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Sorties (ré)créatives - Page 2

  • Les sculptures de Roxanne

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    "Soyez simple avec art" écrivait Boileau (dans son Art poétique). En cheminant, vos pas, vous conduiront, sans doute, à la rue de la Révolution, à Perpignan. Une rue qui chemine entre les couleurs des arts, des appartenances, des lumières, des musiques. Si vous avancez un peu plus, vous rencontrez les silhouettes allongées, étirées comme des lumières d'ombres, de la sculptrice Roxanne.

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    Murmures des songes, illuminations des rêves, vous y rencontrerez des "promeneurs de lune", des "joueurs de soleil", des mélodies d'innocence.

    Si vous l'interrogez sur son travail, elle vous confiera qu'elle n'avait "jamais envisagé, avant que le hasard n’en décide autrement, la sculpture comme moyen d’expression". Cette histoire naît avec la rencontre de son voisin, un immense artiste, un "artiste Don Quichottesque" Jean-Louis Bonafos (nous reviendrons sur cette figure dans un autre article). Il aura suffit de l'audace de Jean-Louis et d'un "petit morceau de glaise" pour que le chemin de vie de Roxanne emprunte celui des arts...

    De la glaise, Roxanne, vous le dira "c'est une matière dont je ne savais alors pas grand-chose, sauf qu’elle était mystérieuse et belle"... Le choc de la matière, la danse fragile des éléments, font émerger des visages, des corps... 

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    Par instant, en contemplant, ses sculptures,  on a envie de relire du Pirandello, lui qui affirmait "l'art venge la vie". Il y a de la douceur, une immense fragilité, une rêverie infinie dans ce travail de sculpture.

    Roxanne sculpte la vie. Elle fait jaillir les émotions, les interroge, les tord, les lisse, pour mieux en saisir les fragments infimes. Elle cherche à les rendre visibles. Serions-nous tous si fragiles ? Humanité aux pieds d'argile... Voilà ce que nous sommes... 

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    Tout est une question d'équilibre entre le mouvement de la glaise, et, ceux des papiers découpés, collés, étendus, séchés, décollés, recollés, pliés, dépliés... Impossible, ici, de ne pas renouer avec la théorie de Paul Klee, selon laquelle "l'art ne reproduit pas le visible, il rend visible" (cf. Théorie de l'Art moderne).

    Quand le soleil abat ses derniers rayons sur la rue de la Révolution, Roxane, plie ses affaires et referme son atelier, laissant le rêve au songe et le songe à la vie... 

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    Pour les curieux, Roxanne, expose ses sculptures du 5 au 27 août 2021 à la Maison des Arts du Barcarès : Place de la République (avec les aquarelles d'Oscar Palomino). Plus d'informations en cliquant ici !

     

     
  • Le portrait de Raoul

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    Connaissez-vous Raoul ?

    Raoul n'est pas un personnage comme les autres. Raoul est une constellation comme les aime Philippe Minyana. Un point dans l'univers où se croisent les énergies, la grande histoire du théâtre et des arts. Un point des humanités. Un point fragile et fort.

    À quoi pouvons-nous résumer une vie ? À un ensemble de personnes croisées ? À un ensemble de liens tissés ?

    Faire le portrait de Raoul, c'est entrer dans la doublure invisible du visible.  Alternativement, nous passons du bruit de la canette, à la lumière des plus grandes scènes du monde. Des fantômes des petits frères à la voix de la grand-mère puis à la douceur de sa mère. Cette mère qui lui a transmis le goût de la couture, du travail bien fait. Les catalogues des costumes français dans le coin de la pièce. Des heures à voir et à faire des robes de Dior, de Lanvin...

    Oui. Raoul est couturier, costumier, acteur, chanteur. Comme tous les êtres brillants, il est polyvalent. Multiple. Joueur, rieur, fin observateur. Malicieux, tendre, inventif, mélancolique.

    Entrons dans la constellation de Raoul Fernandez.

    Suivons le fil de la tendresse bienveillante de la mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo. Fragilités, couleurs, émotions. De l'ombre à lumière. Du costumier à l'acteur, de l'acteur au metteur en scène, deux constellations se font écho. L'intime se révèle. Et cette part de l'intime ne serait-elle pas cet "entre-deux" ?

    Un entre-deux. Sommes-nous de la terre où nous sommes nés ? Ou bien sommes-nous seulement de celle où nous vivons ? Être ici et pourtant d'ailleurs. Impossible d'être uniquement de là-bas. Ce léger accent, ce léger attachement à cet endroit fantomatique. Cette terre native qui chante, enchante et hante. L'Amérique latine mère des constellations de Raoul Fernandez et de Marcial Di Fonzo Bo. Marcial est né à Buenos Aires, Raoul, quant à lui, est né à El Tránsito au Salvador.

    Sous les projecteurs, les mots d'une vie. Nous voyons les parois blanches de El Tránsito. Nous sentons la mer. Nous pleurons les enfants perdus. La folie d'un père. Le bruit de la machine à coudre. Les drames sont des joies. Les joies sont des drames. Au milieu de ces odeurs, de ces couleurs, des glaces de la rue principale, le fil d'une vie se lance, s'étire, s'agrafe. Paris comme lumière, comme rêve.

    Raoul aime Molière. La langue française c'est comme cela qui l'a apprise. "Le scandale du monde est ce qui fait l’offense Et ce n’est pas pécher que pécher en silence (Molière, Tartuffe)."

    Raoul part. Il traverse un océan.

    Raoul rencontre Raúl Damonte Botana (Copi). Il lui fera les costumes. Mais Copi lui fera découvrir la joie de s'affirmer. Quoi de mieux qu'une perruque ? L'entre deux revient dans une valse incessante.

    Si vous me réduisez au désespoir, je vous avertis qu’une femme en cet état est capable de tout. (Molière, Georges Dandin)”

    Raoul est une très belle femme.

    Comme toutes les femmes, il cherche à avoir des seins. "Mes nichons poussent". L'identité est une effervescence, elle ne peut se résumer à un seul genre, à un seul lieu.

    Raoul rencontre Rudolf Noureev directeur du ballet de l'Opéra de Paris. Il fera les costumes, savourera les opéras depuis les coulisses.

    Raoul rencontre Stanislas Nordey qui le fera monter sur la scène. La fin des coulisses pour Raoul. La scène. La lumière. Le désir. Les mots sortent, les mots se dévoilent. L'acteur se révèle.

    Raoul rencontre Marcial Di Fonzo Bo. La scène théâtrale se fait moins clivante. Le cinéma entre sur scène. Il devient lumière, danse, transe, transition. Joie, joyau. Le portrait de Raoul est un festival de couleurs, de points, de plis, de déliés, d'odeurs, de souvenirs, de voyages, de tendresses.

    Une vie c'est un imaginaire. C'est aussi la force des fantômes qui la hante. Nous cheminons avec délice sur le fil d'une vie. Une pièce sur mesure, réalisée à plusieurs mains.

    Émotions flamboyantes d'une vie.

    Raoul Fernandez constellation magnifique.

     

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    Avec Raoul Fernandez

    Mise en scène Marcial Di Fonzo Bo

    Production : Comédie de Caen-CDN de Normandie.

     

     

  • 21 rue des sources

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    Quel doux nom de rue. Ne trouvez-vous pas ? Elle chante comme une fontaine de jouvence. Le jour s'y lève sur les rêves d'une famille. Une vie. Des vies. Une mélodie familiale. La guerre et ses frayeurs : ses découvertes et ses pertes. Le bruit des bombes, des premières amours. La maison tient toujours. Solide bâtisse où tout y vit, tout y vibre, même les ombres. Surtout les ombres. À hauteur d'enfant, nous nous glissons dans leurs coulisses. Nous savourons les pommes, ramassons les fleurs, jouons avec le chien. Ce chien qui du fond des âges nous revient. Comme une lumière de printemps.

    Fin de la guerre, la joie, la libération. La maison ouvrière est devenue bourgeoise. Changement de génération autour d'une maison "épicerie".

    Que trouvons-nous dans une épicerie ? Des odeurs, des saveurs, des trucs, des astuces. Nous sommes ici dans une pièce de Philippe Minyana. Nul doute possible. Les inventaires des délices comme des silences sont là. Les détails s'écrivent autour d'une facilité de la langue. Facile cela signifie juste. Efficace. Sensible. Hyper-sensible pour être à la mode. Toujours à la limite. Toujours à la faille. Toujours face au précipice.

    Une joie sautille, un humour grinçant se dessine. C'est pur, c'est tendu. Cette langue fragile et douce, forte et féroce, nous accompagne. Elle est souple. Elle virevolte. Elle sait se saisir du temps. Suspendue, elle regarde l'espace. Il n'y a pas de plus belle langue théâtrale.

    Soudain. Vous vous surprenez à en dire les mots. Elle est dans votre mémoire. Elle joue avec vous. Elle vous invite dans cette maison pour une visite extraordinaire et joyeuse.

    Assis, debout, volant. Vous êtes là. Vous suivez cette langue. Avec elle, vous prenez corps dans le souvenir. Deux fantômes vous y accompagnent. Laurent Charpentier et Catherine Matisse.

    Deux lueurs, je n'ai pas envie de dire "acteurs". Deux fantômes, deux présences incroyables. Deux voix splendides. Deux chants. Deux histoires parallèles. Ce dialogue est-il possible ? Il est une joie, une tendresse, une jubilation. Corps, sans corps ou double perspective des souvenirs.

    Ils jouent de pièce en pièce, de charme en charme. Ici la cuisine. Ici le salon. Ils nous entraînent dans les méandres de cette maison. Regards sur leurs passés croisés, communs. Tout se déplie. Ils touchent en écho. Grandeurs et décadences de cette famille. Dès les premières phrases, nous sommes cueillis. "Fatigués de cette journée..." Invitation au voyage.

    « Tu les entends ? » « Oui je les entends. » Mais qui entendons-nous ? Qui attendons-nous ? Deux fantômes énigmatiques. Fiers de leurs beaux costumes retrouvés ? Sincérité étincelante des choix de Raoul Fernandez (costumier). Le blanc. Plus tout à fait blanc. Blanc du mariage, de la mort, des souvenirs écornés.

    Nous aussi, nous les entendons. Au milieu des souvenirs, jaillissent les HLM, les voitures, la fin des Trente Glorieuses. Nous suivons le fil. Cette lumière tendre d'où procède l'imaginaire. L'espace se dessine furtif. Nous allons de pièce en pièce avec les nuanciers de Marylin Alasset (scénographie /lumière). Qu'il est doux de donner l'espace à l'imaginaire du spectateur. Il peut ainsi vagabonder dans les photos souvenirs, les joies perdues, les innocences cachées, les rires, les maladresses. Tout se conserve dans cette famille.

    Et puis il y a cette douce mélodie. Ponctuations de notes qui nous conduisent entre les larmes des souvenirs et les joies des drames. Nicolas Ducloux se joue du piano. Il épaissit les souvenirs. Il redonne du corps à ses deux fantômes. Nos deux amis de la soirée.

    « C'est là que je suis morte » dit madame Avril. « Je me suis offert un platane » dit l'Ami. Écoutez, il n'y a pas de drame. Juste la vie. Pas de tristesse. Juste de la mélancolie. « L'ordre des choses est toujours un désordre » dit l'Ami.

    Comme le souligne Philippe Minyana "Les Mots fabriqueront la Fiction ! Et on entendra la belle et terrible histoire des Trente Glorieuses ; métamorphoses et mutations ! Passions et mortifications ! Une vie, des vies ordinaires, donc exemplaires. La vie d'une maison comme la métaphore d'une civilisation en mouvement, comme le reflet d'un fragment d'histoire. Vérité déformée, aléatoire, universelle."

    J'ai aimé ces fantômes. J'étais bien avec eux au coeur de la malice de leurs souvenirs. Avec eux se dessine la profonde tendresse de l'auteur pour l'humanité des humbles. 

     

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    Texte et mise en scène : Philippe Minyana
    Avec : Laurent Charpentier, Catherine Matisse
    Pianiste : Nicolas Ducloux
    Costumes : Raoul Fernandez
    Magie : Benoit Dattez
    Scénographie / lumière : Marylin Alasset
    Assistant à la mise en scène et servant de scène : Julien Avril

    Durée : 1h30

    Production : Centre Dramatique National Nancy Lorraine, La Manufacture
    Coproduction : La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc ; Comédie de Caen, CDN de Normandie ; Théâtre du Rond-Point, Paris
    Texte lauréat de la Commission Nationale d’Aide à la Création de textes dramatiques-ARTCENA
    Compagnie en résidence à La Passerelle, scène nationale de Saint-Brieuc

  • Rabbit Hole

    0x1200x17698-or.jpgNous sommes vendredi 18 janvier 2019. Le froid bat les pavés parisiens. Les discours volent en tous les sens, comme autant de commentaires infinis sur le désordre social. Tout ceci rime dans mon esprit avec l'absence de réflexion, de mise en perspectives (un effondrement d'un système ne signifie pas la fin de tout, mais bien la nécessaire mise en commun de nos réflexions pour en élaborer un autre - cf. Traces de révoltes). Serions-nous en dissonance cognitive collective ? 

    Pourquoi cette introduction me direz-vous ? Parce que nous sommes des corps situés. Le contexte d'une rencontre, d'une découverte importe donc pour comprendre ce qui é-meut. Rendez-vous donc au Théâtre des Bouffes Parisiens pour découvrir la pièce Rabbit Hole.

    Il fait froid, il fait nuit, la journée a été longue de ces contradictions permanentes, et je ne vous cache pas mon a priori énorme à voir une pièce qui nécessairement allait me faire remonter des souvenirs.

    Lorsque j'ai lu le résumé de la pièce, mon envie de faire demi-tour était grande : "Une création tout en nuances et en émotions. Comment des parents peuvent-ils se remettre de la perte d'un enfant...? Loin des facilités du pathos, cette histoire nous plonge dans le quotidien d'une famille tentant de se reconstruire. Un quotidien sensible, lucide, souvent drôle, même, qui transcende les petites choses de l'ordinaire pour faire vibrer la profondeur de l'humain." 

     

    Disparaître ou continuer à aimer ?

    Quel est donc cet endroit où nous pourrions nous cacher ? Cacher notre douleur de cet amour impossible à se détacher de nous-même ? Sans doute est-ce là l'enjeu du "Rabbit Hole", ce trou de lapin où nous aimerions tous nous cacher quand rien peut aller à la suite de la perte tragique d'un enfant (ou d'un proche). David Lindsay-Abaire, l'auteur américain de cette pièce a sans doute eu cela en tête lorsqu'il a décidé d'écrire avec force et sincérité l'histoire de ce couple huit mois après la disparition de leur fils. 

    C'est  donc l’histoire de Becky (Julie Gayet) et Howard (Patrick Catalifo), qui tentent, chacun à leur manière de faire face à la mort de leur enfant de quatre ans, fauché par une voiture alors qu'il courait après son chien. L'univers bascule, les souvenirs envahissent le présent, la perte occupe l'espace de cette maison. L'onde de choc parcourt le plateau. Comment revenir à la vie ? Comment aimer à nouveau ? Le couple est entouré ici de Izzy (Lolita Chammah), la sœur de Becky qui tombe enceinte et ne sait pas comment l'annoncer à sa soeur et Nat (Christiane Cohendy), leur mère. 

     

    Dire avec le tranchant de l'humour

    Comment faire disparaître cette boule (de douleur) au fond de soi qui empêche d'avancer ?  David Lindsay-Abaire se joue des mots, du quotidien. Tout se révèle au fur et à mesure de la pièce. Les situations, les gestes, les phrases rien ne doit dépasser, rien ne doit provoquer le chagrin, la douleur des parents. 

    Là où je m'attendais à du pathologique, du drame en noir : surprise ! L'humour implacable de la langue et des absurdités du quotidien sont mises en avant. À chaque instant, jaillit un trait d'humour. Quand Becky parle de la crème caramel, quand Izzy raconte son altercation en boîte de nuit, ou quand Nat évoque le bruit autour des jouets offerts... L'humour noir entre Becky et Howard. L'humour tragique jaillit aussi au moment où les personnages perdent le contrôle, ne voyant plus leur maladresse (je pense ici où Nat évoque avec insistance la malédiction du clan Kennedy). 

    Il y aussi le renversement de nos biais cognitifs, nous pensons immédiatement que Howard semble plus armé pour survivre au drame et renouer avec une vie "normale"... Mais une fois au coeur de leur quotidien on s'aperçoit que la situation est plus complexe. Les douleurs respectives du couple mais également de leurs proches résonnent en écho. Comment s'en sortir ? Comment vivre après la perte ? "Rien ne sera plus comme avant" alors à quoi bon chercher ? 

    Ce fragment de vie passé au microscope, nous fait voir une chose remarquable: la vie en elle-même. Vivre c'est s'accrocher, se raccrocher, c'est un déséquilibre. Vivre, c'est faire résonner nos écorchures plus ou moins profondes. Sans cesse, sur le fil de l'humour. Il ne faut pas vous tromper en lisant le résumé de cette pièce, le fil conducteur n'est pas le pathologique mais l'amour (et son liant universel l'humour). 

     

     

    Des acteurs remarquables 

    Comment entrer dans ces rôle complexes sans y laisser des plumes ? Comment faire la part des choses entre les douleurs des personnages et ses propres douleurs ?

    Je dois avouer ici que j'ai complètement découvert Julie Gayet. Une révélation en mère forte et fragile. Elle incarne Becky. Elle veut dire sa douleur de mère tout en cherchant à faire sans son fils. En violences contenues, en mots jetés, rattrapés, en gestes pour dire sans dire. Je l'ai trouvée renversante de sincérité.  

    Face à elle, Patrick Catalifo incarne Howard (son mari). Une présence scénique puissante et fragile. On le voit comme mari, mais il est le père. Et c'est dans ce renversement permanent du père qui veut dire sa douleur et du mari qui veut aider sa femme à s'en sortir que Patrick Catalifo prend une dimension magnifique. 

    Lolita Chammah incarne Izzy (la soeur) de façon à la fois sublime et fantasque. Une énergie à toute épreuve, un humour incisif, une belle et attachante présence. 

    Renan Prévot qui incarne le jeune conducteur joue à la perfection sa présence fragile, perdue, déboussolée, déboussolante. 

    Christiane Cohendy (Nat) en mère de Becky est totalement bouleversante de justesse. Elle une palpitation. Elle qui doit ou devrait consoler sa fille, tout en soutenant la grossesse de son autre fille, tout en pleurant la perte de son petit fils, tout en revivant la mort de son fils. Il y a chez Christiane Cohendy une magnifique facilité à être ce personnage. Elle lui donne corps, faisant régner la mélodie des fractales temporelles.

     

    Comment conclure ?

    Maison ouverte, mouvante. Claudia Stavisky et le scénographe Alexandre de Dardel ont mis en écho les souvenirs par des jeux d'espace qui se plient, se replient, se déplient. Où l'humour transcende la douleur, où les pas des uns font danser les souvenirs des autres. Ainsi portée et orchestrée, Rabbit Hole est une pièce qui donne envie de retrouver sa joie de vivre, son humanité. Une bouffée d'air frais. Une véritable leçon d'amour.

     

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    Mise en scène : Claudia Stavisky 

    Adaptation : Marc Lesage

    Distribution : Julie Gayet, Patrick Catalifo, Lolita Chammah, Christiane Cohendy, Renan Prévot

    Informations & Réservations : Guichet - 4, rue Monsigny,  75002   Paris

    Tél. location : 01.42.96.92.42 / 01.42.96.92.44 Fax location : 01.42.86.88.73