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  • Préserver la culture tibétaine

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    Ce matin s'est déroulé le forum du Centre de recherche tibétologique. La culture tibétaine, comme l'ensemble des cultures de l'humanité est à un tournant. Elle a réussi à être préservée, défendue mais elle prend aussi des formes nouvelles. Ce séminaire passionnant a réuni de nombreux chercheurs, penseurs du monde entier. En présence notamment des chercheurs suivants : Dramdul, Tamla Ukyab, Luobouzhaki, Liu Gowei, Nanjiacairang, Luo Zhongzhan, Zhang Ning, Birgit Kellner, Pascale Hugon, Wei Wen, Francesco Sferra, Li Hui, Rudolf Lantschbauer, Fengzhi, Laxianjia, Yongbin, Zhaluo....

    Il est fascinant de voir l'évolution de la culture tibétaine née sur ce haut plateau dont la topographie est complexe. Le sud-est est généralement chaud et humide tandis que le nord-ouest, plus rude, est froid et aride. Cela donne lieu à des contrastes climatiques marqués entre le sud-est et le nord-ouest, qui forment des les zones climatiques verticales.

    Historiquement, le Tibet et la Chine sont intimement liés depuis au moins la dynastie de Yuan ( ). Cette dynastie mongole a été fondée par Kubilai Khan, le chef du clan des Bordjiguines, qui règne sur la Chine de 1279 à 1368. Elle vient à la suite de la dynastie Song (宋朝), qui avait régné sur la Chine entre 960 et 1127, puis sur la Chine du Sud entre 1127 et 1279, et précède la dynastie Ming (明朝). 

    Ce qui est fascinant dans l'évolution de la région tibétaine, c'est son passage à une vie moderne. Ce Tibet moderne était espéré par certains, comme en a témoigné Tashi Tsering, dans son livre Mon combat pour un Tibet moderne.

    De mon côté, en l'espace de douze années, j'ai pu observer les évolutions du Tibet (construction des routes, des hôpitaux, des maisons, des écoles, etc.). Mon premier voyage date de 2007. Et en effet, les routes n'étaient pas encore là, ni l'électricité partout, ni les accès aux nouvelles technologies, etc. Puis j'ai pris le temps de revenir régulièrement pour rencontrer, discuter, la population du plateau. En découvrir la diversité et les nouvelles pratiques quotidiennes.

    D'un point de vue économique, le Tibet a connu un taux de croissance à deux chiffres pendant 26 années consécutives, se classant en tête du tout le pays. Son PIB est monté en flèche pour atteindre 147,763 milliards de yuans en 2018, avec une croissance annuelle de 12,7 %. Et le le revenu disponible par habitant des résidents urbains et ruraux a atteint respectivement 33 797 et 11 450 yuans, en hausse de de 10,2 % et 10,8 %. Ces taux de croissance sont tous en tête du pays.
    La capacité de production globale de l'agriculture et de l'élevage a été constamment s'est améliorée, la production totale de céréales dépassant pour la première fois le million de tonnes en 2017 et passant à 1,049 million d'euros en 2018. La valeur de la production totale des entreprises de transformation des produits agricoles et animaux a atteint 4,2 milliards de yuans en 2018.

    Et ce développement économique a permis à la culture tibétaine à se préserver, et à se développer. Il est fascinant d'observer les nouvelles générations s'emparer des codes culturels traditionnels et les transmuter dans une modernité. 

    Le séminaire a mis en évidence tous les efforts de préservation des textes traditionnels, leur publication puis leur diffusion auprès de la communauté internationale nous permettent de développer de nouvelles recherches, de nouvelles compréhensions du Tibet.

    La conclusion sur l'importance de la transmission de la culture par la gastronomie, nous a rappelé toute l'importance de la vie quotidienne et de son observation pour mesurer la transmission culturelle.

  • Et si on changeait notre regard sur la Chine ?

    Vous le savez j'ai écrit, j'écris des articles sur la Chine. Je lis aussi beaucoup sur cet immense pays, son histoire, sa culture, ses traditions, ses perspectives. J'ai même récemment démontré que les médias français orientaient négativement notre vision de cet immense pays (voir ici mon article "le Sens de l'Avenir"). Alors que se passe-t-il quand nous parlons de la Chine ? Est-ce si difficile de considérer que notre système de valeurs est défaillant ? 

    D'où vient le rejet de la pensée chinoise ?

    Il nous faut revenir à l'épistémologie, à un fil historique qui mêle désir de conquête, volonté hégémonique et politique.  N'oublions pas l'importance de la religion en occident. Car comment se véhicule une pensée si ce n'est au travers des personnes ? Il s'agissait de commerçants, d'aventuriers, de mendiants mais aussi et surtout de religieux. C'est ce que je soulignais déjà dans l'article "la culture en avance sur la diplomatie"

    La rencontre de la pensée française avec celle de Confucius n'échappe pas à ce principe. La rencontre fut sans doute violente entre les missionnaires chrétiens (surtout jésuites) et la pensée de Confucius. Une pensée centrée sur la connaissance de l'individu, sur ses liens à son environnement. Une absence de racines, une compréhension de l'univers sans lien avec le sacré ou une force unique. Afin de comprendre la pensée chinoise, il a fallu la traduire. Et cette traduction devait impérativement convenir aux codes religieux en vogue en Europe. Or comment faire entrer ce corpus dans les concepts européens ? Confucius est ainsi devenu rationaliste et même agnostique. Mais une chose demeure inchangée : la quête du perfectionnement de soi.

    Cette quête du perfectionnement ou de la nécessité de comprendre l'individu avant de fonder une société, se retrouve dans la philosophie anglaise chez John Locke ou chez Hume. Tous leurs écrits partent de l’individu pour en revenir à une construction sociale. Sans comprendre l’humain, toute société est impossible. En d’autres termes, ce changement de repère est bien de source chinoise. Un schisme naît entre ceux qui vont résister à cette prise en considération de l’humain en quête de lui-même dans le monde et l’univers et ceux qui vont ouvrir une brèche considérable dans la pensée philosophique. Je pense ici à Hegel qui va faire naître la phénoménologie. L’humain est dans le monde, et il incarne à la fois l’histoire individuelle mais aussi collective. L’univers le traverse, le transperce, il est un tout et en même temps une articulation d’un tout.   

    Quand on plonge dans les relations entre la France et la Chine, il faut donc remonter à cette rencontre primordiale : l’introduction des textes en France par le biais des prêtres Jésuites. Et si nous poursuivons sur ce fil, alors nous devons évoquer Voltaire. Ce dernier remarque le contraste entre l’édit de tolérance promulgué en 1692 par Kang Xi (qui autorise le déploiement du christianisme en Chine) et la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685. En d’autres termes, Voltaire souligne la différence entre la Chine qui semble s’ouvrir, accepter l’autre dans ses différences et la France avec son arbitraire royal. Il dénonce ainsi les guerres civiles et religieuses qui sévissent en Europe. Dans le même temps, il érige en France Confucius comme un idéal. 
    Il faudrait s’attarder des années sur cette jonction philosophico-religieuse et les représentations culturelles qui s’en suivirent. Il me faudrait ici citer Leibniz qui fonde l’espoir d’une unification religieuse de l’humanité toute entière, dont l’Empire sino-mandchou est un élément essentiel. Il pose cela au nom de l’universalité de la raison.

    Mais avançons ici rapidement sur ce fil épistémologique... Vers 1750, les intellectuels français reculent. Pourquoi ? Simplement parce qu’ils ont déplacé leur champ d’investigation. L’humain n’est plus au centre, non c’est le politique. De là naît le désenchantement français. La Chine apparaît négativement dans les ouvrages de Montesquieu. Il fait apparaître un doute dans L’esprit des lois (chapitre 21 du livre VIII) où il qualifie de « despotique » l’Empire chinois. Puis il finira par écrire qu’il s’agit davantage « d’un despotisme oriental ».

    Emmanuel Kant affirme cette séparation définitive en 1756. Dans le cadre de son cours de Königsberg sur la « géographie physique », il évoque l’Asie. Il décrète que Confucius n’avait aucune notion de philosophie morale : « Leur maître Confucius n’enseigne rien dans ses écrits hors une doctrine morale destinée aux princes ». Il conclut alors : « le concept de vertu et de moralité n’a jamais pénétré dans la tête des Chinois ».  
    Mais c’est Hegel qui reposera la question de la philosophie en Orient et qui même scellera la séparation officielle. Il écrit dans les notes de ses cours, publiées sous le titreLeçons sur l’histoire de la philosophie, une section consacrée à « La philosophie orientale ». Il y écrit « Nous avons deux philosophies : 1° la philosophie grecque ; 2° la philosophie germanique. » Il s’ensuit que « ce qui est oriental doit donc s’exclure de l’histoire de la philosophie. » En d’autres termes, la philosophie ne peut venir de Chine. Le débat est clos.  

    La suite n'est qu'un enfermement doctrinal depuis plus de deux cents ans. Les peurs ont la vie dure !

    Sur ce point, je vous laisse avec la vidéo TED où l'économiste Martin Jacques nous met face à nos systèmes de pensée... 


     

     

    Et si on repensait le libéralisme ?

    Voilà où nous en sommes, une économie fondée sur les guerres, les dominations ne semble pas fonctionner. Elle se fragilise, faisant monter les populismes, appauvrissant les couches sociales... 

    Dambisa Felicia Moyo est une économiste zambienne, spécialiste de la macroéconomie, de l'influence de l'aide étrangère et des relations internationales. Elle est titulaire d'un doctorat (PhD) en économie de St Antony's College, Université d'Oxford. Son mémoire de 2002 est intitulé Essais sur les éléments déterminants de l'épargne dans les pays en développement. 

    En 2009,  lors du sommet sur la coopération sino-africaine en Égypte, le Président chinois Wen Jiabao a déclaré « J'ai lu un livre intitulé Dead Aid écrit par Dambisa Moyo. L'auteure parle de ses expériences personnelles et conclut que l'aide de la Chine à l'Afrique est sincère, crédible, pratique et efficace et qu'elle est également bien accueillie par le peuple africain. Je suis persuadé que l'amitié et la coopération entre le peuple chinois et le peuple africain ont un brillant avenir ». 

    En faisant des recherches, j'ai découvert son exposé TED de novembre 2013. Une recherche éclairante sur les raisons de notre blocage. Dambisa Felicia Moyo éclaire notre vision de la compréhension des systèmes économiques, elle démontre également combien la démarche économique chinoise devrait être suivie.