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temps

  • L'envie

    Antoine de Rivarol s'amusait en écrivant "Les belles images ne blessent que l'envie". Mais qu'est-ce donc que l'envie ? Étymologiquement, l'envie (selon CNRTL) apparaît en 980 et désigne une haine, une hostilité. Si nous regardons le dictionnaire historique d'Alain Ray, alors nous découvrons que l'envie vient du latin classique invidia "malveillance, jalousie"... Invidia dérive de invidere "regarder d'un oeil malveillant" d'où provient l'idée de "vouloir du mal"... Comme le souligne Alain Ray, il y a ici une notion de croyance au mauvais oeil. Cet oeil qui regarde mal, qui jalouse, qui jette un mauvais sort. 

    Mais alors comment illustrer en photographies ce drôle de mot ? Il nous faut regarder d'un peu plus près l'histoire... À partir du XII ème siècle l'envie est un terme employé dans les deux acceptions qui sont encore utilisées aujourd'hui :

    • l'envie comme sentiment de jalousie haineuse devant les avantages d'autrui ;
    • l'envie comme un désir, l'envie de quelque chose ou de quelqu'un...

    Chemin faisant, nous nous sommes rendus à la Fondation Ricard. Quelle surprise que cette confrontation de la génération dite Millenials avec l'exposition autour de la Poésie Prolétaire ! Un décalage violent des mots, des images, des sens détournés, retournés.

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    Quoi les mots ? Qui les mots ? En quels sens les maux ? Et où l'envie ? Quoi l'envie ? On ne comprend pas... Les mots sont comme des cartons ouverts à l'envers d'un univers d'envies immédiates. Faut-il en passer par la contrariété pour comprendre que l'envie n'est pas nécessairement celle à laquelle nous croyons ? 

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    Se projeter dans les espaces, dans les interstices d'une autre pensée. Déformater ses habitudes, au profit d'autres envies. Est-ce encore possible ? Dans un monde où la culture défragmente la durée, où les désordres se swipent, il y a pourtant dans leurs looks, leurs attitudes, quelque chose de l'ordre d'une contre-culture, d'une non appartenance à ce monde non choisit. 

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    Et si nous dessinions des formes nouvelles ? Et si l'invention passait par l'ailleurs, par la déformation des biais cognitifs ?

    Nous sommes, sans y toucher, dans l'art... Quelque chose se passe, quelque chose se rejette, puis finira sans doute par se rêver ailleurs, autrement... Le temps doit se distordre sans les filtres sociaux. L'oeil écoute, la main interroge, le coeur s'embrouille sur l'envie... Mais sommes-nous seulement encore en vie

    La poésie en grec, c'est le mouvement, le "jaillir","le faire", "la création"... La poésie jaillit même au coeur des machines, au coeur du RER. Dans un train, un avion, un supermarché. Un ouvrier à la chaîne peut être un poète. Les mots seront à la ligne (comme le très beau livre éponyme de Joseph Ponthus). Ils prendront racine dans l'écume du quotidien. 

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     Nous avons abandonné les mots, les murs complexes de lassitude de tweet. Nous avons retrouvé les images faciles, les couleurs évidentes ou la garantie de la satisfaction immédiate de l'oeil et de l'esprit. 

    Puis nous avons prolongé la promenade jusqu'aux mots chantant du jardin de Colette, nous pourrions dire. Ce domaine du Palais Royal réserve son flux poétique. De traces en traces résonnent encore les mots de Colette : « Obstinée à mon Palais Royal comme un bigorneau à sa coquille". Elle veille encore sur son palais, les pas ne s'écartent pas de ce chemin rectangulaire où les ombres dessinent des arbres. 

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    Une danse glorieuse sur l'espace de l'histoire de l'art. Daniel Buren sera heureux de voir que son jeu de perspective fonctionne toujours. Entre la Constitution et le Ministère de la Culture, il n'y a qu'un pas, qu'une perspective cela citoyenne. L'envie est grande ici de crier que la culture est pour tous, partout... et qu'elle devrait être gratuite et accessible sans limite. Jouons donc sur cette envie, cette perspective de renversement. 

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    Dans ce reflet en coi, c'est Victor Hugo qui sonne en résonance : "D'ailleurs, parce que le vent, comme on dit, n'est pas à la poésie, ce n'est pas un motif pour que la poésie ne prenne pas son envol. Tout au contraire des vaisseaux, les oiseaux ne volent bien que contre le vent. Or la poésie tient de l'oiseau" (cf. Feuilles d'Automne).

    Sans doute, pouvons-nous ramasser un peu de Goethe au passage dans un angle royal : “Qu'est-ce que la poésie ? Une pensée dans une image ”.  De ces chaises parlantes, chantantes, nous jouons à combattre le froid qui s'attarde en cette fin d'hiver. 

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    Laissons la poésie à Baudelaire, laissons-lui dresser une perspective fragile, un détournement de l'espace. Un contour des mots, des joies, des danses, des expériences.

    Et si je devais résumer l'envie à une image, je choisirais celle-ci : 

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    Ce personnage a-t-il envie de fuir ce trou ? Ou bien a-t-il envie d'y entrer ? L'envie peut-elle être une curiosité détournée ? N'avons-nous pas toujours envie de savoir ?

  • Le Flick c'est chic

    Soyons fous... Inventons une nouvelle unité de temps... Sortons des sentiers battus de nos habitudes mentales. Puis mettons tout le monde au pas.

    En un tweet, le monde s'informe d'une nouveauté. Une "toute nouvelle unité de temps" a été créée par l’équipe d’Oculus (qui appartient à Facebook). Cette unité  mesure une nanofraction de seconde. 

     

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    Mais ça veut dire quoi le Flick ?

    Selon The Verge “le nom “flick” est un mot-valise, la contraction [approximative] de “frame-tick”, ou “tic-tac des fréquences”, qui dit bien tout l’intérêt de cette invention”. 

    Moi j'ai automatiquement penser à Flickr, à une lettre, ils sont passés à côté de l'invention de la mesure du temps...  En anglais to flick through, feuilleter, Flickr, lancé en 2004 a désormais franchi, en 2017, la barre des treize milliards de photos pour cent-vingt-deux millions de membres et deux millions de groupes. 

    Sans doute fallait-il feuilleter ou effeuiller davantage le temps pour en surprendre un défaut technique. 

    Comme le souligne, le site The Verge “Bon, vous vous demandez peut-être ce qui a pris à Facebook d’aller inventer sa propre mesure au mépris de cette bonne vieille seconde, d’autant que c’est l’une des rares unités communes aux systèmes métrique et impérial [ou anglo-saxon]”.

    Et bien c'est simple en effeuillant le temps, les équipes ont pris conscience d'un problème technique, la synchronisation informatique fonctionne mieux avec les nombres entiers.

    Techniquement le Flick équivaut à un sept cent cinq millions six cent millièmes de seconde soit 1/705 600 000 seconde.

    Le Flick c'est technique

    Louise Millon pour Le Siècle Digital écrit "Facebook explique que ses équipes d’ingénieurs ne sont plus satisfaits des unités de temps actuelles. En cause, le fait qu’elles n’offrent pas assez de précision pour ce qui est de l’enchainement des images. L’invention du Flick permettra aux programmeurs de conserver une synchronisation plus exacte des images avec la fréquence et d’utiliser des entiers relatifs. Contrairement à ces derniers, les nombres décimaux tendent à dégrader la synchronisation des images".

    Faisons un rapide calcul, dans un film, nous partons sur le format le plus commun 24 images par seconde. Donc en soi une image dure 1/24 seconde soit 0,0416666… Pour nos machines algorithmiques, ces chiffres sans fin manquent de précision. IL faut donc leur donner des chiffres entiers afin d'améliorer la transcription des images. Donc pour ce format 1/24 =  29 400 000 flicks.

    Le Flick est en open source

    Rendez-vous sur GitHub pour jouer du code et le télécharger... Oculus a expliqué directement : « On ne devrait absolument jamais utiliser de représentation en virgule flottante pour le temps accumulé, simulé (sous peine de constater une dégradation de la précision temporelle), mais, selon la fréquence du média traité, les nanosecondes ne se divisent pas de façon uniforme. C’est la raison pour laquelle nous avons créé cette unité ».

     

    Le Flick c'est chic

    Pourquoi ? C'est chic car pour une société qui travaille sur la réalité virtuelle, il est pertinent de développer une réalité encore plus proche du réel, un direct, une synchronisation parfaite entre une virtualité et une réalité (extérieure à la machine).

    Petit rappel, pour ceux qui auraient oublié. Oculus VR est une société qui a été rachetée par Facebook en mars 2014 pour 2 milliards de dollars. Son secteur d'activité  : la réalité virtuelle. Leur produit principal, l'Oculus Rift : un casque de réalité virtuelle (RV), dont la 1re version commerciale a été mise sur le marché en mars 2016.

     

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  • Combien rapportez-vous en une seconde ?

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    Ce matin je pose cela, juste-là, sous vos yeux avant les fêtes ! Infographie passionnante qui montre combien chaque société représentée gagne en une seconde.

    Une seconde, cela fait longtemps que je n'ai pas mentionné cette définition... Donc une seconde si nous regardons quantitativement et selon la seconde du Système international d'unités, alors nous devons définir la seconde par un nombre d'oscillations, 9 192 631 770 exactement, de l'atome de césium. La mesure et le comptage de ces oscillations sont effectuées par les horloges atomiques.

    Maintenant en une seconde, nous envoyons des quantités de données à travers des réseaux, dont nous ignorons pratiquement l'intégralité du fonctionnement. Ces données ou data libérées de façon quasi involontaires ont une valeur. Et c'est sur cette valeur que peuvent capitaliser les entreprises privées.

    Il est étonnant, me direz-vous, de comprendre que ces datas se convertissent en or. Et pourtant, ne serait-ce pas là le principe alchimique du XXI° siècle ? 

    En s'appuyant sur le classement de Fortune 500, TitleMax propose cette infographie ludique où l'on découvre les chiffres vertigineux des profits à la seconde.

    En une seconde Apple gagne donc 1444,73 dollars. Oups, imaginez-vous la somme à la fin de la lecture de cet article ? Si jamais vous cherchez Google, n'oubliez pas son habile changement de nom, regardez Alphabet.

    Un bénéfice net de 19.5 milliards de dollars l’an dernier. Cette performance lui permet de gagner 615,96$ par seconde. Microsoft n’est pas trop loin avec ses 531,21 $.

    Intel gagne ainsi 326,22 $ à la seconde...

    Oups...

    Il est vrai que j'exagère, il ne s'agit pas que de nos données numériques, la base de cette capitalisation.

    C'est étrange, regardons d'un peu plus près... Une seconde, c'est un chiffre, quand je marche je suis un ensemble de chiffres de données numériques (poids, pression sur le sol, volume respiratoire, rythme cardiaque...). Quand je paye, j'échange de la donnée numérique... Mes mots sont ici aussi transformés en data, vos likes, vos commentaires aussi. C'est cela le nouveau capital humain.

    La nouvelle valeur travail ne serait-elle pas notre capacité à produire ses données ? Dans un tel cas, ne suis-je pas en mesure de réclamer un salaire et non un service en échange ?

    Pour le plaisir, je pose en réponse la vision de Marguerite Duras sur le monde des années 2000. Nous étions dans les années 1980...