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  • Zunyi - 遵義

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    Ce week-end, offrons-nous une respiration à Zunyi, une ville au coeur de la Chine. Cette ville se trouve au nord de la province de Guizhou (貴州省 ). Cette région est, quant à elle, située au Sud de la Chine. Montagneuse et difficile d'accès, cette région a souvent été "oubliée". Sans doute était-ce pour mieux en préserver les légendes. 

    Cette région est cependant au centre de l'histoire même de la Chine. Elle abrite près de dix-sept ethnies minoritaires dont les Miaos () - le peuple des rizières -, les Buyeis (布依族) - une ethnie majoritairement animiste -, les Dongs (侗族) un peuple des montagnes dont les chants sont adaptés à chaque situation de la vie- les Zhuangs (壯族). 

    Autant dire que cette province est faite de milles visages, de mille coutumes. Chaque recoin de ses montagnes abritent une histoire, une vision, une danse entre les nuages. Les vents se jouent de l'horizon. Les collines se dressent en un dragon fier. Et si vous êtes attentifs, vous pouvez décelé à l'oeil nu des ruines qui se dressent. Elles veillent encore. Il s'agit des ruines de Hailongtun (海龙屯) littéralement le Château du Dragon de mer. Depuis 2015, elles sont classées "monument du patrimoine mondial de l'humanité" auprès de l'UNESCO.

     

    Hailongtun (海龙屯) : entre mythologie & histoire

    Construit, par le magistrat local Yang Wen, en 1257 (pendant la Dynastie Song du Sud). Cette construction a défendu la région contre les envahisseurs et notamment les forces mongoles. Elle a également servi de protection aux dynasties Yuan (1271-1368) Ming (1368-1644) et suivantes. Plus qu'une simple garnison militaire, le complexe est en quelque sorte une ville ancienne en miniature, avec un palais, des temples ancestrales, des quartiers, un entrepôt et une clinique. Il a été localement conçu et construit à travers la collaboration entre des architectes issus de différentes origines ethniques (dont les Hans, Miaos, Gelaos et Tujias) et se distingue par son mélange distinctif de caractéristiques architecturales.

    Cette forteresse légendaire a une histoire commune avec celle de la famille Yang, qui a dominé la région pendant des siècles. À la fin de la dynastie des Tang, Bozhou a été dépassée par le régime voisin de Nanzhao, et les forces Tang menées par Yang Duan ont été envoyées pour le récupérer. Après sa victoire, Yang Duan est resté dans la région pour gouverner, marquant le début de la domination de sa famille. Son fils a hérité de son titre.

    En 1573, Yang Yinglong hérite ainsi du poste de gouverneur de Bozhou. À l'époque, la dynastie des Ming avait une politique laxiste à l'égard des responsables régionaux des régions du sud-ouest, qu'il considérait comme des eaux secondaires minoritaires. Tant que les régions ont envoyé l'hommage requis à la cour impériale, les dirigeants locaux avaient le droit de faire ce qu'ils voulaient. Avec ses terres fertiles et sa récolte abondante, Bozhou était convoitée par des seigneurs de guerre au Sichuan et au Guizhou. Soutenue par une armée considérable, Yang Yinglong a mené un style de vie extravagant et a régi avec un poing de fer.

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    Mais lorsqu'il a tué sa femme à la suite d'une altercation, les responsables de Guizhou l'ont signalé à l'autorité centrale. Ils l'ont également accusé de tentatives de rebellions. L'empereur de Song a alors envoyé une armée de 240 000 personnes pour assiéger Hailongtun. Après une bataille sanglante qui a duré 114 jours, les forces impériales ont traversé les fortifications arrière de Hailongtun. Yang Yinglong s'est enfermé avec deux concubines dans une pièce et il a mis le feu. Les forces impériales ont organisé un massacre, décapitant plus de 20 000 habitants. Ce massacre, est sans doute, l'un des pires de l'histoire de la Chine, met fin à 725 ans de règne de la famille Yang dans la région.

    Donc au détour des collines verdoyantes c'est cette histoire qui vous regarde. Il a fallu beaucoup d'ingéniosité pour créer ses escaliers au coeur d'une végétation intense. Un dédale de marches conduit à des portes ancestrales. Les mille couleurs du jour, vous entraînent dans la magie des lieux. Les marches qui mènent aux portes, aux temples, vous font avaler un dénivelé de près de 500 mètres par endroit. Sans doute est-ce là le vertige historique qui se fait ressentir. 

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    L'histoire en marche

    Cependant l'histoire passée ne doit pas faire oublier celle du présent. Faisons un bon historique et arrivons au XX° siècle. 

    Zunyi abrite le lieu de la Conférence du Comité central du Parti communiste chinois de 1935. Lors de cette réunion, le parti a décidé de corriger ses erreurs antérieures dans l'élaboration des politiques et a convenu d'une nouvelle approche stratégique. La salle de conférence existe toujours et le visiteur est "accueilli" par Mao Zedong.

    Selon l'histoire officielle du Parti communiste de Chine, la Conférence de Zunyi a été un moment crucial dans le développement de l'Armée rouge et pour le parti lui-même. Au cours de la réunion, l'extrême «pensée gauchiste» de Wang Ming, ancien chef du parti, a été rejetée. Le mouvement a fini par sauver à la fois l'Armée rouge et le parti de la disparition.

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    Sur les pentes de la montagne Xiaolong se trouve le cimetière des soldats de l'Armée rouge. Couvert par une végétation luxuriante, le cimetière a été construit pour faire face au fleuve Xiangjiang. En face du cimetière se trouve un monument mettant en vedette de grands personnages manuscrits en or par le leader de l'état tardif, Deng Xiaoping, qui a lu: "Les martyrs de l'Armée rouge sont immortels". Juste derrière le monument se trouve le tombeau de Deng Ping, chef d'état-major de la Troisième Armée rouge Corps. Soixante-dix-sept soldats sont enterrés à côté de lui, le plus jeune à peine 20 ans.

    Vous trouverez également l'histoire de ce jeune médecin. En janvier 1935, tandis que l'Armée rouge traversait la ville, une épidémie de fièvre typhoïde dévastait le village. Il a alors décidé de rester là et de venir en aide aux villageois. Retrouvé par les ennemis, il fut abattu. Sa tombe a été érigée par les villageois, et, génération après génération, les habitants viennent saluer et nettoyer sa tombe.

     

    Les beautés naturelles

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    Il faut aussi prendre le temps de se perdre dans les beautés sculptées par la nature. Et notamment la zone de Chishui (赤水). Un lieu unique où les montagnes sont rouges, où l'eau elle-même devient rouge. Les cascades défient l'horizon. Elles emportent les secrets du monde dans les entrailles de la terre. Elles jaillissent tel un printemps, nous rappelant que le dragon veille. Les forêts de bambous surprennent et émerveillent.

     

    C'est sur cet émerveillement que j'ai envie de vous laisser. Il est une clef pour comprendre la Chine. Il faut dépasser ce que nous croyons savoir, pour aller au coeur des beautés de ce pays. Nous devons nous attarder sur chaque histoire pour en comprendre l'évolution, la vision. Zunyi éclaire l'un des mystères : celui de la culture "Tusi". Ce système "tusi" découle, lui-même, des systèmes de gouvernance dynastique des minorités ethniques (datant du IIIe siècle av. J.-C.). Il avait pour but d’unifier l’administration nationale, tout en permettant aux minorités ethniques de préserver leurs coutumes et leurs modes de vie. Les sites de Laosicheng, de Tangya et de la forteresse de Hailongtun apportent un témoignage exceptionnel sur cette forme de gouvernance issue de la civilisation chinoise des époques Yuan et Ming. Laissez-vous emporter par les mystères de cette région de Chine, partez à la rencontre de ses collines aux mille histoires. 

     

  • Trump, la Chine et ses voisins

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    Ce matin a eu lieu la conférence Donald Trump face à la Chine. Rendez-vous pris au café Le Procope à Paris pour écouter et rencontrer notamment : Pascal Abb (chercheur au German Institute of Global and Area Studies), Emmanuel Dubois de Prisque (chercheur associé à l'Institut Thomas More), Yannick Mireur (directeur de Nexus Forum, politologue spécialiste des Etats-Unis) et Benoît de Tréglodé, (directeur de recherche à l'IRSEM). 

    Chacun a écrit un article dans le numéro 48 de la revue Monde Chinois. Dans l'éditorial co-signé Emmanuel Dubois de Prisque et Jean-Yves Heurtebise, il est indiqué "par coïncidence dont l'Histoire a le secret, le 9 janvier 2017, quelques jours avant l'investiture de Donald Trump décédait le philosophe juif polonais, naturalisé britannique, Zygmunt Bauman, qui dans son oeuvre démontra à quel point la société postmoderne qui est la nôtre est marquée par un brouillage de toutes les distinctions qui restaient fondatrices de la modernité". 

    Pour ma part, ce brouillage est très intéressant, car il est créatif. Il est comme le déséquilibre permanent de la marche. En ce sens, il nous fait revenir à ce que l'humanité a oublié d'elle-même : le nomadisme. 

    La revue se propose de résoudre une équation nouvelle "quel type d'influence l'administration de Trump pourra-t-elle exercer dans des pays situés dans la proximité immédiate de la Chine, où Pékin semble vouloir avancer ses pions de façon résolue, dans un contexte d'interrogations profondes sur la présence américaine ?"

    Ce sont en suite quinze articles qui sont proposés aux yeux du lecteur attentifs. Des articles pointus, longuement muris de recherches et de confrontations. Ce matin, quatre auteurs ont présenté les grandes lignas de leurs articles. Yannick Mireur propose une mise à plat explicite de la stratégie chinoise en mer de Chine afin de clarifier des enjeux commerciaux avec les Etats-Unis. Pascal Abb pose habilement la question de l'élection de Trump dans les yeux chinois. Résonne quelque part un "mais comment est-ce possible ?" Emmanuel Dubois de Prisque  propose un regard différent en partant de l'analyse de certains discours de Xi Jinping, il propose de s'interroger sur le côté législatif ancestral de la Chine. Cet aspect serait-il un empêchement pour la Chine d'avancer librement pour prendre la place de numéro un mondial ? Enfin Benoît de Tréglodé nous dessine la politique vietnamienne avec comme facteur la Chine. A-t-elle plusieurs possibilités ? Doit-elle valoriser ses échanges avec les États-Unis ou bien tenter un équilibre dangereux entre deux puissances ?  

    Evidemment, il ne faut pas résumer en une phrase ces interventions. Les articles proposent des éclaircissements sur une situation complexe. Chacun laisse la possibilité de s'interroger sur le rôle de l'Europe dans le futur équilibre du monde. 

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    Lors de la discussion, un invité soulève la question de la "critique" et pose comme équation que "la Chine n'aime pas être critiquée"... puis prend pour exemple des sujets du type "la censure, le Tibet, etc." et que "lors de sa visite, tous ses mails ont été lus"... 

    Nous sommes en France et à nouveau ces sujets...

    Pauvre pensée française... 

    Il est intéressant d'opposer déjà que l'ensemble de nos mails sont lus par Google, Facebook, etc. Que nos téléphones sont des espions formidables. Bref donc pas besoin d'être en Chine pour que nos messages soient vus. 

    Je vais ici davantage revenir à cette notion "d'esprit critique". Je ris, je ris, je ris... Sommes-nous capables de critiquer la France ou le pays d'où nous venons avec autant de force que lorsque nous évoquons la Chine ? 

    La réponse est non (voir mon article sur Shaoyo Liu)... 

    Pourquoi ? Car nous sommes, depuis notre tendre enfance, bercés dans une pensée occidentales. Celle-ci est faite d'hégémonie et donc de domination. Les occidentaux colonisent, dominent, domptent, imposent... Comme autour de cette table, finalement, les invités chinois n'ont pas pris la parole. Très peu, à la fin, certes. Mais reprenons, nous sommes, intolérants, voilà ce que nous sommes. Des donneurs de leçon. Je m'inclus, malgré moi, car j'appartiens à cette culture occidentale. Cette culture qui me limite, ferme mon regard. Cette culture dont je dois sans cesse repousser les limites pour voir autrement. 

    A chaque débat sur la Chine, il y a toujours cette crainte sous-jacente de la domination du monde par la Chine (voir mon article sur les craintes occidentales).

    C'est amusant, la Chine représente la plus vieille civilisation. Elle a tout vu, tout vécu, inventé mille techniques (que nous avons pillé par la suite)... et aujourd'hui, nous ne sommes pas capables de prendre des leçons de la Chine. A nouveau, au lieu d'écouter pour essayer de comprendre, d'appréhender, nous voulons imposer nos certitudes. Ne serions-nous pas devenus trop prétentieux ?

    Comment pouvons-nous croire que notre système de pensée est-il encore juste ? L'élection de Trump montre à quel point, nous sommes arrivés au bout de ce dernier. Il est à bout de souffle. Au lieu de nous asseoir pour en imaginer un de nouveau, nous souhaitons le poursuivre, le prolonger jusqu'à explosion complète de notre planète. Et le mieux, c'est que nous avons un coupable tout désigné en cas d'implosion de notre système : la Chine. 

    Cette pensée est bel et bien enracinée en tous les occidentaux. Le regard fixé contre l'ennemi. Là encore, j'insiste, nous devrions remercier Emmanuel Kant (pour sa leçon géographique de la philosophie), ou même les premiers jésuites venus en Chine pour la christianiser. Les difficultés qu'ils notèrent c'est qu'ils n'arrivaient pas à faire comprendre les concepts. Et oui, comment faire entendre une pensée enracinée à des esprits qui pensent mouvement, flux, système ?

    Des siècles plus tard, nous retrouvons les mêmes barrières. Les mêmes schémas mentaux. Sauf que comme à son habitude, la Chine écoute, cherche à intégrer, pendant que les occidentaux cherchent à imposer, un rythme, une pensée. D'un côté la Chine embrasse, pendant que l'Occident oriente, ferme, segmente. 

    Parler de la Chine c'est subsumer 56 ethnies, un territoire immense, varié. Donc, ne devrions-nous pas ouvrir nos yeux, nos oreilles et apprendre ? Pouvons-nous seulement appréhender une telle diversité ? 

    Pour qu'il y ait équilibre du monde, nous devons apprendre à voir autrement. A saisir le monde de façon plus poétique (dans le sens de son mouvement). Le monde est organique, vivant, mouvant...Il suffit de s'intéresser quelque peu à l'histoire de l'écriture chinoise, pour voir que la Chine l'a bien compris.

    Voilà ce que je retiens de cette rencontre : à nouveau notre rationalité doit être interrogée. Nous devons reconnaître les limites de notre culture, analyser nos propres défaillances. Ce n'est qu'à ce prix, que nous pourrons inventer un nouveau système inclusif, coxistentiel. Notre société ne sera réellement post-moderne que si nous acceptons de sortir de la modernité en re-formatant les lumières. 

     

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    Pour vous procurer la revue, rendez-vous sur le site des Éditions EKSA! 

     

  • La Route de la Soie

    Une fois n'est pas coutume, j'ai pris mon temps pour écrire à nouveau sur ce blog. Oui j'aurais pu commenter les élections présidentielles françaises, ajouter du bruit au brouillard démocratique. Vous dire que les dés étaient bipés depuis l'été. Evidemment, j'aurais développé l'idée que cette élection est le signe d'une victoire d'une génération sans mémoire. C'est le cas. Quand on vit dans l'immédiateté, on ignore son passé, sa culture... qui ignore son passé ne peut avoir d'avenir. Que tout ceci nous éloigne du sens de l'humanité. Vous voyez, j'aurais pu être pessimiste. 

    Hier, une étudiante, me dit  : "quoi vous devriez être à Pékin et vous êtes là avec nous ! Mais vous êtes folle !" Sans doute, ai-je loupé l'occasion unique de rencontrer Xi Jinping, d'assister, en direct, à l'un de ses plus beaux discours. Sans doute. 

     

    La Route de la Soie un projet unique

    Donc ce matin j'écoute en direct, mais depuis Paris, cette rencontre où 29 chefs d'état viennent parler de cette renaissance officielle de la Route de la Soie. Cette entreprise d'une envergure immense va redessiner le paysage géopolitique mondial. Elle vise à rouvrir et aménager des routes commerciales qui, pour certaines, empruntent les célèbres et antiques " routes de la Soie " suivies par les caravaniers du IIe siècle avant notre ère au XVe siècle. Ces routes je les ai empruntées, traversées pendant des mois en Chine. Par sa dimension, par les bouleversements culturels que cette route entraîne, c'est un projet qui réveille les peurs occidentales (voir mon article du 21 janvier 2017)

    J'étais là lors des premiers débats en 2014, à Dunhuang où j'ai appris à entendre les discours des experts, découvrir les voies ferrées, imaginer les voies maritimes. Les cartes défilaient, les agencements...

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    Certains experts en géopolitique diront que cette idée est, avant tout, une idée occidentale pour générer un gain de temps dans les échanges commerciaux, particulièrement depuis leurs usines de production en Chine. 

    Le projet OBOR est notamment constitué du tronçon d'autoroute de 213 kilomètres entre Kashgar et Erkeshtam (ce dernier est entré en service en septembre 2013). La partie chinoise de cette route sera constituée des passages par Lianyungang, dans la Province du Jiangsu, et Xi'an, dans la Province du Shaanxi, et par la région autonome ouïghour du Xinjiang.

    Cette route rejoint l'Europe en passant par le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Iran et la Turquie. Côté chinois, on achève le Xinsilu, une quatre-voies de 5 000 km qui relie la mer Jaune aux monts Tian. Un axe qui a pour but de délester la route maritime, par laquelle transitent des millions de conteneurs par an.

    Deux autres routes sont envisagées pour rejoindre l'Europe : une passant par le Kazakhstan et la Russie, et l'autre traversant le Kazakhstan via la mer Caspienne. Les travaux ne sont pas financés par l'Union européenne, qui n'apporte aucune aide logistique. Les bailleurs sont la Banque européenne de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque de développement islamique.

    Cette route permet notamment de faciliter le commerce entre la Chine populaire et les pays d'Asie centrale, dont les échanges s'élevaient à 25,2 milliards de dollars américains en 2008. Une liaison ferroviaire allant de la région autonome ouïghoure à l'Iran et desservant le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Afghanistan est également envisagée.

    La route du sud, via la Turquie et l'Iran, est pour l'instant délaissée en raison des sanctions de l'ONU imposées à l'Iran. Ce pays est par ailleurs en conflit avec ses voisins sur le partage des eaux de la mer Caspienne.

    Évidemment, les routes maritimes vont relier le continent africain, puis l'Argentine, le Chili, etc. Le monde tourne ainsi dans une proximité plus grande. 

     

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    La Route de la Soie un projet d'avant garde 

    Ee 2014, dans les colonnes de Chine-Info, j'écrivais un article sur la Route de la Soie. J'y indiquais "parler aujourd’hui de la « Route de la Soie » et se lancer dans sa construction moderne est un pari titanesque. Ce projet soulève tant de questions aussi bien techniques qu’environnementales, culturelles et sociales. En écoutant les différentes présentations, en prenant le temps de confronter ma vision de la « Route de la Soie » à celle proposée, je me suis aperçue que j’étais tournée vers le passé. Sans doute est-ce là un problème typiquement français. J’ai donc essayé de faire un schéma d’un côté la colonne contenant « ce que je sais de la route de la soie » et l’autre « le futur de la route de la soie ». La colonne de gauche était bien remplie. Elle comprend les histoires, les mythes, les biens échangés, les savoirs décortiqués, les attaques de brigands. Elle est peuplée de couleurs et de beaux paysages. De l’autre la colonne de droite demeure vide. Je m’aperçois que je ne m’étais jamais posée la question. Pourtant au fur et à mesure des débats, j’ai commencé à la dessiner. Elle est rapide, traverse des paysages somptueux peuplés d’histoires anciennes. Elle est écologique, les échanges se font sans problème aux frontières. Elle est un lien d’amitié entre les peuples. Cette route, cette ceinture, c’est l’avènement d’une nouvelle civilisation." 

     

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    En 2015, à Ürümqi, après avoir découvert le Xinjiang pendant plus d'un mois. Après avoir arpenté la Route de la Soie du nord, du sud, avoir traversé le désert du Taklamakan, j'ai participé au forum "Building the Silk Road". 

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    À nouveau, pour j'écris pour Chine-Info, un article qui sera suivi d'un petit livre de photographies (chez JFE)"Pour évoquer la Route de la Soie, il faudrait narrer les heures à imaginer sur une carte un impossible tracé. Et puis, il y eut l’audace de ma demande, celle de parcourir la zone qui se situe au Xinjiang, soit à peu près six mille kilomètres en passant par Ürümqi, Kuqa, Turpan, Kachgar, Hotan, Yengisar…

    Au fil des kilomètres, des paysages renversants, des lumières aux mille couleurs, des défis technologiques, des paris écologiques, des histoires singulières. Ici plus qu’ailleurs, la Chine dessine son histoire, elle est composée de ses ethnies. Nous oublions souvent que la Chine compte plus de cinquante ethnies ! Les visages, les corps sont différents, les habitudes aussi, le temps prolonge l’espace autrement. Les lumières s’attardent sur les déserts devenus des roches, les longs couloirs de vent font vibrer les éoliennes en une chorégraphie majestueuse. Le ballet de scintillement des panneaux solaires nous fait entrer dans une autre dimension. le Xinjiang d’aujourd’hui écrit celui de demain. Le futur est une impression du présent. Le passé est là, les vestiges partout ornent la route et apportent une halte de l’histoire. Le passé a une place bien particulière dans le Xinjiang : au travers des musées, des vestiges, des traces de route, etc."

    Un projet d'avant-garde ? Cela signifie, un projet qui porte en son coeur l'union des civilisations. La possibilité d'avancer ensemble, de révéler une fraternité entre les peuples, les civilisations. Je ne vais pas ici rappeler que, pour moi, la fin des lumières riment avec la fabuleuse leçon de géographie philosophique d'Emmanuel Kant. Pour réinventer les Lumières nous avons besoin de cette route. Elle est l'équilibre du monde. Mais pour que cet équilibre ait lieu, il va falloir que, de notre côté, nous dépassions nos barrières mentales. Et ceci n'est rendu possible que par la pédagogie.

     

    La Route de la Soie a besoin de pédagogie 

    Ce matin Xi Jinping affirme "s'étendant sur des milliers de kilomètres et riche d'une histoire millénaire, l'ancienne Route de la soie incarne l'esprit de la paix et la coopération, l'ouverture et l'inclusivité, l'apprentissage mutuel et les bénéfices réciproques". 

    Dans ses mots, il y a la philosophie du "gagnant-gagnant". Tout à la fois philosophie et stratégie, cette expression est la grande angoisse occidentale.

    C'est précisément cela qui m'intéresse, éviter que les habitudes culturelles de notre pensée enracinée fassent reculer ce projet collaboratif. Une des raisons qui m'ont fait choisir de rester à Paris ce week-end et d'enseigner la communication de crise, c'est pour montrer combien, il est facile de programmer un cerveau, en lui donnant à voir une seule partie de l'information. Alors, oui, en France nous avons, comme par hasard, Dominique de Villepin et Jean-Pierre Raffarin qui vont représenter les intérêts français, évoquer des stratégies commerciales... Et vous allez aussi entendre parler de la Route de la Soie de façon négative (voir comme "La Route de la Soie : Pékin déploie ses tentacules" dans Libération)

    En 2014, déjà je notais que certes la Route de la Soie allait devoir inventer, générer une nouvelle vision de l'économie. Avec des notions de monnaies nécessaires, des indicateurs locaux de bien-être, mais aussi et surtout déployer une pédagogie immense. Eduquer, éduquer, éduquer pour éviter les freins d'une opinion publique noyée dans la désinformation, les fake news et dont l'ennemi principal n'est ni Daesh ni l'Arabie Saoudite, ou autre, mais bien la Chine. Le géant qui fait peur... Pourquoi en est-il ainsi ? Simplement parce que la pensée chinoise est une pensée du flux, du mouvement, elle est organique, mouvante, vivante... tandis que notre pensée occidentale est enracinée. Par le fait même de cet enracinement, elle est limitée, bloquée, coincée dans un choix perpétuel entre le "bien" et le "mal", entre "gagner" ou "perdre". Or la Route de la Soie est à l'inverse : humaine, faite d'échanges. Elle tisse les liens entre les individus, entre les savoirs. 

    En 2014, je concluais ainsi "De l’éducation à la politique, de la pensée à la réalisation, ce rêve chinois me porte. Cette route de la soie réveille le mythe de l’ailleurs, la volonté de se dépasser, de se transcender afin de bâtir ensemble quelque chose de meilleur, de nouveau. En revenant à Paris, je ne cesse d’y penser. Construire une société moderne, c’est lui donner la matière d’un rêve à bâtir, c’est rassembler les volontés, à ce moment là seulement l’harmonie peut naître. Comme un juste équilibre entre le corps et l’esprit, entre l’individu et le collectif."

    Nous sommes en 2017, et j'essaye d'être fidèle à cette vision d'ouverture avec la mise en place d'une maison d'édition indépendante : La Route de la Soie - Éditions. Et évidemment, je continuerai à enseigner, à faire prendre conscience de nos enfermements culturels.

    Evidemment, écrire, photographier, rencontrer, faire parler les cultures, les légendes, plusieurs ouvrages sont à venir en ce sens... et parce que je partage complètement cette idée émise, ce matin, par Xi Jinping : "L'esprit de la Route de la soie est devenu un grand héritage de la civilisation de l'humanité" je mettrai en oeuvre un projet qui me tient à coeur : un lieu d'éducation, d'apprentissage des civilisations.

    Tout ne se fera pas en un jour, mais comme le dit Ella Maillart :

    "l'impossible recule face à celui qui avance". 

    Voilà pourquoi j'ai choisi de venir vous enseigner hier. Une pierre de touche face à l'impossible. Et qui sait, demain, peut-être, aurais-je la chance de rencontrer Xi Jinping en direct.  A mes étudiants, je dirai simplement ceci "La Route continue, les rêves aussi, ne lâchez rien, ne baissez jamais les bras, tout est possible"...

  • Si on parlait de Shaoyo Liu ?

    Nous allons revenir sur un fait d'actualité : le décès de Shaoyo Liu. 

    Rappelons les faits : ce père de famille avait une paire de ciseaux dans la main, chez lui, un policer de la BAC est entré et a tiré. Non le policier n'a pas été victime d'une agression... Bizarre... Bizarre...

    Pourquoi devons-nous en parler ? Tout simplement, parce que ce sujet a été mis en lumière de façon inappropriée... et totalement raciste ! Enfin c'est vrai quoi du moment que cela touche "un chinois", en France, tout le monde s'en fout. Et pourtant, nous devrions voir cela comme un indice du traitement différenciant et/ou différencié de l'information.

    "Chinois" pour qualifier toutes les personnes venant d'Asie... N'oublions pas que le nems ne sont pas chinois, et là revient très vite l'idée que "tous les bridés" sont les mêmes. Racisme, racisme quand tu nous tiens. 

    Mais pour faire court... je vous laisse avec Océan Rose Marie qui a fait la chronique que j'aurais aimé faire en texte, mais bon comme la vidéo ça plait à tout le monde...

     

    Avec humour cela passe sans doute mieux. Mais il est certain qu'il faut continuer à ouvrir l'oeil et le bon en matière de médias.

    Quelles sont les suites, une semaine après. C'est assez simple, en fait, dès que des manifestations ont eu lieu, elles ont été intitulées "manifestation en soutien au chinois tué". Une façon de détourner l'attention. Une autre consiste à faire "fuiter" un document du renseignement intérieur (DGSI)... ou comme l'indique le Parisien "une note secrète sur les incidents à Paris"...

    Et là vous ne devriez même pas aller au-delà de ce titre pour comprendre qu'il s'agit d'un coup monté.

    Tour à tour dans l'article vous aurez le droit à la mafia et aux agents secrets chinois. Et encore mieux, on note qu'une nouvelle génération "chinoise" serait entrain de se rebeller contre le gouvernement chinois mais aussi contre la mafia...

    Bref... nous sommes prévenus si la communauté chinoise s'agite, c'est qu'il s'agit d'un complot... En d'autres termes, ce n'est pas encore aujourd'hui que la communauté chinoise aura le droit à la parole et surtout qu'elle sera audible.