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essai

  • Data-Philosophie pour une gouvernance numérique éthique et efficace

    Data-philosophie, essai, Sonia Bressler, IA, éthique, droit, données, philosophie, gouvernance

    J'ai choisi de rédiger un essai complet intitulé "data-philosophie" qui associe sans complexe la philosophie à la science de la donnée numérique. Je dis sans complexe car il s'agit de plonger au coeur des grands courants philosophiques pour prendre le temps de la conceptualisation du monde. Il est évident que Platon ne parlait pas de la "data" en tant que telle mais bien d'une représentation du réel et de la réalité (mais qu'est-ce que la donné numérique si ce n'est une représentation d'une réalité à un instant donné ?). Il en va de même de nombreux autres penseurs sans lesquels nous ne pouvons pas davantage éclairer l'avenir de notre humanité.

    La Data-Philosophie est une discipline émergente qui vise à intégrer les réflexions philosophiques et éthiques dans la gouvernance et la régulation des technologies basées sur les données et l'intelligence artificielle. Si cette approche semble prometteuse pour répondre aux défis posés par le monde numérique, il est important d'adopter un point de vue équilibré et nuancé pour en évaluer l'impact et les limites potentielles.

     

    Concepts clés et théories spécifiques

    La Data-Philosophie s'appuie sur les travaux de penseurs tels que Charles Sanders Peirce, John Dewey, et Emmanuel Levinas, ainsi que sur des principes éthiques tels que la transparence, la responsabilité, l'équité et la protection de la vie privée. Ces concepts sont essentiels pour guider la régulation des technologies basées sur les données, tout en tenant compte de l'évolution rapide et des implications imprévues de ces technologies.

     

    Perspectives contradictoires

    Malgré ses avantages potentiels, la Data-Philosophie n'est pas exempte de critiques. Certains affirment que cette approche pourrait être trop théorique et manquer de pertinence pratique pour les décideurs politiques et les entreprises. D'autres soutiennent que la Data-Philosophie pourrait entraîner une régulation excessive, freinant ainsi l'innovation et la croissance économique.

     

    Conséquences imprévues

    L'application de la Data-Philosophie à la gouvernance numérique pourrait également avoir des conséquences imprévues. Par exemple, la mise en place de réglementations strictes en matière de protection de la vie privée et de sécurité des données pourrait entraver le partage de l'information et le développement de nouvelles technologies bénéfiques pour la société. Il est donc crucial d'évaluer les avantages et les inconvénients potentiels de la mise en œuvre de la Data-Philosophie dans différents contextes.

     
    Solutions pratiques et recommandations

    Pour maximiser l'impact positif de la Data-Philosophie, il est important de proposer des solutions pratiques et des recommandations concrètes. Par exemple, les décideurs politiques pourraient élaborer des réglementations spécifiques pour les secteurs sensibles, tels que la santé et la finance, tout en encourageant l'innovation et la croissance économique. Les entreprises pourraient également mettre en place des mécanismes de gouvernance internes, tels que des comités d'éthique, pour veiller à ce que les technologies basées sur les données soient utilisées de manière responsable et éthique.

     
    En conclusion (même si conclure est impossible tant nous devrions aller encore plus loin dans cette exploration)...

    La Data-Philosophie offre une approche prometteuse pour aborder les défis éthiques et réglementaires posés par le monde numérique. Cependant, il est essentiel d'adopter une vision nuancée et équilibrée pour en évaluer l'impact et les limites potentielles. En intégrant les réflexions philosophiques et éthiques dans la gouvernance numérique, tout en tenant compte des perspectives contradictoires et des conséquences imprévues, nous pourrons mieux naviguer dans le monde numérique complexe et incertain qui nous entoure. Pour que la Data-Philosophie soit véritablement efficace, il est important de promouvoir la collaboration entre les différents acteurs (décideurs politiques, entreprises, chercheurs, etc.) et d'élaborer des solutions pratiques et adaptées aux contextes spécifiques. Ensemble, nous pourrons alors œuvrer pour une gouvernance numérique éthique et durable, au service de l'ensemble de la société.

  • Et si on questionnait la démocratie ?

    Dominique Motte, démocratie, Suisse, route d cela soie - éditions, essai, philosophie, idéesIci, j'ai déjà écrit sur la démocratie, sur l'utopie qui la sous-tend. Spinoza écrivait, avec justesse : "la démocratie est l’union des hommes en un tout qui a un droit souverain collectif sur tout ce qui est en son pouvoir".

    Bizarrement, nous vivons une époque où les moyens d'expression sont démultipliés, nous laissant penser que nos voix sont entendues pourtant le sentiment d'insatisfaction grandi. Comme le note Cynthia Fleury, les pathologies de la démocratie sont nombreuses. Il y a comme un paradoxe : quand on défend l'individualisme alors la démocratie s'éloigne. En d'autres termes, la démocratie ne peut pas être une somme d'individus isolés. Cependant elle doit garantir la liberté de tous ses membres.   

    C'est là que nous devons prendre conscience, comme le souligne Dominique Motte qu'il n'y aura pas de démocratie en France (ni ailleurs dans le monde) sans de fortes transformations sociales. Il est donc temps de questionner les entrailles même de la démocratie et de son fonctionnement. Dans un livre de 800 pages aux couleurs suisses, Dominique Motte, interroge le modèle démocratique suisse. Comme il le souligne dans un magnifique sous-titre "vous ne vivez pas en démocratie, et vous ne le savez pas..." Il est donc temps de prendre conscience  du fonctionnement suisse et de voir ce qu'il peut nous apporter. 

     

    Qu'est-ce la confédération suisse ?

    La Confédération suisse a été fondée en 1291. Elle est l’aboutissement d’un processus de rapprochement entre des cantons, différenciés les uns des autres par leurs langues puis par leurs religions, mais unis dans leur opposition à des voisins puissants. État fédéral depuis 1848, sa structure constitue un modèle singulier, considéré comme la clé du succès national. Sa politique interne se caractérise par la recherche du consensus dans les affaires communes. La nature des institutions politiques du pays souligne cette volonté de prévenir les tensions internes : les singularités locales sont défendues par un fédéralisme garantissant d’importantes prérogatives aux 26 cantons. Il s’agit d’un système politique à trois niveaux : la Confédération, les cantons et les communes.

     

    La démocratie selon la Suisse

    L'intérêt du livre de Dominique Motte c'est que nous pouvons choisir de poser notre regard sur un ensemble de mots, de principes de façon précise. Donc si nous regardons au mot "Démocratie", nous trouvons l'explication de la "démocratie directe" : "Le peuple prend part aux décisions politiques du pays par le droit de vote, mais il peut également soumettre ses idées et modifier des lois par l’initiative populaire, le référendum facultatif et le référendum obligatoire (obligation de soumettre à une votation, mais le peuple n'a pas d'obligation de voter (sauf dans le canton de Schaffhouse). Ce système fonctionne donc à tous les niveaux fédéral, cantonal et communal" (p. 197)

    Dans ce système tout repose sur le référendum. Mais ce n'est pas un référendum une fois tous les siècles, bien au contraire puisque les citoyens sont invités à proposer des questions, des problèmes à résoudre. "Le référendum facultatif permet aux citoyens de demander qu’une loi votée par l’Assemblée fédérale soit soumise au vote populaire. 50 000 signatures doivent être récoltées dans les 100 jours qui suivent la publication de la loi pour passer devant le peuple" (p.608)

     

    Le référendum en Suisse 

    L'une des plus grande transformation sociétale que la France doit connaître c'est celle de la participation de la population aux prises de décision. Et il est évident que regarder le fonctionnement suisse en la matière est très éclairant. 

    "Le référendum se divise en 2 catégories distinctes : le référendum facultatif et le référendum obligatoire. Le référendum facultatif est une démarche populaire ; il faut récolter 50 000 signatures en 100 jours pour se prononcer sur des décisions du Parlement. Le référendum obligatoire est une démarche du Parlement ; c’est une obligation de soumettre au vote certaines des décisions prises par ce dernier" (p.608). 

    Je ne reviens pas sur le référendum facultatif évoqué plus faut. Le référendum obligatoire concernent certains actes votés par le Parlement, notamment les révisions de la Constitution, sont obligatoirement soumis au vote du peuple et des cantons ; les révisions de la Constitution n’entrent en vigueur que si la majorité du peuple et des cantons les acceptent en votation (cf. Art. 140 de la Constitution fédérale - Actes soumis au vote (référendum obligatoire) )

    Dominique Motte nous invite ainsi à questionner les mots clefs de notre époque, (y compris le "Covid-19") en fonction de nos envies, de nos réflexions. À la fin de son ouvrage, tous les lecteurs sont invités à répondre à un questionnaire qui nous permet de mesurer notre "indice démocratique". C'est un outil pertinent particulièrement au moment des élections françaises. 

    Le livre vient renforcer un dispositif plus intuitif qui est son site swiss-poc.ch. Chaque jour, vous pouvez questionner l'histoire Suisse, son fonctionnement démocratique sur des grands thèmes.  Ce site est mis à jour régulièrement pour suivre les avancées législatives, les débats. C'est un travail titanesque. 

    En ces temps de déploiements autoritaires, ce projet de Dominique Motte ne peut que me séduire tant il nous place au coeur même de la démocratie à savoir son expérimentation collective.

    Un livre doublé d'une expérimentation permanente qui nous plonge dans le processus, dans la remises à plat d'un système et nous permet d'interroger notre conception même de la démocratie.  Conclure est impossible tant je devrais rechercher, confronter tous les mots, mais je veux souligner cette incroyable exploration qui nous permet de questionner avec joies les failles de notre système et découvrir qu'autre chose est bien possible et surtout réalisable. Je prends pour finir ce bref article une judicieuse citation placée au début du livre "le plus grand danger pour la démocratie est de croire qu'elle est acquise" Wolfgang Schäuble (2018).

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  • De l'inégalité

    Des années de luttes intellectuelles, de combats de rue, de mises en évidence ne suffisent pas à passer d'une égalité de droit à une égalité de fait. C'est donc bien que quelque chose demeure dans notre manière de percevoir l'égalité qui ne colle pas avec notre perception du monde. 

    Mathématiquement, nous savons que deux grandeurs sont égales quand elles ne diffèrent en rien. En revanche, pour nous, les êtres humains, l'égalité signifie que nous avons un attribut en commun "notre humanité" au regard duquel nous devons être traités de façon identique. Que nous soyons grands ou petits, femmes ou hommes...

    Quand on le dit, quand on l'énonce, rares sont ceux qui vont vous répondre qu'ils sont contre cette idée. Il y a donc une convenance intellectuelle à être pour l'égalité. Cependant, il suffit de lire le Rapport sur les inégalités en France (2021) publié par l'Observatoire des inégalités pour comprendre que l'égalité de traitement des être humains est loin d'être acquise. 

    Anne Bergheim-Nègre, inégalités, essai, route de la soi -éditions, livreC'est en partant de ce constat et des levées de bouclier face à ses combats pour établir une égalité de fait que Anne Bergheim-Nègre s'est plongée dans la rédaction de son essai Histoire de l'inégalité entre les femmes et les hommes

    Elle réussit à nous entraîner au coeur de notre culture, elle est allé chercher le lieu même où s'enracine notre culture des inégalités. En décortiquant l'histoire, les textes religieux avec malice, Anne Bergheim-Nègre, nous fait prendre conscience de l'envers de notre pensée pour l'égalité. Elle met en évidence notre incapacité à se défaire de nos récits anciens, si imbriqués dans notre cognition que nous finissons par ne plus avoir la capacité de nous en détacher. Nous finissons donc par nous accommoder de fragment d'égalité. Or ce morcèlement de l'égalité n'a rien de bon, il fait vivre encore plus fort les inégalités. 

    Si nous regardons de plus près nous voyons que dès la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (de 1789) cette séparation des égalités entre de fait et de droit est affirmée "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits". Cette précision est importante et est confirmée par l'article 6 " La loi est l'expression de la volonté générale, tous les citoyens ont droit de concourir, personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leur capacité, et sans autres distinctions que celle de leurs vertus et de leurs talents". Nous pourrions questionner le mot "vertus" ici car là encore ce texte, nous el savon s'adresse à des hommes pour des hommes (et non le "h"n'est pas une majuscule et n'englobe pas les femmes). 

    Donc Anne Bergheim-Nègre remonte le temps historique, elle nous fait découvrir les rouages de cette affirmation de l'égalité des hommes et de leur domination sur les femmes. Elle montre le prisme cultuel et culturel qui ont mis en oeuvre cette domination dont nous ne nous satisfaisons pas, mais avec lesquels nous avons appris à vivre. Elle met en évidence que déjà dans la manière dont on nous enseigne la préhistoire on retrouve ce récit de domination (rejoignant ainsi les travaux de Marylène Patou-Mathis ou encore ceux de Marija Gimbutas). 

    Anne Bergheim-Nègre met en évidence combien les transformations des structures des états a toujours été menées au profit des hommes (voir notamment le chapitre sur Napoléon Bonaparte). Cependant, loin de nous pousser à croire que l'égalité est impossible, elle met en évidence toutes les luttes menées, tous les combats, une longue marche vers une égalité encore possible. On y lit l'aspiration sociale. Qu'elle soit portée par quelques-unes ou par un grand nombre c'est cette aspiration qui pousse vers l'égalité dans les faits.

    En d'autres termes, l'égalité des droits, ne peut pas être purement formelle et illusoire. La question est de savoir si elle ne doit pas reposer sur des moyens identiques et à la limite sur l'égalité effective des conditions sociales ? C'est sans doute là un idéal égalitariste. Et pourquoi pas ? C'est bien ce dont nous avons besoin pour poser les jalons d'une société égalitaire pour un futur en commun ! Particulièrement dans la sphère numérique... 

    Anne Bergheim-Nègr, essai, inégalité, route de la soie - éditions, livre, femmes, hommes

     

  • Pascal Ordonneau & la monnaie

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    Si vous ne connaissez pas Pascal Ordonneau (ancien banquier, essayiste, faiseur d'or et de talents), alors ce livre est une excellente entrée en matière. 

    Sur un sujet auquel nous sommes tous sensibles, parce que c'est notre quotidien, ce par quoi nous échangeons, payons nos factures : la monnaie, il nous entraîne dans des histoires et des faits. Il nous promène avec talent entre les expressions de la langue française "un sou est un sou", tout en nous livrant des indices sur ce qui ressemble à une croyance. En fait, quand nous parlons de monnaie ? Parlons-nous de sa valeur ? Mais à l'heure numérique, vaut-elle encore quelque chose ? Comme il le souligne lui-même "La monnaie est un fait de société compliqué. Vous savez intuitivement beaucoup de choses sur la monnaie. On s'attachera ici à les rendre encore percutantes, à les relier aux grandes théories et à montrer que bon nombre de dictons ou formules lapidaires véhiculent des vérités économiques profondes. Il y aura parfois des moments amusants, des commentaires cocasses ou des étonnements : on s'efforcera de les rendre aussi vivants et curieux qu'il est possible. "

    Mais alors comment sortir de ce drôle d'adage "l'or te donne la terre et la terre te donne l'or" ? C'est là tout le principe de ce livre vous mettre sur l'échelle historique des économistes et de leurs grands principes mais également de rire de tout, de ce billet de 200 euros froissé qui revient dans les mains de son propriétaire... La monnaie racontée par Pascal Ordonneau c'est drôle et intelligent, cela nous montre combien la "quadrature du cercle" est une hypothèse humaine qui nous fait avancer... La monnaie une imagination qui aujourd'hui prend de nouvelles formes... Bref un livre truculent... Parfait pour cet été !