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Sorties (ré)créatives - Page 3

  • Jacques Flament

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    Ce matin, le monde a connu un séisme. Vous ne l'avez pas ressenti et pourtant le soleil ne brillera plus de la même façon, les mots ont tourné court. Ils ont craqué l'allumette des désordres. Ils se sont désengagés du monde. 

    Le séisme c'est la fin d'une aventure éditoriale, d'un engagement sincère et solitaire de la Bretagne aux Ardennes en passant par tous les territoires de l'imaginaire. Jacques Flament a décidé (après de nombreux combats éditoriaux, de nombreux cris politiques, de nouvelles tentatives littéraires et artistiques) de fermer la boutique à mots, la boutique joyeuse des confrontations d'idées.  

    Ainsi en plein démarrage des Jeux Olympiques d'hiver, la clarté sombre des réverbères a décidé de ne plus porter sa flamme. Je sais que Jacques Flament a choisi ce moment pour dire au monde "j'ai tout essayé, l'indépendance des mots, des idées... mais face aux géants aux idées de supermarché, je ne peux rien"... En 7 ans, 360 livres publiés... des kilomètres parcourus et toujours l'audace de pousser ses auteurs plus loin. 

    Le goût des mots, des images, des sports extrêmes nous avons cela en commun, Monsieur Jacques Flament... C'est lui qui le premier m'a poussé à sortir des blogs, des récits de mes carnets papiers. Le premier fut une audace : revenir sur ma première translation, ma rencontre avec la Chine après huit jours de train. Paris-Moscou-Pékin. Un train, une délibération, un kilomètre puis deux, les blessures se soignent-elles avec l'espace ? Que de kilomètres solitaires et lointains parcours ? Combien de mots en attente, en découvertes, en joies et en tristesse ? Jacques Flament est le dénicheur de ceux qui en ont assez des lourdeurs d'un monde qui publie toujours la même chose... Ne soyons plus très polis "la même merde partout et toujours"... Cette merde qui endoctrine et pourrit toute idée de révolte. 

    Au coeur des perditions de paille, nous avons l'art en commun, au milieu des mots et des désordres, il m'a poussé à écrire sur Java, à raconter cette île et ses fantômes. Des couleurs créatives à un monde vivant autrement le temps, l'espace et ses mythes. 

    En parallèle des voyages, des aventures (in)humaines, il m'a tendu la perche pour mes recherches, les mots philosophiques, les mots barbares, les mots oubliés, les mots percutés et percutants (sur Julien Friedler, mais aussi et surtout sur Samuel Beckett). Et évidemment l'Himalaya et mes retours incessants au Tibet pour comprendre que le monde n'est pas ce que nous voyons mais bien ce en quoi nous voulons croire. Raconter ces histoires de sommets, partir (au Népal), partir (au Xinjiang), partir (au Gansu) et revenir aux mots, à la langue, voilà ce que Jacques Flament m'a permis. Revenir au sens des mots, aux désordres de nos pensées...

    Marteler l'écart entre ce que nous pensons voir et ce que nous refusons de voir réellement : un endoctrinement indolore, massif et collectif. Peu à peu au fur et à mesure des kilomètres et des pages, il y a la certitude ce travail : l'influence. La compréhension des nouveaux publics se joue de la philosophie, de la psychologie, de la sociologie... Nous devons frapper à grand coup d'éthique, de réveil des sens, de réflexion sur le bonheur, la joie. 

    Sans sa maison d'édition, nous sommes tous orphelins. Abandonnés face aux incessants combats. Mais je sais que certains vont continuer, trouverons l'élan pour reprendre le flambeau.

    À mon modeste niveau, je vais essayer avec la Route de la Soie-Éditions. Tentative fragile pour mettre de l'ordre dans un monde fissuré, où l'engagement d'un homme nous manquera. Pour moi, en dehors de mes publications, Jacques Flament cela aura été 7 années de combats éclairés, de réflexions partagées.

    Pour toi Jacques, pour tes nouveaux combats, pour les futurs kilomètres que tu vas avaler dans un coin ou l'autre de la planète, je retrouve ce matin les vers de René Char  (dans commune présence, in Le Marteau sans maître 1934-1935 - éditions Corti José) :

    "hâte-toi
    hâte-toi de transmettre
    ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
    effectivement tu es en retard sur la vie
    la vie inexprimable
    la seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir
    celle qui t'es refusée chaque jour par les êtres et par les choses
    dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
    au bout de combats sans merci"

     

    Pour tout cela Jacques, un grand merci. Le combat continue en mots, en kilomètres, en images, en publications nouvelles, en transmission...

     

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  • Times are changing

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    "Cette nuit me plaisait. Les choses grandissent la nuit, mon imagination ouvre ses portes, les idées préconçues s’évanouissent. On cherche parfois le paradis aux mauvais endroits. Alors qu’on l’a à ses pieds. Ou dans son lit"

    Bob Dylan (Chroniques)

     

    Les mots sont les échos fragiles d'un mouvement. Ils circulent d'une âme à une autre. Vagabondent de corps en corps, de joie en joie. C'est un instant. Un bruissement de pas, une sincérité artistique. Une démarche qui oscille entre les lumières. Le silence se fait dans une salle qui vit un automne indien. Les chaleurs parisiennes laissent place à l'intimité de la créativité. 

    Désordre d'une vie en chroniques, en instants brodés au hasard des mélodies de la vie. Harmonie rageuse. Où est l'enfance dans une chronique en désordre ? Sans doute est-elle dans l'adulte qui tente d'équilibrer le monde.

    "Times are changing" c'est une chronique savoureusement orchestrée par Jean-Claude Gallotta et sa compagnie. C'est un cercle ouvert, une piste aux étoiles, aux rêves. Les mots sonnent en écho de rivage. Choisis, millimétrés par Claude-Henri Buffard, ils sont autant de fenêtres ouvertes sur cette vie qui défile.  

    Les gestes en mousson douce. Pluie d'étoiles filantes des instants en balance. Fils de soie tissés sous l'oeil de Mathilde Altaraz. 

     

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    Résonne cette voix, venue des westerns lointains... Des paysages, des couleurs, des rencontres... Moriarty fait vibrer, scander les mots. Le coeur bat. Les pieds filent le tempo. Le corps se réveille, s'éveille, il veut bouger. Les vagues des kilomètres submergent l'horizon. 

    Revenons aux mots de Dylan, dans ses chroniques. 

    "Quatre siècles avant Jesus-Christ, Thucydide vous explique que la nature humaine est constamment l'ennemie de ce qui la dépasse. Que les mots de son temps perdent peu à peu leur sens. Qu'en un clin d'oeil on peut retourner une opinion, dénaturer un fait. Comme si rien n'avait changé entre son époque et la mienne."

    Sommes-nous incapables de changement ? Implacable maîtrise des mots, des désordres de l'humanité. Écrire. C'est écrire sur soi dans le temps de son souffle, de sa vie. 

    Et puis il y a... la dynamique.

    Tout se déploie grâce au corps vibrants des danseurs. Habiles magiciens de l'espace. Ils entraînent. Ils font et défont les paysages de l'intime. Les distances se brisent, elles défilent dans les déchaînements sourds de nos souvenirs. Putain ce que je vous aime... Vous seuls, savez sans pareil rendre à l'espace sa poésie d'origine... Oui finalement je laisse cette didascalie... Putain ce que je vous aime...   

    C'est une chronique de vie. Le souffle suspendu. Le corps. Cet organisme qui nous échappe. Faut-il le perdre pour le retrouver ? 

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    Quelle énergie faut-il pour danser ? Sortir son corps de sa zone de confort, de ses habitudes. Envoyer valser le fauteuil suivre l'élan de la vie. Pour Marylin Alasset "Tout corps peut danser. Le corps empêché n'existe pas". Il faut le guider, lui apporter le tempo de son propre mouvement. Ici l'oeil écoute. Les sens conduisent l'espace de soi dans l'univers. Montrer que le handicap n'est pas une barrière à la création, c'est un travail quotidien pour La Possible Échappée fondée par Kathy Mépuis. 

     

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    "Le monde moderne, avec sa complexité folle, m’intéressait peu. Il manquait de pertinence et de poids" Bob Dylan

    De sa naissance à son prix Nobel, la poésie de Dylan déchire le voile de nos vies, elle nous entraîne dans les fumées du temps. Joyeuse étincelle de l'instant. Pure synchronicité. Le regard suit le mouvement des pas, folle histoire d'équilibre des passions. 

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    À cet instant je n'ai pas envie d'achever cette chronique. 

    À cet instant j'ai encore envie de danser, chanter, chavirer les étoiles...

    À cet instant, encore quelques notes sur le piano dans le coin du bar...

    À cet instant...

    Merci de nous avoir rendu vivants !

     

     

    ___________

    Textes et musiques : Bob Dylan

    Conception, chorégraphie et mise en scène : Jean-Claude Gallotta

    Musique : Moriarty

    Avec le Groupe Émile Dubois : Agnès Canova, Paul Gouëllo, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Lilou Niang, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand

    Assistanat à la chorégraphie : Mathilde Altaraz

    Dramaturgie : Claude-Henri Buffard

    Assistanat à la mise en scène : Guillaume Alberny

    Et avec : Lila Abdelmoumène, Théophile Alexandre, Sandrine Juglair, Jean-Pierre Kalfon, Céline Kraff, Georges Mac Briar, Abdel-Rahym Madi, Brune Renault, Magali Saby, Guillaume Vincent

    Directrice artistique - Compagnie La Possible Échappée : Kathy Mépuis

    Dramaturgie - Compagnie La Possible Échappée : Marylin Alasset

    Rendez-vous sur le site du Théâtre du Rond-Point

     

  • Soyons "primaires" : (re)devenons créatifs

    “En art point de frontière” Victor Hugo. 

    primaires, création, art créativité, rêve, engagement, digital, monde, liberté, poésie, politique

     

    Chut. Faisons le point. Que ceux qui pensent que je vais parler ici de politique, des primaires qui effacent le rôle de l'élection présidentielle, passent leur chemin.

    Le sujet est bien plus grave... Il ne s'agit pas d'un post parmi d'autres. D'un pseudo article qui va se jouer des algorithmes pour se déverser sur vos écrans (grand ou petit, portable ou de poche). Je me suis toujours moqué des algorithmes. Cependant ce sont eux qui font ce que nous appelons bêtement aujourd'hui "Internet"... Ils choisissent pour vous ce que vous devez lire (et non ce que vous pouvez lire ou chercher)... C'est amusant cette facilité à laquelle nous nous soumettons. Cette même facilité qui nous fait oublier le goût de l'effort. Le goût de la satisfaction de chercher, de trouver...

    Chut.

    Ce dont il est question. Pas de frontière. Pas d'art. Ou presque pas.

    Il s'agit de créativité. 

    Pas la créativité coachée. Pas celle qui se tient en une expérience sur papier glacé. Pas celle qui obéit aux injonctions "3 minutes pour..."

    Pour-quoi ? Pour trouver une idée en copier-coller ? Pour une idée marketing, une idée disruptive... bref quelque chose qui existe déjà... un déjà vu en soupe Campbell. Merci Warhol pour la commercialisation du copier-coller. Merci pour avoir montré au monde sa connerie...

    Le monde a continué de tourner dans une immense machine à copier-coller. Et l'ART dans tout cela ? Même ne parlons pas ici d'art... Laissons ce mot au placard des rancunes historiques.

    Parlons de créativité.

    La vraie. 

    Celle qui pince au coeur. Celle qui fait mal au cul. Celle qui empêche de dormir. Celle qui réveille. Celle qui colle à la rage. Celle qui se révolte. Celle qui propose. Celle qui déchire le voile des habitudes. 

    La créativité écorche. La créativité tue, isole, broie du noir. Elle explose. Elle est "l'ennemi du goût" disait Picasso. 

    La créativité est souvent sale.

    Elle pue. Elle est un drôle de mélange. Un constant déséquilibre entre soi et le monde. Un constant déséquilibre entre théories et expériences. 

    Créer. Cela se fait seul. Pas dans un dégueulis en réseau social. Elle ne s'expose pas véritablement. Elle est un labeur. 

    La créativité est errance. Tentative. Effort. 

    La créativité demande de sortir les doigts du digital ou sinon de les enfoncer un peu (voire même beaucoup) plus loin. 

    La créativité c'est la liberté. C'est l'expression profonde. C'est le SOI... C'est l'intimité non discutable de l'être. 

    "Pas d'aile, pas d'oiseau, pas de vent, mais la nuit, Rien que le battement d'une absence de bruit" écrit Guillevic

    Qui peut écrire cela ? Celui qui seul dans le monde avance avec lui-même. Le monde n'est qu'une doublure pâle. Le monde au travers des réseaux n'est qu'une ombre projetée.

    La créativité. Effort, tentative, marche, chute, blessure, cicatrice, bleu, claque, balle, observation, silence... Elle est un cri. 

    Je répète. La créativité c'est la liberté. C'est l'expression profonde. C'est le SOI... C'est l'intimité non discutable de l'être. Mais savons-nous encore être ? 

    Elle est un cri.

    Elle est primaire, elle nous fait être au plus près des choses, au plus près du réel que nous sentons, percevons (pas du réel obligé). Elle se déplie dans la vérité de l'être, du vôtre... Elle sort du sujet. Elle sort de vous...

    Mais savons-nous encore être "primaires" ? 

     

     

  • Zoll Projekt

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    Ils sont jeunes, ils sont beaux. Ils ont la fraîcheur de leur âge, la force des nouvelles technologies, la rage d'un changement et le volonté de partager. Le collectif Zoll Projekt réunit des artistes, de jeunes artistes qui traversent le temps et l'espace en musique, en images.  

    A force de traîner dans des lieux sans âme, à forcer d'écorcher leurs oreilles. Ils ont choisi de se réunir autour de leur(s) goût(s). Et ils ont eu raison. 

    Synergie des sons et des images, des rêves et des espaces partagés au-delà des misères actuelles. Un engouement pour l'ailleurs, le partage, le voyage,...

    Leur seul mot d'ordre soyons "éclectique"...

    Ecoutez leurs sons, c'est déjà entrer dans la danse, transe légère au-delà du bruit et de la fureur actuelle. C'est croire en un autre lendemain, c'est trouver la force d'inventer, de jouer de la créativité. 

    A la diagonale du temps, ils ont réussi à trouver l'espace, l'écho de leurs rêves.

    Dépassement pour l'art...

    Du rêve lucide

    Un réel sublimé par l'action...

    Ils rejoignent Dostoïevski et affirment, avec lui, comme une évidence légère "l'art sauvera le monde"