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philosophie - Page 2

  • IA & Droits humains

    Lundi 10 janvier 2022, le Président de la Conférence des OING et le Président du Comité « Droits humains et intelligence artificielle» de la Conférence des OING ont invité des centaines d’internautes à participer à un webinaire sur le thème « Droits humains et Intelligence artificielle ». Trois intervenants, représentant trois institutions différentes, avaient chacun quinze minutes pour présenter leurs travaux sur les législations en matière d’IA. 

    Pour la Commission européenne, Kilian Gross, Chef de l’unité « Élaboration et coordination de la politique en matière d’intelligence artificielle »à la DG CNECT de la Commission européenne. Il a présenté les propositions de règlement de la Commission européenne. 

    Thomas Schneider, Ambassadeur, Chef du service des affaires internationales, Office fédéral de la communication OFCOM, Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication DETEC, Représentant de la Suisse et membre du bureau du Comité Ad Hoc sur l’Intelligence Artificielle (CAHAI) du Conseil de l’Europe (dont les travaux se sont achevés le 6 décembre 2021).

    Pour l’UNESCO, Irakli Khodeli programme spécialiste dont la mission consiste à faciliter l’élaboration,  l’adoption et la mise en œuvre de la recommandation de l'UNESCO sur l'éthique de l'intelligence artificielle (IA), le tout premier instrument normatif mondial dans ce domaine. 

    Pour comprendre les enjeux des législations, j'ai décidé de répondre par un article qui permet de saisir les définitions de l'IA, de l'éthique et des questions que soulèvent ces premières tentatives de législation. Il est déjà parfaitement remarquable de découvrir que ces dernières n'ont pas été démocratiquement débattues. Or il s'agit bien de notre avenir dont il est question...

     

    Voici le sommaire (pour accéder à l'article en entier, cliquez-ici !) :

     

    Quel est le contexte de ce webinaire ?

    Définir l’IA

    1- des systèmes qui pensent comme les humains  :

    2- des systèmes qui agissent comme les humains :

    3- des systèmes qui pensent rationnellement :

    4- des systèmes qui agissent rationnellement :

    L’histoire de l’intelligence artificielle

    Pas d’IA sans Data

    Qu’est-ce que la data ?

    Qu’est-ce que la donnée personnelle ?

    Qu’est-ce que l’Open Data ?

    Capta plus que les Data

    Pourquoi faut-il se soucier de nos capta ?

    Capta (data), algorithme & IA

    IA = algorithme + données + calcul statistique

    Vers une dictature (bénéfique) numérique ?

    Légiférer l’IA ou ses applications ?

    IA & droit européen

    Trois niveaux d’attention pour légiférer l’IA

    • Au niveau de l’algorithme
    • Au niveau des données
    • Au niveau statistique

    Une IA éthique

    UNESCO & sa norme sur l’éthique de l’intelligence artificielle

    Demain un contrat éthique ?

    De quelle éthique parlons-nous ?

    • Éthique(s) normative(s) :

    Éthique de la vertu

    Éthique conséquentialiste

    Éthique de la déontologie

    Éthique(s) appliquée(s) :

    • Éthique numérique

    Éthique de la data

    La méta-éthique :

    • L’éthique artificielle :
    • L’éthique minimale :
    • Ébauche d’une méthodologie éthique

    L’éthique n’est pas la conformité

    Quelques clefs pour une éthique appliquée

    1- Prendre du recul

    2- Choisir la meilleure éthique possible

    3- Arbitrer avec une personne tiers

    Segmenter l’éthique appliquée

    1- L’éthique by design

    2- l’éthique des usages

    3- l’éthique sociétale

    Une éthique numérique commune ?

    1- une éthique appliquée pour les métiers numériques ?

    2- une éthique minimale numérique commune ?

    Essayons de conclure éthiquement

    >>> Accès IA & Droits Humains

     

     

  • Gouvernance éthique : la parité

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    Évidemment, je tiens ici à remercier Elisabeth Nicoli & la Maison d’édition des Femmes de leur invitation à ce débat. Prendre la parole n’est chose aisée pour moi qui suis davantage une besogneuse, qui préfère le temps long de la recherche, de la confrontation textuelle. 

    Mais quel ne fut pas mon bonheur en entendant l’énoncé du sujet “Gouvernance éthique : la parité”. L’idéaliste que je suis a bondi, en affirmant “ça y est enfin j’ai trouvé une nouvelle famille ou plus exactement une nouvelle communauté de pensées”. Et puis mon esprit s’est ressaisi, tant de bonheur n’est-il pas qu’une pure illusion (foutu doute cartésien) ? N’est-ce pas simplement une croyance inconsidérée en mon biais cognitif le plus précieux : la croyance en la possibilité d’un “monde éthique” ? 

     

    L’éthique 

    Pour moi l’éthique, je vais faire très court, doit être entendue comme “la responsabilité de continuité”(1). En médecine, pour une fracture on emploie l’expression “sans solution de continuité”, en éthique il faudrait mettre en avant la nécessité d’un usage continu, d’une tension vers… L’éthique repose sur le temps long et non sur le paradoxe des multiples temps courts ou instantanés de nos existences. L’éthique est une continuité transitive… et transmissionnelle. Elle doit reposer sur une manière de poser les problèmes, les sujets avec la lucidité d’un présent (c’est-à-dire sur une enquête), en considérant l’action du passé sur ce présent, mais en projetant vers le futur. L’éthique n’est pas simplement une conséquence (2). L’humanité est un flux dans lequel nous sommes plongés et dont il est extrêmement difficile de nous extraire… Comment prendre le recul nécessaire ? Comment réussir à prendre le temps de la mise à distance, de la recherche de perspective ? Seule “une enquête” sans concession peut nous y conduire. La compréhension de l’éthique, l’établissement de ses règles ne peut se faire sans cette “enquête radicale, sans concession”. 



    Le terrain de l'enquête 

    Prenons ici la métaphore du flux, du fleuve, notre enquête doit partir de là. Dans son cours Histoire des systèmes de pensée, Foucault nous rappelle en quoi l’enquête est nécessaire :  “L’enquête : moyen de constater ou de restituer les faits, les événements, les actes, les propriétés, les droits ; mais aussi matrice des savoirs empiriques et des sciences de la nature”(3)

    Mon terrain d’enquête est celui de mes multiples métiers, de mes multiples interventions ou enseignements au sein de différentes écoles supérieures et universités. Je pose le constat déjà lucide sur ma propre perte de contact avec les grands classiques, mais nous dirons que la force de mon caractère m’a guidée pour retrouver le lien de mon existence avec ces classiques de la “culture”. Issue de la génération X, j’ai également créé de nouveaux repères, des balises avec la philosophie dite contemporaine… en la distinguant bien de celle marketing. 

    Maintenant regardons, la somme des étudiants que j’ai devant moi, chaque jour. Ils sont nés dans les années 2000. Ils sont nés dans un monde fait de tendances, d’influences sociales décuplées par les réseaux sociaux. Leur époque est infiniment plus paradoxale que la mienne. C’est ce que souligne la sociologue Martine Clerckx, dans son ouvrage, Petit traité de tendances sociétales. Elle remarque que chacune des tendances reposent sur une contradiction entre deux termes et donc un paradoxe, par exemple “épanouissement immédiat”. Comment est-il possible de s’épanouir immédiatement ? Nous pourrions ajouter l’immensité continue d’informations dans laquelle ils se trouvent. Au coeur de cette infobésité qui peut me dire quelle information est la meilleure ? Qui peut leur garantir la véracité d’une information ? Nous sommes dans une ère, où nous sommes débordés par le flux. 

    Tout ceci a des conséquences sur le métabolisme psychique humain et particulièrement sur les nouvelles générations qui sont coincées entre des usages “d’outils merveilleux” fluides, rapides, qui “répondent” de façon instantanée et l’immobilisme des institutions anciennes, rigides (école, institutions, états). 

    Ici nous n’avons pas le temps de poser toutes les conséquences que cela a sur nous, sur les nouvelles générations, pourtant c’est bien ce qu’il faudrait faire pour évoquer la notion de “gouvernance”. Mais poursuivons notre enquête et observons l’affaiblissement ou le détournement permanent de leur capacité d’attention, en second lieu sur leur présence au monde. Qui peut dire où ils se situent à l’instant où ils sont en présence dans une salle avec vous ? Il y a une désorientation qui s’observe. Nous observons des pulsions, des émotions sans compréhension, morcelées le plus souvent. Nous sommes, sans doute, arrivés à ce que Éric Sadin appelle “la fin d’un monde commun” ou plus exactement à l'ère de l’individu tyran (4)

    Mon terrain est celui-ci tous les jours je vais vous livrer les constats et les remarques de mes étudiants, sans jugement, mais de manière brute (5) :

    • “pourquoi devrions-nous nous émouvoir de la Shoah ?”
    • “la Shoah n’a jamais existé, en réalité même si c’est vrai on s’en fout, il y a eu pire”
    • “une femme ne sera jamais l’égale d’un homme, c’est biologique”

    Je vais donc vous livrer la définition de la parité selon cette même jeunesse aidée par Google. 

    • “La parité c'est "l'égalité" dans le sens où le nombre de femme et d'homme doit être égale. Mais la parité n'est pas forcément égalitaire. En effet, si l'on prend 10 personnes pour une réunion, la parité est respecté si il y a 5 femmes et 5 hommes mais si sur les 5 hommes, 4 ne savent absolument pas de quoi on doit discuter et qu'ils ne s'y connaissent pas du tout et de l'autre coté 2 femmes sont dans cette situation, alors ce n'est pas égalitaire car seulement 1 homme pourra comprendre contre 3 femmes. Ce n'est donc pas paritaire.”

    (3ème année en communication après le bac, jeudi 8 octobre 2020).

     

    L’enquête n’est pas jugement. L’enquête est constituée de faits. Mais une fois que nous avons posé ce constat, il demeure une seule question : quel mode de gouvernance éthique pouvons-nous espérer (et est-elle encore envisageable) ? 

     

    Gouverner dans un monde liquide ?

    Quel paradoxe, n’est-ce pas ? Peut-on gouverner ce qui nous échappe (6) ? Nous serions tentés de revenir à Héraclite (7). Et puis nous savons que le XXe siècle foisonne d’exemples de recherches en gouvernance notamment avec les travaux de Bernays sur la propagande “La manipulation consciente et intelligente des habitudes et opinions des masses est un élément important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme secret de la société constituent un gouvernement invisible qui est le vrai pouvoir dirigeant de notre pays. Nous sommes gouvernés, nos esprits sont modelés, nos goûts formés, nos idées suggérées pour la plus grande part par des hommes dont nous n'avons jamais entendu parler"(8) . Un peu plus tard, il développe son Ingénierie du consentement dans laquelle il énonce clairement “l'ingénierie du consentement est l'essence même de la démocratie, la liberté de persuader et de suggérer”. 

    Au même moment, Norbert Wiener, en 1947, développe la théorie de la cybernétique formée à partir du grec κῠβερνήτης « pilote, gouverneur », apparaît dans la classification des sciences proposée par André-Marie Ampère et désigne « la science du gouvernement des hommes ». C'est en 1947 qu'un nouveau sens pour la version anglaise de ce mot est choisi par le mathématicien Norbert Wiener. Son but était de donner une vision unifiée des domaines naissants de l'automatique, de l'électronique et de la théorie mathématique de l'information, en tant que « théorie entière de la commande et de la communication, aussi bien chez l'animal que dans la machine ».

    Gouverner dans un monde liquide ne peut se faire à l’échelle humaine, il convient donc d’inventer les outils de la régulation… « L’objectif devient alors d’essayer de concevoir des machines qui utilisent le langage, manipulent des concepts, résolvent des problèmes habituellement réservés à l’Homme et apprennent par elles-mêmes, en prenant pour hypothèse initiale que tout aspect de l’apprentissage ou de l’intelligence peut, en principe, être précisément décrit à une machine pour qu’elle soit capable de le simuler » (9). C’est précisément la société de contrôle dont parle Gilles Deleuze “le contrôle des personnes s'effectue « non plus par enfermement, mais par contrôle continu et communication instantanée”

    Comme le souligne Antonion Negri « les mécanismes de maîtrise se font […] toujours plus immanents au champ social, diffusés dans le cerveau et le corps de citoyens » (11). Nous pourrions poursuivre avec, à nouveau, les réflexions d’Éric Sadin dans son essai La siliconisation du monde. À nouveau la nécessité de l’enquête, de la compréhension de ce qui nous gouverne et des mutations ontologiques qui s’en suivent. Autant de champs de renversement qui m’ont fait proposer une dataphilosophie. Car nous devons prendre conscience que dans le flux d’information je peux adopter tous les genres, je suis ce que je décide d’être… donc la question qui demeure à quoi peut nous servir la parité aujourd’hui ? 



    Parité & démocratie radicale ?

    Sommes-nous à l’instar d’un John Dewey capables d’inventer d’une démocratie radicale, qu’elle soit liquide ou non ? La démocratie doit être mise “à la portée” de ses membres qui la constituent. 

    De toutes les manières de vivre, la démocratie est la seule qui croit sans réserve au processus de l'expérience en tant que fin et moyen; en tant que ce qui est capable de générer la science, seule autorité sur laquelle on puisse se fonder pour guider l'expérience future, et en tant que ce qui libère les émotions, les besoins et les désirs de manière à faire advenir les choses qui n'existaient pas dans le passé. En effet, tout mode de vie insuffisamment démocratique limite les contacts, les échanges, les communications, les interactions par lesquels l'expérience se raffermit tout en s'élargissant et en s'enrichissant. Cette libération et cet enrichissement sont une tâche à laquelle il faut se consacrer jour après jour. Comme ils ne peuvent avoir de fin tant que dure l'expérience elle-même, la tâche de la démocratie consiste pour toujours à créer une expérience plus libre et plus humaine que tous partagent et à laquelle tous contribuent.”(12)

    Pour conclure sur cette radicalité je garderai l’image choisie pour communiquer autour de ces “rendez-vous de l’histoire”. Ce bateau qui navigue dans un océan déchaîné, n’a-t-il pas besoin de repères pour réussir sa traversée ?

    Quels sont ces repères ? La technique, les nouvelles formes idéologiques de la technique ? Doit-il se fier uniquement à la technologie ? Ou bien entre en jeux l’expérience de son équipe ? À l’heure où des navires partent sans équipages pour traverser les océans (13), il est important de restituer l’importance de l’expérience. L’exclure serait une erreur. Elle doit être prise en continuité c’est ce qui rend possible l’idée d’une gouvernance éthique. 

    Dans ce changement de cap, la parité apparaît comme un guide, un repère nécessaire faire émerger une société radicalement démocratique, radicalement égalitaire. Mais sans doute est-ce encore mon idéalisme qui parle… 

     

    _______

    (1) Comme en atteste la Banque de dépannage linguistique “La locution solution de continuité est attestée depuis 1314. Elle appartenait alors au vocabulaire de la chirurgie et désignait les plaies et les fractures. Par analogie, elle s’est par la suite dite de choses concrètes, puis abstraites, respectivement aux XVIe et XVIIe siècles, pour signifier « séparation »” - définition  accessible en suivant le lien http://bdl.oqlf.gouv.qc.ca/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2554 (dernière consultation le 10 octobre 2020)

    (2) Le « conséquentialisme » a été inventé par Elizabeth Anscombe dans son article Modern Moral Philosophy n°33 publié en 1958 (pp. 1-19)

    (3) Foucault, M., Histoire des systèmes de pensée, Cours Théories et institutions pénales, pp. 283-284

    (4) Cf. Eric Sadin l’ère de l’individu tyran, la fin d’un monde commun, éd. Grasset, 2020

    (5) Sur ce point je rejoins le dégoût pour la fin du XXe siècle proposé par Hans Blumenberg dans son ouvrage Le souci traverse le fleuve. Jean-Claude Monod note “Blumenberg est souvent revenu sur l’idée cartésienne d’une réalisation prochaine de la mathesis universalis, sur l’espoir typique du début des Temps modernes d’un « achèvement » de la science dans le temps d’une vie individuelle; la déception de cet espoir, et le décrochage entre le sujet individuel de la science et le « processus » scientifique total, dont la « vérité » est fixée comme but imaginaire, sont sans doute, pour Blumenberg, parmi les sources de ce « dégoût du XXe siècle finissant » envers la science, qu’il relève avec un certain étonnement dans Le Souci traverse le fleuve”. (in “Les mondes de Hans Blumenberg” Dans Archives de Philosophie 2004/2 (Tome 67), pages 203 à 209)

    (6) Ici il faudrait renvoyer aux recherches de Zygmunt Bauman sur le présent liquide et ses conséquences sur nos comportements.

    (7) Platon, Cratyle, 402a ou … Aristote Métaphysique, livre G, ch. 5, 1010a14 ”comme ils voyaient que toute cette nature sensible était en mouvement, et qu’on ne peut juger de la vérité de ce qui change, ils pensèrent qu’on ne pouvait énoncer aucune vérité, du moins sur ce qui change partout et en tout sens. De cette manière de voir sortit la doctrine la plus radicale de toutes, qui est celle des philosophes se disant disciples d’Héraclite, et telle que l’a soutenue Cratyle ; ce dernier en venait finalement à penser qu’il ne faut rien dire, et il se contentait de remuer le doigt ; il reprochait à Héraclite d’avoir dit qu’on ne descend pas deux fois dans le même fleuve, car il estimait, lui, qu’on ne peut même pas le faire une fois”. 

    (8) Cf. Bernays, Propaganda

    (9) Russell S., et Norvig P., Artificial Intelligence : A Modern Approach. Englewood Cliffs, Ed. Pearson Education Inc, 2017.

    (10) Gilles Deleuze, « Post-scriptum sur les sociétés de contrôle », in Pourparlers 1972 - 1990, Les éditions de Minuit, Paris, 1990

    (11) Michael Hardt & Antonio Negri, Empire, 10/18, p. 48

    (12) Creative Democracy —The Task before us Texte d'une conférence préparée en 1939 par Dewey à l'occasion d'un congrès organisé en l'honneur de ses 80 ans. Traduction de Sylvie Chaput The Philosopher of the Common Man - Essays in Honor of John Dewey Paru dans Horizons philosophiques, vol 5, no 2, 1997.

    (13) Voir les recherches de IBM et de ProMare dans le lancement d’un bateau scientifique en septembre dernier appelé le Mayflower (je ne commente pas le choix du nom, je souligne simplement). Voir également le projet EVA  qui développe le « bateau connecté » composé de 180 capteurs tous reliés à une table à carte tactile servant à centraliser les informations du navire

  • Fondements et enjeux de la data-philosophie

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    La revue Management & Data Science accueille mon article sur les Fondements et les enjeux de la Data-Philosophie

    Aborder la “data” se fait principalement de façon “technique”, en lien avec soit la programmation algorithmique, soit la question matérielle (outils de collecte ou outils de conservations). Peu de travaux questionnent la notion même de “data”. Encore moins d’articles existent sur la data abordée de façon philosophique. Dans cet article, nous tâchons de mettre en lien la “data” et la “philosophie”. Pour cela, nous nous appuierons sur la question du “critère du réel”. En posant la question de la “data” comme un “critère de réalité” potentiel, nous entrons dans l’exercice philosophique. Nous cherchons ici à fonder la “data-philosophie” et ses enjeux. Nous en venons à poser les quatre champs opératiques de la Data-Philosophie : ontologie, épistémologie, praxis et éthique de la data.

    En juin 2017, lors d’une présentation à la commission des droits de l’homme à la conférence des ONG du Conseil de l’Europe, j’ai exposé la nécessité de comprendre l’avènement du monde de la data à l’aide de l’interrogation philosophique et d’une éthique radicale que j’ai désignée sous l’expression “data philosophie”[1].

    Il s’agit ici d’expliquer en quoi la philosophie de part son histoire et ses recherches sur la notion fondamentale de “critère de réalité” peut aider à la compréhension des enjeux de la data.

    Dans cet article, nous allons aborder deux points essentiels à la réflexion sur la philosophie à l’ère du big data. En premier lieu, nous devons nous interroger sur la conciliation entre deux champs qui paraissent opposés. D’un côté nous aurions la “data” qui serait de l’ordre de la technologie mais qui peut être aussi considérée comme une technique (au sens de la techné τέχνη, « fabriquer », « produire »), et de l’autre la “philosophie” au sens du questionnement sur les savoirs et la conduite des êtres humains. Ces deux recherches sont-elles compatibles sans pour autant basculer dans une philosophie pratique ?

    Dans un deuxième temps, nous verrons que cette conciliation est non seulement possible mais qu’elle se doit de recouvrir quatre champs d’investigations : une ontologie de la data, une épistémologie, une data-praxis, une éthique des données.

    Lire la suite directement sur le site de la revue Management & Data Sciences

  • Pourquoi la data-philosophie ?

    Au coeur du confinement, j'ai enfin décider de prendre le temps d'écrire sur les bases de ce qui devrait nous occuper tous dans les prochaines années à savoir "la data-philosophie". Ce blog porte les traces de mes réflexions sur l'usage des données, les questions éthiques, notre rapport au temps, etc.

    Mais là il nous faut aller plus loin et explorer ce qu'est la "data-philosophie".

    L’association « data-philosophie » a son importance. Il ne s’agit pas de poser une « philosophie de la data » qui serait simplement une sorte d’application pratique ou un code déontologique de la data.
    Nous devons regarder la data comme ce qu’elle est : un critère du réel. Cette idée de critère du réel est très importante. Toute la philosophie s’accorde autant qu’elle se déchire sur cette notion de « critère » du réel qui rend possible ensuite tout le reste : la croyance juste, la croyance vraie, la croyance justifiée, la connaissance, le savoir… Dès lors nous pourrions ici tenter une analogie entre la « data » et la « monade » de Leibniz.
    Dans cet article, il ne s’agit pas de résoudre cette analogie qui par ailleurs, comme toute analogie a son degré de fausseté. Cependant, nous devrions remarquer, qu’à la base de toutes les recherches ou manipulations de data, il devrait y avoir une question.
    L’objectif de la data-philosophie serait donc situé là : dans l’art de poser les questions et donc de soulever des problèmes. Sans ce cheminement il ne peut y avoir d’analyse structurée.

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