monstre tentaculaire, à la fois start-up de l’absurde, multinationale vorace, laboratoire de marketing totalitaire et fabrique d’aliénation de masse. Mais derrière cette parodie de société, c’est bien la nôtre qui est mise en scène, disséquée, exposée. Sans filtre. Sans anesthésie.

    Une langue de la dissection

    Le livre surprend d’abord par son langage. Déroutant, hybride, il mêle jargon managérial, lexique poétique, néologismes frappants et phrases-tranchantes comme des slogans. Chaque mot est choisi, pesé, dynamité. Car ici, le langage est politique. Il devient l’arme du faux, le masque du réel, le piège dans lequel nous tombons tous — consommateurs, travailleurs, rêveurs. L’auteur démonte ces mots qui nous gouvernent : « transversalité », « innovation », « disruption », « excellence »… autant de mantras creux, de faux-semblants. La langue de l’entreprise est une novlangue. Et ce livre est sa traduction critique.

    Philosophie du simulacre

    Il y a du Guy Debord dans ces pages, du Jean Baudrillard aussi. L’entreprise n’est pas seulement un lieu de travail : elle est devenue le centre d’un système de croyances. Bioutifoul Kompany le dit avec une précision chirurgicale : le management est un culte. On ne cherche plus la vérité, mais la conformité. La pensée est remplacée par l’adhésion. Le salarié devient « collabor’acteur », le doute devient « zone de non-performance », l’éthique est réduite à des chartes qui servent à se laver les mains.

    Frédéric Vissense interroge ainsi, en profondeur, la métaphysique du capitalisme contemporain. Ce n’est plus le profit qui le définit, mais l’organisation de l’illusion. Une illusion qui structure nos désirs, nos relations, nos imaginaires. Une illusion qui colonise même nos révoltes — prévisibles, recyclables, managées.

    Une esthétique de la chute

    Le livre est construit comme une descente. On pénètre dans un univers de plus en plus absurde, cynique, violent. Une sorte de Comédie inhumaine où les figures qui peuplent la Kompany sont à la fois grotesques et effrayantes. DRH spectrales, coachs toxiques, ingénieurs déshumanisés, poètes corporate, responsables de l'inutile. À chaque page, un portrait, un mécanisme, une absurdité.

    Mais l’humour est là, toujours. Noir, grinçant, salvateur. C’est l’humour comme résistance. L’humour comme philosophie. Celui qui permet de regarder en face la laideur du monde sans sombrer. Celui qui, paradoxalement, nous rend plus lucides.

    Un appel à sortir du faux

    Ce qui rend ce livre si fort, ce n’est pas seulement sa charge critique. C’est son invitation. Sa main tendue. Car derrière la satire, il y a une question : que faire ? Comment réapprendre à penser ? À sentir ? À être, tout simplement ? Comment sortir du théâtre du faux pour redevenir acteur de sa propre vie ?

    Bioutifoul Kompany n’apporte pas de solutions. Il fait mieux : il rouvre les yeux. Il brise les slogans. Il rend à chacun sa propre interrogation. Il est ce moment rare où la littérature rejoint la philosophie pour questionner le monde à la racine.

    Et cela, aujourd’hui, est une forme de résistance.

    Bioutifoul Kompany, Frédéric Vissense, La Route de la Soie - Éditions, livre, roman, littérature,


  • L’art du vent et de la mémoire – marcher avec Zhao Lihong

    “Peu importe l’obscurité de la nuit, chaque matin un nouveau soleil se lèvera.” — Zhao Lihong

    Il est des livres qui ne se lisent pas, mais qui s’habitent. Les murmures du vent & des souvenirs de Zhao Lihong est de ceux-là. Il ne cherche pas à convaincre, à séduire, à déclamer. Il cherche simplement à dire. À dire ce qui reste quand tout s’efface. À dire les bruissements du monde, ceux que l’industrialisation de l’esprit a fini par faire taire. Ce livre n’est pas un roman, ni un journal, ni une simple autobiographie. C’est une respiration.

    Je l’ai traduit les yeux brûlants, le cœur battant, en marchant sur les fils invisibles qui relient l’homme à la terre, l’intime à l’universel. Chaque idéogramme de Zhao Lihong m’appelait comme un grain de riz en sursis, comme une goutte de rosée suspendue à l’aube d’un monde possible. Il m’a fallu des jours et des nuits, une attention presque animale, pour laisser la poésie me traverser, sans la trahir. Le travail de traduction n’était plus une tâche : c’était un compagnonnage. Un soin mutuel. Un toucher-touchant comme l’appelait Merleau-Ponty.

    Un livre-racine

    Zhao Lihong est, à mes yeux, l’un des plus grands écrivains vivants. Parce qu’il ne cherche pas la grandeur. Parce qu’il reste debout dans le vent, les pieds dans la boue, les yeux ouverts sur les détails infimes qui font notre humanité. Parce qu’il ose la douceur comme résistance. Il n’y a chez lui ni posture, ni grandiloquence, ni leçon. Juste une exigence absolue : celle de regarder.

    Ses textes sont peuplés de roseaux, de pies, de rizières, de souvenirs de l’île de Chongming, de la lumière du lac Tai, d’arbres noyés, d’oiseaux blessés, de lampes à huile vacillantes, de mains abîmées par le travail. Et pourtant, tout cela nous parle de nous. Nous, lecteurs de l’autre côté du continent, perdus dans une époque qui se croit post-humaine. Le miracle de Zhao, c’est que son regard ancien éclaire nos angoisses les plus contemporaines.

    Une esthétique de la lenteur

    Dans un monde qui carbure à la vitesse, Zhao Lihong nous offre une autre mesure du temps. Il écrit sur les sons de la pluie, sur le cri des moineaux dans les nuages, sur le rire silencieux d’une branche de pêcher qui frappe à la fenêtre. Il écrit comme on cueille le silence. Et c’est précisément là que réside sa philosophie : dans l’attention.

    Ce n’est pas une attention passive. C’est une attention engagée. Une veille. Une manière d’habiter le monde sans vouloir le posséder. Une manière de rester du côté du vivant, même lorsqu’il tremble, même lorsqu’il se tait.

    Un éveil spirituel sans dogme

    Dans la tradition chinoise, il y a la notion de xin (心), le cœur-esprit. Zhao Lihong écrit avec ce cœur-là. Un cœur qui n’est ni naïf ni mystique, mais qui accepte de se rendre vulnérable à la beauté, au chagrin, à la perte.

    Il parle de sa mère, de son père, des paysannes qui trient le riz sous la pluie, des enfants noyés dans la rivière Suzhou, du regard d’un corbeau arraché à la vie. Et dans chaque image, il y a une métaphysique. Non pas celle des concepts, mais celle des gestes. Ce que Zhao nous transmet, c’est que penser, c’est ressentir. Et que ressentir, c’est résister.

    La Chine comme miroir de l’universel

    On pourrait croire que ce livre parle de la Chine. Mais il parle en réalité de l’âme. Il traverse les siècles, les lieux, les bouleversements politiques. Il refuse les caricatures. Il ne se laisse pas réduire à une “littérature du réel” ou à un “document poétique”. Il est ce que la littérature devrait toujours être : une tentative inlassable pour dire ce qui palpite dans le silence des êtres.

    Zhao Lihong est à la Chine ce que Rainer Maria Rilke fut à l’Europe centrale, ce que Bashō fut au Japon : un poète de l’imperceptible. Un veilleur. Un frère. Un marcheur parmi les ombres.

    Un livre pour réparer

    J’écris cet article avec la conscience de ma dette. Car ce livre m’a réparée. Il m’a tenu la main dans des jours de doute, de chagrin, de nuit. Il m’a montré qu’il était possible d’écrire sans bruit, sans bruit mais avec force. Il m’a rappelé que la littérature n’a pas besoin d’effets pour toucher. Elle a juste besoin d’une sincérité radicale. D’un cœur qui bat.

    Les murmures du vent & des souvenirs n’est pas un livre de consolation. C’est un livre de compagnonnage. Il ne promet pas de réponses. Il invite à marcher. À sentir. À se souvenir. À devenir humain.

    Merci Zhao Lihong, pour chaque mot. Pour chaque silence. Pour cette confiance offerte à l’autre rive du monde.

    Zhao Lihong, livre, vie, récit, mémoire, littérature