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indépendance - Page 2

  • La claque de Valls à la cour de cassation

    Ce vendredi 13 janvier 2017,  en présence des plus hauts magistrats de France mais aussi d’avocats, des représentants des institutions nationales et de la société civile et du garde des Sceaux, la Cour de cassation a tenu son audience solennelle.

    Pourquoi évoquer ici les "voeux" de la cour de cassation ? C'est amusant non ? Je plaisante... Vous pourriez me dire que cela n'a rien à voir avec le titre annoncé. Ah bon ? 

    Avant de perdre votre attention, une illustration. 

     

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    Rappel : qu'est-ce que la cour de cassation ?

    La Cour de cassation est la juridiction la plus élevée de l'ordre judiciaire français. Elle est, dans ce dernier, le pendant du Conseil d'État dans l'ordre administratif. Elle comprend une "chambre criminelle" et cinq "chambres civiles" (sociale, commerciale, droit des personnes, responsabilité civile, droit immobilier).

    Elle prononce donc prononce la cassation et l'annulation des décisions de justice qui ont été rendues au prix d'une méconnaissance de la loi. 

    Rappelons, par exemple, que dans le cadre de l'affaire (historique) Alfred Dreyfus, la Cour de Cassation a prononcé, en 1898, un arrêt qui évita que Dreyfus termine ses jours à l’île du Diable.

     

    La claque de Valls à l'indépendance de la cour de cassation 

     A la veille de son départ, Manuel Valls, premier ministre démissionnaire et candidat "socialiste" à la tête de l’Etat, signe discrètement un décret avant de confier ses fonctions à Bernard Cazeneuve.

    Ce décret n° 2016-1675 du 5 décembre 2016 innove en République d’une manière stupéfiante en « portant création de l’inspection générale de la justice ». En d'autres termes, l'exécutif prend le contrôle des juridictions judiciaires. 

    Ce contrôle existe déjà mais se limitait aux juridictions « du premier et du second degré ». Pour faire simple les tribunaux de grande instance et les cours d'appel. Mais le décret du 5 décembre supprime cette précision, faisant de facto entrer la Cour de cassation dans le champ de l'exécutif. Or, jusqu'ici, la plus haute juridiction française se contrôle elle-même, faisant une fois par an un rapport sur son fonctionnement à l'occasion de sa rentrée solennelle.

    Elle peut par ailleurs être auditée par la Cour des comptes, qui veille au bon usage des deniers publics.

    N'est-ce pas là une claque (pardon une gifle) démocratique phénoménale ?

     

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  • Eva Bartlet : et la liberté de parole ?

    Eva Bartlet, journaliste canadienne a récemment critiqué la couverture médiatique de la crise syrienne lors d'un sommet de l'ONU. Lors de cette conférence de presse organisée par la mission syrienne auprès de l'ONU, elle a qualifié d’«erronée» la couverture médiatique occidentale de la guerre en Syrie, affirmant que leurs sources de l'Occident n’étaient «pas crédibles» et même, dans le cas d'Alep, irréelles.

    Vous pouvez regarder ci-après la vidéo.

     

     

    Aujourd'hui elle dénonce les pressions qu'elle subit et les accusations qui lui sont adressées. Pour rappel, Eva Bartlett, est journaliste indépendante et militante des droits de l'homme.  Elle tient un blog sur RT.com (attention ceci est la plateforme médiatique russe - seul média qui embauche un tas de journalistes indépendants). 


  • Laurent Mauduit : Main basse sur l'information

     

    médias,manipulation,finance,indépendanceDepuis que j'ai commencé à travailler sur le langage, il y a bien longtemps en arborant fièrement un t-shirt avec des phrases de Samuel Beckett en seconde année de fac, ou encore dès le lycée en écoutant les conneries de mes camarades. Bref, j'ai attendu bien longtemps un livre comme celui-là. 

    Après le livre d'Ingrid Riocreux, je suis dans mon mois de lectures chanceuses. C'est vrai ! Enfin tout le monde s'y met, l'armure de la médiation se craquelle, les langues se délient.

    Et si concernant l'essai d'Ingrid Riocreux je partage bon nombre d'analyse, je dois faire remarquer que le consentement ne se fabrique plus. Il s'entretient. C'est fini, l'accès au mass média, à la culture de masse qui redemande des "ça pleut" ou des "télé-réalités où Nelson Mandela se confond avec un acteur américain", prolongent le consentement. On ne se demande plus "si on doit accepter les conditions d'utilisation de son smartphone". Cela commence là... 

    Bref, revenons au livre fabuleux de Laurent Mauduit. Hier, je ne l'ai pas lâché, je l'ai lu d'une phrase à l'autre en soulignant les passages truculents... Et il y en a tellement que j'ai eu la nausée. La nausée de ce monde que j'ai vu arriver, contre lequel je bataillais avec mes mots, choisissant constamment l'indépendance et son prix à payer : la précarité. 

    Qui détient les lignes téléphoniques, détient l'information ! En cours j'ai toujours dit aux étudiants qui détient l'information est le roi... Cela signifie aujourd'hui, comme évoqué dans l'article sur l'indépendance des médias, que tout média est possédé. Le terme possédé est ici très intéressant. 

    Qui possède le média, dénonce sa ligne éditoriale, change les équipes, balance des bons mots sur des livres à défendre (normal, ils appartiennent au même groupe)...

    Laurent Maudit me livre ici le complément d'information qu'il me manquait. L'ancrage dans l'histoire de la finance. Comme il le souligne à propos de Patrick Drahi (SFR) "Mais quiconque cherche à démêler l'invraisemblable lacis de holdings, groupes, sociétés, filiales ou sous-filiales de l'empire Drahi se perd dans un organigramme d'une infinie complexité, qui passe par d'innombrables pays et paradis fiscaux, et qui fait l'objet d'incessantes modifications" (Cf. p. 117).

    Pour moi c'est exactement cela, mais je n'ai jamais regardé à quel point tout n'est qu'entrelacs. Pourtant, j'aurais dû m'y pencher dès que j'ai mis un pied au secrétariat de la rédaction de l'Humanité. Simple remplaçante, mais tout était déjà visible. Le jeu des cartes déjà abattues. J'avais mis cela sur le compte de mon idéalisme, de ma jeunesse "rebelle"... 

    Mais que dire de Pierre Bergé au Monde ? "Tout le naufrage d journal est contenu dans ce pied de nez de l'histoire : Le Monde croqué par celui dont il a révélé jadis les manigances financières"(Cf. 240)

    Un peu plus loin Laurent Mauduit nous révèle les jeux d'influence de Matthieu Pigasse, Alain Minc, DSK, Xavier Niel et de tout ce petit monde de Euro-RSCG (Havas)... N'oublions pas Anne Hommel au milieu de cet univers. N'oublions pas non plus que souvent leur plume est Gilles Finchelstein (directeur de la Fondation Jean-Jaurès - dont le but consiste à « favoriser l’étude du mouvement ouvrier et du socialisme international, de promouvoir les idéaux démocratiques et humanistes par le débat d’idées et la recherche, de contribuer à la connaissance de l’homme et de son environnement, de mener des actions de coopération économique, culturelle et politique concourant à l’essor du pluralisme et de la démocratie dans le monde »). 

    Cette bonne blague !

    Et puis, évidemment, arrive dans quelques pages le chouchou des médias. Le "jeune loup", vous ne voyez toujours pas, attention, il porte rarement des cravates et est "en marche"... Et oui tout ne serait pas parfait sans cet autre banquier : Emmanuel Macron. 

    Le livre de Laurent Mauduit est plein de belles histoires nauséabondes à souhait. Mais son travail ne serait pas parfait s'il ne citait pas des auteurs qui ont fait l'histoire. De Hugo, à Blum en passant par Jaurès et cette phrase de Mirabeau "mais je soutiens que l'existence d'un bon livre ne doit pas plus être compromise que celle d'un bon citoyen ; l'une est aussi respectable que l'autre ; et l'on doit craindre également d'y attenter. Tuer un homme, c'est détruire une créature raisonnable, mais étouffer un bon livre, c'est tuer la raison elle-même" (Cf. p. 310).

    Il nous rappelle un peu plus loin que le même Robespierre (qui avait déclaré "la Liberté de la presse doit être entière et indéfinie, ou elle n'existe pas. Je ne vois que deux moyens de la modifier : l'un d'en assujettir l'usage à de certaines restrictions et à de certaines formalités, l'autre d'en réprimer l'abus par des lois pénales ; l'un et l'autre de ces deux objets exigent la plus sérieuse attention" (Cf. p. 316)) amende ses propres convictions le 19 avril 1793 en rétablissant la censure...

    Une respiration avec cette citation de Victor Hugo "permettez-moi, messieurs, en terminant ce peu de paroles, de déposer dans vos consciences une pensée qui, je le déclare, devrait selon moi dominer cette discussion : c'est que le principe de la liberté de la presse n'est pas moins essentiel, n'est pas moins sacré que le principe du suffrage universel" (Cf. p.319).

    Cet document fera date, c'est un travail minutieux. Je ne partage malheureusement pas sa conclusion optimiste, les rassemblements de journalistes, les nouvelles formes de résistances... Non... L'heure est malheureusement à l'écrasement des consciences, à l'oppression encore plus grande, au prolongement du consentement... Avant la refonte des médias, avant le réveil des plumes engagées, il y aura un long moment d'asservissement moderne. Un esclavage qui ne dit pas non nom : celui des esprits.

     

     

  • De la non indépendance des médias ;-)

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    Pour mémoire le mot "indépendance" apparaît en 1610. Il se  définit clairement comme une "absence de dépendance".

    Mais alors, plusieurs questions se posent : comment puis-je être indépendant ? Ecrire c'est choisir, choisir son angle, sa vision de l'histoire à défendre.

    Peu importe les erreurs. Nous en faisons tous. Nous défendons des causes qui nous semblent justes à un moment donné. Parfois, elles se révèlent pas aussi claires quelques mois ou années plus tard. Cela s'appelle l'apprentissage (du métier). Le terrain est plein d'obstacles, de jeux, de pièges et surtout de surprises. 

    Dès lors comment garantir la liberté de mon écriture si elle est encadrée ? Entrer dans une rédaction, c'est déjà faire un choix, c'est déjà accepter une ligne éditoriale. Une stratégie, une vision. Par principe de cohérence ou de conformité, on se plie à la règle. Sinon les risques sont là : relégation à d'autres tâches, perte de son job, le traitement retardé du paiement des piges, etc.

     

    Maintenant mettons-nous du côté du lecteur. Nous sommes tous des lecteurs, plus ou moins avisés. Mais nous "lisons" ce que l'on nous met entre les mains... Vous savez le matin dans l'urgence des transports pour aller au bureau.

    Nous aimons lire notre journal du matin ou l'entendre ou encore le voir... La revue de Presse française est un concentrée... Pas d'inquiétude pour qui possède quoi ? Tout est concentré...

    Tout est consterné ou consternant...

    En d'autres termes, il suffit de savoir quel(s) titre(s) vous lisez, pour savoir à qui votre cerveau appartient ! Ou votre opinion, votre bulletin de vote...

    Sur la carte n'apparaît pas l'Humanité... Mais je tiens à préciser que le journal cherche des fonds ouverts... mais c'est aussi :
    - 20% sont détenus par la Société des lecteurs et lectrices de l'Humanité
    - 20% par la Société Humanité Investissements Pluralisme (Hachette - TF1 - Caisse d'Epargne). Sur ce sujet je conseille de lire la note du PCF qui pose les questions de l'indépendance impossible de la ligne éditoriale avec ces fonds...
    - 10% par la Société des personnels de l'Humanité
    - 40,71% par des actionnaires individuels (représentant le Parti communiste)

    Mais alors comment garantir la liberté de la Presse ? La liberté peut-elle se réduire à la question de son indépendance ?

    C'est la question que le Sénat a soulevé à la suite d'un texte adopté au Parlement.  

    "Jeudi 6 octobre 2016, le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi visant à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias.

    Lundi 10 octobre 2016, au moins 60 sénateurs et au moins 60 députés ont saisi le Conseil constitutionnel sur la proposition de loi visant à renforcer la liberté, l'indépendance et le pluralisme des médias."

     

    C'est amusant car, lorsque l'on regarde avec attention la cartographie proposée par l'ACRIMED, on s'aperçoit bien que le pluralisme de la presse ne change rien à sa non-indépendance. Pour (sur)vivre la presse a besoin de publicités, de lecteurs... Mais le lecteur aujourd'hui ne lit plus, il lui faut du vif, du vivant, du bouillant, du bouillonnant, de l'é-motion enfin surtout de l'expérience (seul terrain où il peut se sentir lui-même).

    A l'heure du diktat émotionnel, la vidéo envahit la sphère médiatique et les informations sont des titres, des bandeaux qui s'accrochent, se lisent dans les mains, les poches vides d'expression réelle.

    L'indépendance c'est perdue dans la tautologie. 

    Pour être indépendant il faut :

    - un moment de silence 

    - se centrer sur ses désirs (les siens pas ceux des autres...)

    - comprendre que l'angle que l'on choisit, s'assume en fonction de son expérience, de son histoire 

    - de l'authenticité (puisque de toute façon "in-former" signifie "mettre en forme" - autant choisir ce qui nous correspond vraiment)

    - de l'éthique ;-) (oups le mot qui fâche)...