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littérature - Page 2

  • Michel Piriou

    À chaque instant, il faudrait me demander ce qui me pousse à publier un auteur ? Chez moi, il y a un mélange de déraison et pragmatisme. Impossible à résumer, si ce n'est par une perception. Quelque chose m'emporte... puis me suit... je me retourne, je reviens vers les personnages qui me parlent, me conduisent sur de nouveaux territoires imaginaires. 

    Aujourd'hui, j'ai envie de prendre ce recul. Ce temps à la rencontre avec les auteurs publiés par la maison d'édition que j'ai créée (sur un drôle de coup de tête) : La Route de la Soie - Éditions.  Et pour inaugurer cette série, j'ai envie de parler de Michel Piriou.

     

    L'Âge de piastre

    Michel Piriou, âge de piastre, route de la soie maritime, chine, Italie, histoireNous avons débuté notre collaboration sur son premier texte intitulé L'Âge de piastreEncore timide, je me familiarisais à peine avec mes logiciels "maison" de montage... Et pourtant ce manuscrit est venu me frapper le visage, comme le vent baigné d'écume sur ce Blavet. J'ai pris la houle, j'ai découvert la faim, les rats, les maladies, les Indes lointaines. J'ai quitté la rade de Lorient en empruntant cette route de la soie maritime. Les mois emportant les années, les amours, les hommes, les beuveries... Au fil d'une aventure qui coupe le souffle, et vous entraîne au-delà d'un thriller, il y a les détails historiques, savamment dénichés par Michel Piriou. 

    Mais d'où viennent ces piastres ?  Le terme dérive de l'italien piastra, aphérèse du latin emplastrum au sens de plaque, en l'occurrence de métal (cf. CNRTL). Le mot vient en France aux XVIe siècle et XVIIe siècle, dénommant le teston, ce qui illustre le prestige de l'Italie en France à cette époque : dynamisme culturel et marchand de l'Italie de la Renaissance ; l'alliance franco-vénitienne de 1515... 

    Mais alors ce Blavet ? Michel Piriou l'a rencontré aux archives de la Marine. Il y a découvert des documents concernant un vaisseau de la Compagnie des Indes parti du port de Lorient pour la Chine au milieu du XVIIIe siècle. Dans son enquête, il trouve des informations du Duc de Béthune, toutes contiennent de nombreux détails sur les hommes (tailles, poids, maladies, etc.). Mais au milieu de ces détails, n'allez pas croire que le navire partait plein de marchandises... Bien au contraire. Pour rapporter les marchandises précieuses comme les différents épices (poivres, clou de girofle, muscade, cannelle), les cafés (Moka, Bourbon, Java) et les thés (noirs, verts et Bouy), mais aussi la soie, les cotonnades, et les porcelaines, il fallait partir avec des piastres d’argent en provenance des Amériques du centre et du Sud, ou achetés à Cadix. Le port de Lorient est ainsi devenu une véritable plaque tournante financière. La proportion de piastres dans les cargaisons pour la Chine ne cessent d’augmenter. Ainsi elles passent de 10% à la fin du XVIIe siècle à 50% à celle du XVIIIe. En suivant les mots de l'auteur, entrez en aventure, échangez vos piastres contre des épices et savourez les délices d'une lecture qui vous emportera au-delà des océans.

     

    Anna Djorkaeff

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    Quittons l'histoire de la marine marchande, un instant. Nous ne quittons pas la mer qui habite chaque recoin des mots de l'oeuvre de Michel Piriou. Elle est là dans son balancier éternel, elle rythme sa grammaire. Et puis, il y a eu ce cliché, un jour : une femme assise face à la mer. Qui est-elle ? Qu'a-t-elle vu ? Qu'a-t-elle vécu ? Pourquoi regarde-t-elle la mer ainsi avec autant d'intensité ? 

    Michel Piriou vous le confiera " Vous vous doutez bien que si on écrit un livre sur quelqu’un, c’est qu’on a affaire à une personnalité particulière dans un récit de vie singulier." Anna Djorkaeff est un destin. Elle a traversé le XXe siècle avec un état civil et une nationalité erronés. Mais alors comment retrouver son identité ? Est-ce une bouteille jetée à la mer ? La mer et son ressac. Derrière elle,  Anna laisse un journal intime, un carnet en interrogations, en rencontres et en enquêtes. Et ce banc devient le lieu central d'une révélation. La mer, toujours la mer... toujours les navires, les bateaux, et les échanges de vie, ou des amours portuaires... 

     

    Parfum d'or rouge

    Parfum_d'or_rouge.jpgVoyez comme ce titre sonne et résonne ? Vous voyez comment le mystère Piriou s'épaissit... Voici venu le troisième opus : Parfum d'or rouge. Cette fois, c'est une expérimentation nouvelle, pour l'auteur. Il sort du polar, de l'enquête... Mais le fait-il vraiment ? Non car ici, en creux de ce titre, qui nous attire, nous découvrons une critique sévère de l'esclavagisme. Et puis, il y a le parfum de cette femme, qui est-elle ? Pouvons-nous la saisir ? Ou bien est-ce une disparition inquiétante qui nous conduira en Italie ? Et au final, n'est-ce pas le miroir parfait de nos entreprises de couples chaotiques ? Une dizaine de personnages, des ambiguïtés, des rêves contrariés... Une étude sur notre (in)humanité. Une expérience saisissante...

     

    Le Pacte des signes

    Le_Pacte_des_signes.jpgPeu de temps après le Parfum d'or rouge, Michel Piriou, me recontacte pour un nouveau projet "tout petit"... Mais comment peut-il dire cela ? Petit, immense par l'intimité de sa prose poétique. Dans le Pacte des signes, les mots sonnent, claquent, déchirent, entrouvrent les fenêtres. Ils font jaillir les horizons. Ils passent ici, on peut les frôler. Ils sentent l'amour, la vie, son tourbillon, ses joies, ses peines. Douce mélancolie teintée d'une folie d'écume. Entrez dans le jeu des sonorités écrites... À votre tour, déclamez les poèmes de Michel Piriou. 

     

    François Martin de Vitré, Apothicaire aventurier

    François_Martin_de_Vitré.jpgLe dernier né de la grande plume de Michel Piriou. Il est tout frais de cet été. C'est un printemps, une aventure... Une vie, si singulière... Connaissez-vous cet apothicaire ? Il nous faut revenir en arrière, un instant... Car avant la Compagnie des Indes, il a fallu de nombreuses tentatives pour aboutir à la création de cette mythique compagnie. François Martin (1575 - 1631) est un voyageur et apothicaire français originaire de Vitré en Bretagne. 

    Un personnage, comme les aime Michel Piriou. Sixième enfant d'Etienne Martin, médecin à Vitré, et de Charlotte Morin, François Martin a été baptisé à l'église Notre-Dame de Vitré le 1er octobre 1575. Devenu compagnon-apothicaire, il fait le Tour de France. À Montpellier, il a suivi des cours à l'Université de Médecine. Diplôme en poche, il quitte alors cette ville pour tout autre ailleurs. Puis le 18 mai 1601, il embarque en qualité de chirurgien sur le Croissant, un des deux bâtiments, avec le Corbin, que les marchands de Saint-Malo, Vitré et Laval, équipèrent pour les Indes orientales. De là, je vous invite à suivre la plume de Michel Piriou pour rencontrer les aventures de cet homme hors-norme ! 

     

    Vous l'aurez compris, Michel Piriou est un incontournable de la maison. Il fait chavirer les mots, il leur confère une nouvelle saveur. Une joie solaire. Une intensité sur les failles de notre humanité. Écrivain exigeant, aimant expérimenter les interstices de notre langue, il nous invite constamment à une remise en question de nos certitudes, et, à jouer avec l'histoire passée pour mieux en révéler sa continuité. Un auteur à découvrir, à rencontrer, à lire, à faire lire... 

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  • Un jour, une lumière ?

    Faudrait-il une lumière ?

    Encore une lumière ?

    Toujours une lumière...

    Déjà

    Et puis, un jour...

    Sans lumière...

    Peut-être, sommes-nous sans lumière...

    Déjà

    Et puis, un jour...

    Une lumière reviendra

    Et avec elle, d'autres lumières

    Et enfin renaîtrons les lumières

  • Jacques Flament

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    Ce matin, le monde a connu un séisme. Vous ne l'avez pas ressenti et pourtant le soleil ne brillera plus de la même façon, les mots ont tourné court. Ils ont craqué l'allumette des désordres. Ils se sont désengagés du monde. 

    Le séisme c'est la fin d'une aventure éditoriale, d'un engagement sincère et solitaire de la Bretagne aux Ardennes en passant par tous les territoires de l'imaginaire. Jacques Flament a décidé (après de nombreux combats éditoriaux, de nombreux cris politiques, de nouvelles tentatives littéraires et artistiques) de fermer la boutique à mots, la boutique joyeuse des confrontations d'idées.  

    Ainsi en plein démarrage des Jeux Olympiques d'hiver, la clarté sombre des réverbères a décidé de ne plus porter sa flamme. Je sais que Jacques Flament a choisi ce moment pour dire au monde "j'ai tout essayé, l'indépendance des mots, des idées... mais face aux géants aux idées de supermarché, je ne peux rien"... En 7 ans, 360 livres publiés... des kilomètres parcourus et toujours l'audace de pousser ses auteurs plus loin. 

    Le goût des mots, des images, des sports extrêmes nous avons cela en commun, Monsieur Jacques Flament... C'est lui qui le premier m'a poussé à sortir des blogs, des récits de mes carnets papiers. Le premier fut une audace : revenir sur ma première translation, ma rencontre avec la Chine après huit jours de train. Paris-Moscou-Pékin. Un train, une délibération, un kilomètre puis deux, les blessures se soignent-elles avec l'espace ? Que de kilomètres solitaires et lointains parcours ? Combien de mots en attente, en découvertes, en joies et en tristesse ? Jacques Flament est le dénicheur de ceux qui en ont assez des lourdeurs d'un monde qui publie toujours la même chose... Ne soyons plus très polis "la même merde partout et toujours"... Cette merde qui endoctrine et pourrit toute idée de révolte. 

    Au coeur des perditions de paille, nous avons l'art en commun, au milieu des mots et des désordres, il m'a poussé à écrire sur Java, à raconter cette île et ses fantômes. Des couleurs créatives à un monde vivant autrement le temps, l'espace et ses mythes. 

    En parallèle des voyages, des aventures (in)humaines, il m'a tendu la perche pour mes recherches, les mots philosophiques, les mots barbares, les mots oubliés, les mots percutés et percutants (sur Julien Friedler, mais aussi et surtout sur Samuel Beckett). Et évidemment l'Himalaya et mes retours incessants au Tibet pour comprendre que le monde n'est pas ce que nous voyons mais bien ce en quoi nous voulons croire. Raconter ces histoires de sommets, partir (au Népal), partir (au Xinjiang), partir (au Gansu) et revenir aux mots, à la langue, voilà ce que Jacques Flament m'a permis. Revenir au sens des mots, aux désordres de nos pensées...

    Marteler l'écart entre ce que nous pensons voir et ce que nous refusons de voir réellement : un endoctrinement indolore, massif et collectif. Peu à peu au fur et à mesure des kilomètres et des pages, il y a la certitude ce travail : l'influence. La compréhension des nouveaux publics se joue de la philosophie, de la psychologie, de la sociologie... Nous devons frapper à grand coup d'éthique, de réveil des sens, de réflexion sur le bonheur, la joie. 

    Sans sa maison d'édition, nous sommes tous orphelins. Abandonnés face aux incessants combats. Mais je sais que certains vont continuer, trouverons l'élan pour reprendre le flambeau.

    À mon modeste niveau, je vais essayer avec la Route de la Soie-Éditions. Tentative fragile pour mettre de l'ordre dans un monde fissuré, où l'engagement d'un homme nous manquera. Pour moi, en dehors de mes publications, Jacques Flament cela aura été 7 années de combats éclairés, de réflexions partagées.

    Pour toi Jacques, pour tes nouveaux combats, pour les futurs kilomètres que tu vas avaler dans un coin ou l'autre de la planète, je retrouve ce matin les vers de René Char  (dans commune présence, in Le Marteau sans maître 1934-1935 - éditions Corti José) :

    "hâte-toi
    hâte-toi de transmettre
    ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
    effectivement tu es en retard sur la vie
    la vie inexprimable
    la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
    celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
    dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
    au bout de combats sans merci"

     

    Pour tout cela Jacques, un grand merci. Le combat continue en mots, en kilomètres, en images, en publications nouvelles, en transmission...

     

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  • Les assises de la traduction à Arles

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    Les mots sont des douceurs d'écume, fracasser dans le miroir des êtres. Ils jouent avec nos nerfs, nos rêves, nos croyances. La traduction demeure-t-elle impossible ? Tout langage ne pouvant dire qu'autre chose ? Face à l'impossible traduction que faut-il faire ? Une odyssée des langues et des questions de réceptions culturelles.

    Reste à entendre, le murmure de Umberto Eco "Laisse parler ton coeur, interroge les visages, n'écoute pas les langues..."

    Ecoutez les coeurs, les mots ne sont que des pulsations, des scansions infimes... Interrogeons les mots, chahutons-les...