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Sorties (ré)créatives - Page 5

  • Times are changing

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    "Cette nuit me plaisait. Les choses grandissent la nuit, mon imagination ouvre ses portes, les idées préconçues s’évanouissent. On cherche parfois le paradis aux mauvais endroits. Alors qu’on l’a à ses pieds. Ou dans son lit"

    Bob Dylan (Chroniques)

     

    Les mots sont les échos fragiles d'un mouvement. Ils circulent d'une âme à une autre. Vagabondent de corps en corps, de joie en joie. C'est un instant. Un bruissement de pas, une sincérité artistique. Une démarche qui oscille entre les lumières. Le silence se fait dans une salle qui vit un automne indien. Les chaleurs parisiennes laissent place à l'intimité de la créativité. 

    Désordre d'une vie en chroniques, en instants brodés au hasard des mélodies de la vie. Harmonie rageuse. Où est l'enfance dans une chronique en désordre ? Sans doute est-elle dans l'adulte qui tente d'équilibrer le monde.

    "Times are changing" c'est une chronique savoureusement orchestrée par Jean-Claude Gallotta et sa compagnie. C'est un cercle ouvert, une piste aux étoiles, aux rêves. Les mots sonnent en écho de rivage. Choisis, millimétrés par Claude-Henri Buffard, ils sont autant de fenêtres ouvertes sur cette vie qui défile.  

    Les gestes en mousson douce. Pluie d'étoiles filantes des instants en balance. Fils de soie tissés sous l'oeil de Mathilde Altaraz. 

     

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    Résonne cette voix, venue des westerns lointains... Des paysages, des couleurs, des rencontres... Moriarty fait vibrer, scander les mots. Le coeur bat. Les pieds filent le tempo. Le corps se réveille, s'éveille, il veut bouger. Les vagues des kilomètres submergent l'horizon. 

    Revenons aux mots de Dylan, dans ses chroniques. 

    "Quatre siècles avant Jesus-Christ, Thucydide vous explique que la nature humaine est constamment l'ennemie de ce qui la dépasse. Que les mots de son temps perdent peu à peu leur sens. Qu'en un clin d'oeil on peut retourner une opinion, dénaturer un fait. Comme si rien n'avait changé entre son époque et la mienne."

    Sommes-nous incapables de changement ? Implacable maîtrise des mots, des désordres de l'humanité. Écrire. C'est écrire sur soi dans le temps de son souffle, de sa vie. 

    Et puis il y a... la dynamique.

    Tout se déploie grâce au corps vibrants des danseurs. Habiles magiciens de l'espace. Ils entraînent. Ils font et défont les paysages de l'intime. Les distances se brisent, elles défilent dans les déchaînements sourds de nos souvenirs. Putain ce que je vous aime... Vous seuls, savez sans pareil rendre à l'espace sa poésie d'origine... Oui finalement je laisse cette didascalie... Putain ce que je vous aime...   

    C'est une chronique de vie. Le souffle suspendu. Le corps. Cet organisme qui nous échappe. Faut-il le perdre pour le retrouver ? 

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    Quelle énergie faut-il pour danser ? Sortir son corps de sa zone de confort, de ses habitudes. Envoyer valser le fauteuil suivre l'élan de la vie. Pour Marylin Alasset "Tout corps peut danser. Le corps empêché n'existe pas". Il faut le guider, lui apporter le tempo de son propre mouvement. Ici l'oeil écoute. Les sens conduisent l'espace de soi dans l'univers. Montrer que le handicap n'est pas une barrière à la création, c'est un travail quotidien pour La Possible Échappée fondée par Kathy Mépuis. 

     

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    "Le monde moderne, avec sa complexité folle, m’intéressait peu. Il manquait de pertinence et de poids" Bob Dylan

    De sa naissance à son prix Nobel, la poésie de Dylan déchire le voile de nos vies, elle nous entraîne dans les fumées du temps. Joyeuse étincelle de l'instant. Pure synchronicité. Le regard suit le mouvement des pas, folle histoire d'équilibre des passions. 

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    À cet instant je n'ai pas envie d'achever cette chronique. 

    À cet instant j'ai encore envie de danser, chanter, chavirer les étoiles...

    À cet instant, encore quelques notes sur le piano dans le coin du bar...

    À cet instant...

    Merci de nous avoir rendu vivants !

     

     

    ___________

    Textes et musiques : Bob Dylan

    Conception, chorégraphie et mise en scène : Jean-Claude Gallotta

    Musique : Moriarty

    Avec le Groupe Émile Dubois : Agnès Canova, Paul Gouëllo, Ibrahim Guétissi, Georgia Ives, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Lilou Niang, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro, Thierry Verger, Béatrice Warrand

    Assistanat à la chorégraphie : Mathilde Altaraz

    Dramaturgie : Claude-Henri Buffard

    Assistanat à la mise en scène : Guillaume Alberny

    Et avec : Lila Abdelmoumène, Théophile Alexandre, Sandrine Juglair, Jean-Pierre Kalfon, Céline Kraff, Georges Mac Briar, Abdel-Rahym Madi, Brune Renault, Magali Saby, Guillaume Vincent

    Directrice artistique - Compagnie La Possible Échappée : Kathy Mépuis

    Dramaturgie - Compagnie La Possible Échappée : Marylin Alasset

    Rendez-vous sur le site du Théâtre du Rond-Point

     

  • Soyons "primaires" : (re)devenons créatifs

    “En art point de frontière” Victor Hugo. 

    primaires, création, art créativité, rêve, engagement, digital, monde, liberté, poésie, politique

     

    Chut. Faisons le point. Que ceux qui pensent que je vais parler ici de politique, des primaires qui effacent le rôle de l'élection présidentielle, passent leur chemin.

    Le sujet est bien plus grave... Il ne s'agit pas d'un post parmi d'autres. D'un pseudo article qui va se jouer des algorithmes pour se déverser sur vos écrans (grand ou petit, portable ou de poche). Je me suis toujours moqué des algorithmes. Cependant ce sont eux qui font ce que nous appelons bêtement aujourd'hui "Internet"... Ils choisissent pour vous ce que vous devez lire (et non ce que vous pouvez lire ou chercher)... C'est amusant cette facilité à laquelle nous nous soumettons. Cette même facilité qui nous fait oublier le goût de l'effort. Le goût de la satisfaction de chercher, de trouver...

    Chut.

    Ce dont il est question. Pas de frontière. Pas d'art. Ou presque pas.

    Il s'agit de créativité. 

    Pas la créativité coachée. Pas celle qui se tient en une expérience sur papier glacé. Pas celle qui obéit aux injonctions "3 minutes pour..."

    Pour-quoi ? Pour trouver une idée en copier-coller ? Pour une idée marketing, une idée disruptive... bref quelque chose qui existe déjà... un déjà vu en soupe Campbell. Merci Warhol pour la commercialisation du copier-coller. Merci pour avoir montré au monde sa connerie...

    Le monde a continué de tourner dans une immense machine à copier-coller. Et l'ART dans tout cela ? Même ne parlons pas ici d'art... Laissons ce mot au placard des rancunes historiques.

    Parlons de créativité.

    La vraie. 

    Celle qui pince au coeur. Celle qui fait mal au cul. Celle qui empêche de dormir. Celle qui réveille. Celle qui colle à la rage. Celle qui se révolte. Celle qui propose. Celle qui déchire le voile des habitudes. 

    La créativité écorche. La créativité tue, isole, broie du noir. Elle explose. Elle est "l'ennemi du goût" disait Picasso. 

    La créativité est souvent sale.

    Elle pue. Elle est un drôle de mélange. Un constant déséquilibre entre soi et le monde. Un constant déséquilibre entre théories et expériences. 

    Créer. Cela se fait seul. Pas dans un dégueulis en réseau social. Elle ne s'expose pas véritablement. Elle est un labeur. 

    La créativité est errance. Tentative. Effort. 

    La créativité demande de sortir les doigts du digital ou sinon de les enfoncer un peu (voire même beaucoup) plus loin. 

    La créativité c'est la liberté. C'est l'expression profonde. C'est le SOI... C'est l'intimité non discutable de l'être. 

    "Pas d'aile, pas d'oiseau, pas de vent, mais la nuit, Rien que le battement d'une absence de bruit" écrit Guillevic

    Qui peut écrire cela ? Celui qui seul dans le monde avance avec lui-même. Le monde n'est qu'une doublure pâle. Le monde au travers des réseaux n'est qu'une ombre projetée.

    La créativité. Effort, tentative, marche, chute, blessure, cicatrice, bleu, claque, balle, observation, silence... Elle est un cri. 

    Je répète. La créativité c'est la liberté. C'est l'expression profonde. C'est le SOI... C'est l'intimité non discutable de l'être. Mais savons-nous encore être ? 

    Elle est un cri.

    Elle est primaire, elle nous fait être au plus près des choses, au plus près du réel que nous sentons, percevons (pas du réel obligé). Elle se déplie dans la vérité de l'être, du vôtre... Elle sort du sujet. Elle sort de vous...

    Mais savons-nous encore être "primaires" ? 

     

     

  • Zoll Projekt

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    Ils sont jeunes, ils sont beaux. Ils ont la fraîcheur de leur âge, la force des nouvelles technologies, la rage d'un changement et le volonté de partager. Le collectif Zoll Projekt réunit des artistes, de jeunes artistes qui traversent le temps et l'espace en musique, en images.  

    A force de traîner dans des lieux sans âme, à forcer d'écorcher leurs oreilles. Ils ont choisi de se réunir autour de leur(s) goût(s). Et ils ont eu raison. 

    Synergie des sons et des images, des rêves et des espaces partagés au-delà des misères actuelles. Un engouement pour l'ailleurs, le partage, le voyage,...

    Leur seul mot d'ordre soyons "éclectique"...

    Ecoutez leurs sons, c'est déjà entrer dans la danse, transe légère au-delà du bruit et de la fureur actuelle. C'est croire en un autre lendemain, c'est trouver la force d'inventer, de jouer de la créativité. 

    A la diagonale du temps, ils ont réussi à trouver l'espace, l'écho de leurs rêves.

    Dépassement pour l'art...

    Du rêve lucide

    Un réel sublimé par l'action...

    Ils rejoignent Dostoïevski et affirment, avec lui, comme une évidence légère "l'art sauvera le monde" 

     

  • Le tautisme vu par Moby

    Le "tautisme" très beau néologisme inventé par Lucien Sfez...

    Ce (nouveau) mot désigne un autisme tautologique... Hihi la tautologie c'est la répétition du message... Je répète, tu répètes, ils répètent sans fin et de guerre lasse... Nous succombons à ce cercle infini...

    En l'occurence, le "tautisme" désigne une sorte d'automatisme qui consiste à prendre l'image de la réalité pour la réalité même ou l'expression de la réalité. 

    "Principe qui consiste à prendre la représentation de la réalité pour son expression. Par ce biais les médias se copient les uns les autres et cette répétition tend à nous faire croire qu'elle vaut preuve.  Le terme est à la fois un néologisme et un mot-valise, forgé à partir des mots tautologie et autisme (maladie de l’auto-enfermement communicationnel dans laquelle le patient n’éprouve pas le besoin de communiquer)" Lucien Sfez (Cf. Critique de la communication. Seuil, 1988)

     


    A l'heure où l'expression d'un réel semble plus importante que le réel lui-même. A l'heure où les batailles du storytelling font rage... Il est urgent de se demander, comment revenir ? Comment rattraper les esprits qui fuient dans cette fiction sidérale.

    Cet autisme tautologique fait de la fiction une réalité agissante, sourde à tout ce qui n'est pas elle-même. Il tend même à remplacer l'hypothèse par l'affirmation. La puissance actuelle des médias fait que le monde est au bout de nos yeux. Il nous suffit de le contempler depuis notre main pour que nous ayons l'impression de le posséder et de le dominer.

    C’est lui qui, cependant, nous écrase. La représentation n’est plus expressivité mais pouvoir.

    Nous n'entrons plus qu'en contact avec nous-mêmes. Et répétons, répétons, répétons à loisir ce cheminement... Nous "likons" même ce(s) délicieux moment(s) de répétition... 

    « Autisme tautologique par lequel on répète interminablement la même cérémonie abstraite. Autisme totalisant par lequel nous sommes dilués dans l’absolu du monde, faute de nous être séparés de lui pour le comprendre. »

    Au fait quel temps fait-il dehors ?