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Rebelle - Page 22

  • Le corps situé en réponse à Pascal Engel

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    Une fois n'est pas coutume, je vais répondre "à chaud" à un article... Pas n'importe lequel, celui de Pascal Engel paru sur le site de Libération le 6 novembre à 16h41, intitulé "le fantôme d'une philosophe". 

    Où étais-je donc à cette heure, ce jour ? Sans doute au coeur d'une salle de classe pour narrer une problématique bien particulière à des étudiants médusés : "qu'est-ce que la violence ?"

    En faisant des recherches, il n'est pas difficile de tomber sur la définition donnée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de la violence. Elle se définit comme "l'utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d'entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès". Là, il n'est fait mention que de "force physique". 

    Poursuivons, selon l’Article 1112 du Code civil : « Il y a violence, lorsqu'elle est de nature à faire impression sur une personne raisonnable, et qu'elle peut lui inspirer la crainte d'exposer sa personne ou sa fortune à un mal considérable et présent ».

    Ici dans ce qui constitue "notre" Code Civil (soit le ciment de notre société), il est bien mentionné "qu'il y a violence lorsqu'elle est de nature à faire impression sur une personne raisonnable"

    Pourquoi faire un si un grand détour avant de considérer votre texte en lui-même ? Sans doute parce que je suis pour la "pensée située". Une pensée située ne se résume pas à une géographie ou une cartographie dessinable et/ou dessinante. Elle part d'un corps (mince celui-ci est rattaché à un sexe, mais en même temps bien que de sexe féminin, je peux me considérer comme un homme, mince encore, nous pouvons parler d'identité glissante - certains parlent encore de "genre" - mais c'est dépassé tout cela - notamment avec les progrès technologiques).

    Donc à loisir j'écris, je pense à partir de ce corps qui peut être un tremplin mais aussi et  souvent un empêchement (la contrainte de la fatigue, par exemple). Mon écriture est située dans mon rapport au monde (Merleau-Ponty). Elle est même prise dans ses habitudes (Bergson).

    Le point aveugle, dont parle si bien Merleau-Ponty, ne serait-il pas justement le corps, ou encore plus précisément, le sexe des philosophes ? Ne répétons-nous pas à loisir que Simone de Beauvoir est arrivée seconde à l'agrégation de philosophie derrière Jean-Paul Sartre ? Pourquoi donc cette précision ? Ne serait-ce pas parce qu'il s'agit d'une femme ?

    Revenons à la notion de violence. Selon Aristote, il y a violence quand on contrarie la force naturelle d’une chose. Si donc nous admettons qu’il est naturel à l’humain de se déterminer lui-même, il y a violence dès qu’on use de contrainte sur autrui pour infléchir sa volonté. Voyez-vous où je veux en venir ?

    Non ? Je vais vous aider en vous citant "j’étais heureux de retourner à Cambridge. J’aurais aimé loger à Trinity, mais on ne m’avait trouvé de chambre qu’à Girton College, le premier collège, en 1871, à avoir accueilli des femmes". En théorie de la communication, nous dirions que vous plantez ainsi le décor de votre crédibilité. Je traduis : "je suis un homme" " je suis invité à Cambridge" (soit pas n'importe où) "je suis donc important", et en plus je vais vous parler "histoire des femmes"... Cependant ici je vous remémore Samuel Beckett "tout langage est écart de langage"... La crédibilité dans la communication est parfaitement réversible. N'oubliez pas la rétroaction de Norbert Wiener (dont l'enjeu consiste à justement piloter les esprits). 

    Vous dites "Ma chambre était un peu vétuste, mais confortable. Vers minuit, les boiseries se mirent à craquer, et j’entendis des pas. Or j’étais ce soir-là, censément, le seul hôte". Là cela me remémore les contes fantastiques de Théophile Gautier, où un petit grincement nous fait entrer dans un décor où le fantastique vient rencontrer le réel du lecteur. 

    Vous écrivez : "une forme blanchâtre se profila. Une dame très digne, imposante, parut. «Je suis Susan Stebbing, dit-elle. Je suis morte en 1943. J’ai fait mes études dans ce collège.» Auriez-vous ici l'amabilité de me dire ce que signifie pour vous "une dame très digne, imposante" ? Voulez-vous parler du physique de Susan Stebbing ? L'auriez-vous fait pour le fantôme de Charles Sanders Peirce ? Faisons une traduction "un homme très digne, imposant, avec sa grande barbe"....

    Vous êtes-vous demandé, un seul instant, pourquoi avoir eu besoin de faire parler le fantôme d'une philosophe en lieu et place de votre argumentation personnelle ? 

    Enfin vous dites "Contrôlant mon effroi face à ce visage qui portait des ans l’irréparable outrage, je posai une question stupide : «Mais pourquoi revenir ?» - «Je serais mieux dans ma tombe, en effet, mais tant qu’on ne m’aura pas rendu justice, je serai là.» 

    N'est-ce pas l'inverse, êtes-vous sûr de contrôler votre "effroi" ? La tournure théâtrale de votre phrase, laisse à entendre que vous n'êtes pas sûr de vous sur ce point. Qui le serait face à un fantôme ? Mais ne s'agit-il pas davantage de l'effroi d'un philosophe face à une tribune de femmes philosophes ? Face à des femmes qui rappellent que le "langage" (le logos) est essentiellement dominé par les hommes depuis la nuit des temps. Nul besoin de relire l'histoire de la philosophie pour le comprendre. Partons de Platon, Aristote... et jouons à mots cachés, couverts, dressons ensemble des arbres de vérité pour nous amuser de la logique située de la philosophie. Relisez Marija Gimbutas juste pour le plaisir !  

    Combien de femmes étudiées tout au long de mon cursus ? Aucune ! Paradoxalement j'ai eu les plus grandes professeures de philosophie devant moi pendant des années ! Dans leurs notices bibliographiques, elles ne mentionnaient même pas leurs propres ouvrages. En avaient-elles conscience ? Je ne pense pas.

    "Avoir conscience" signifie justement avoir la possibilité d'un regard épistémique. Nous avons donc bien besoin du temps (dans sa durée et non son instantanéité) et de l'histoire pour, dans l'épaisseur du monde, réapprendre à nous situer. À bien y regarder, je me remémore le fait qu'aucune d'elles ne se définissaient publiquement comme "philosophe" mais bien comme "historienne de la philosophie".  

    Vous allez me dire quel lien avec la violence ? N'est-ce pas là la plus grande violence que ne de pas être capable de questionner ce point aveugle de la philosophie ? Pour vous poser cette question, nul besoin de faire appel au fantôme du grand logicien Jean Largeaut. L'effacement est une violence. 

    D'où s'origine la violence ? Dans un instinct d’agressivité d’essence animale (selon Konrad Lorenz), dans des conflits d’intérêts économiques (selon Marx), dans l’extériorisation d’une pulsion de mort (selon Freud). De fait, la violence oblige à une double réflexion à la fois politique & philosophique.

    Mais je m'écarte de vos propos, vous citez ensuite les mots de Susan Stebbing «Mais comment peut-on penser "en tant qu’homme" ou, en la circonstance, en tant que femme ? Jamais, de toute ma vie, je n’ai écrit en tant que femme. J’ai fait de la logique, discipline certes pratiquée avant moi presque exclusivement par des hommes, mais jamais il ne me serait venu à l’esprit que je devrais penser ou raisonner en tant que femme, pas plus que si j’étais venue d’un milieu ouvrier ou paysan, je ne me serais sentie tenue de penser comme ouvrière ou paysanne. C’est non seulement confondre la nature de la pensée avec les origines des personnes qui la pratiquent, une forme de sophisme génétique, mais c’est aussi confondre l’intellectuel et le social : si l’on m’a refusé un poste à Cambridge, c’est sans doute une injustice envers mon sexe, peut-être une injustice sociale, et même une faute morale, mais cela n’est pas une injustice épistémique. " 

    Comme dit, plus haut, pour être capable de dire qu'il ne s'agit pas d'une "injustice épistémique", il faut se situer dans la même temporalité que Susan Stebbing. Mais au regard de notre époque, nous pouvons mesurer ce qu'elle a enduré comme critiques ou comme choix philosophiques imposés. Une femme rappelons-le, à l'époque ne doit pas parler de la polis (de la cité - soit de la politique), elle doit s'efforcer à l'exercice de l'abstraction soit la logique. S'abstraire, n'est-ce pas s'effacer ? N'est-ce pas là, sans doute, se retirer d'une pensée située ? Notons que la philosophe Edith Stein a choisi de faire l'inverse d'où sa souffrance... 

    Pour conclure votre article, vous citez un passage de Thinking to Some Purpose (1939). "La tolérance n’est pas l’indifférence, et elle est incompatible avec l’ignorance. Je suis raisonnablement parvenue à mes conclusions pour autant que j’aie été capable d’échapper à mes préjugés, d’admettre les effets déformants des vôtres, de rassembler les preuves pertinentes et de les peser en accord avec les principes logiques".

    Je citerai un autre passage dans sa version originale : "My ignorance made me unfree. To feel thus unfree is not pleasant. Out of this feeling may arise the temptation to give up thinking about the problem or to delude oneself into the belief that it is settled as soon as we can talk about the problem in terms of vague and unidentified abstractions…He alone is capable of being tolerant whose conclusions have been thought out and are recognized to be inconsistent with the beliefs of other persons."

    Croyez-vous donc que le problème soit réglé ?

     

  • Pour en finir avec Google

    Revenons à nos habitudes, après ce long silence... Internet représente plus de 7 % de la consommation électrique mondiale, en croissance de 12 % par an (sur ce point, voir  le site de Greenpeace, « Clicking Clean : Who Is Winning the Race to Build a Green Internet ? », 2017).

    Quand nous faisons une recherche sur Google nous faisons la même dépense énergétique que celle nécessaire à l’ébullition d’un demi litre d’eau(*).

    Dans un monde qui va de plus en plus vite, où nous ne prenons plus le temps de questionner nos habitudes, il est bon de savoir que des alternatives existent. Elles ne sont sans doute pas celles dont vous avez entendu parler avec force... À chaque fois, on évoque Ecosia ou Lilo où la dépense énergétique est compensée par une réflexion en écosystème.

    Pour Ecosia, il s'agit de neutraliser 100 % des émissions de CO2 de ses serveurs, de son infrastructure, à travers un projet de compensation carbone géré par son partenaire myclimate.

    Pour Lilo, il s'agit de financer des projets sociaux et environnementaux grâce à la moitié des revenus générés par la publicité.

    Mais pourquoi est-ce si difficile aux utilisateurs de sortir de l'univers "portail de Google" ? Il y a mille réponses au travers de mes différents articles (sans doute faudrait-il que je les synthétise un jour). 

    Alors maintenant, parlons accès au savoir, à la compréhension des idées, des informations contradictoires que nous sommes en droit de trouver sur internet tout en restant libres de notre navigation. Sans un observateur invisible au-dessus de nos clics (voir le logiciel PRISM et les révélations déjà anciennes de Edward Snowden). 

    Difficile par Google. Donc voici quelques alternatives possibles pour surfer en toute légalité :

    1- DuckDuckGo 

    Il s'agit d'un métamoteur qui compile les résultats d'une cinquantaine de moteurs de recherche (dont les plus connus sont Yahoo ! BOSS, Bing, Wikipédia et Wolfram Alpha, etc.). Un robot d'indexation complète le dispositif. DuckDuckGo ne stocke ni les adresses IP, ni les statistiques de recherche de ses utilisateurs. Il n’utilise les cookies qu’en cas de nécessité absolue. Dans les options, vous pouvez activer le cryptage HTTPS et vous assurer ainsi de surfer en tout anonymat, même lorsque vous cliquez sur les résultats de recherche.

     

    2- Seeks

    Il s'agit d'un logiciel libre qui fonctionne également comme un métamoteur et reprend les résultats de recherche des moteurs comme Bing, Yahoo, Blekko, Youtube, Wikipedia, OpenSearch et Google. Tout comme DuckDuckGo, Seeks alterne entre les requêtes des utilisateurs et le moteur correspondant. Il compile ensuite les résultats obtenus automatiquement.

     

    3- Startpage

    Il reprend les résultats de recherche de Google. Il agit comme un Proxy entre Google et l’utilisateur, et empêche le géant du web de collecter des données personnelles.

     

    4- Qwant 

    Moteur de recherche français lancé en 2013 (mais fondé à Nice en 2011). À chaque requête, Qwant affiche sur sa page principale des résultats en provenance de plusieurs sources d’informations. Pages web, actualités, réseaux sociaux, images, vidéos, boutiques en ligne… 

     

    5 - Framabee 

    Framabee est un métamoteur mis en place par l'association Framasofft qui propose des logiciels libres pouvant remplacer Google, Facebook, Youtube, Skype, etc.  Comme StaartPage, Framabee cherche les informations sur d'autres moteurs, ils protègent vos informations de tout pistage, ne conservant pas vos adresses IP.

     

    6- Million Short 

    Comment rendre vos recherches plus originales ou encore plus pertinentes ? En utilisant ce moteur qui vous permet de vous détourner des têtes d'affiche de la recherche en vous permettant de supprimer de son index les 100, 1 000, 10 000, 100 000 ou le million de sites les plus populaires. Il est alors possible d'accéder aux autres résultats de recherche. Nous allons ainsi nécessairement vers de nouvelles découvertes. 

    7- Yacy 

    Je reprends ici leur présentations : "moteur de recherche que chacun peut installer pour indexer le web (pages publiques accessibles par internet), pour indexer un intranet ou pour parcourir d'autres données avec une fonction moteur de recherche. YaCy peut être utilisé de façon autonome, mais sa principale force est de pouvoir fonctionner en réseau peer-to-peer, ce qui fait que sa puissance s'accroit avec le nombre d'utilisateurs, qu'il est entièrement acentré (tous les "peers" sont égaux et il n'y a pas un organisme administratif central) et qu'il n'est pas censurable et ne stocke pas le comportement des utilisateurs.

    La liberté de l'information ainsi obtenue par le biais des logiciels libres et d'un moteur de recherche distribué est également un des objectifs du projet."

     

     

    8-Robobrain 

    Enfin un dernier pour la route mais qui ne s'adresse pas aux humains... mais à nos robots. Robobrain  a été conçu par des chercheurs de l'université de Stanford. tous les automates peuvent y venir faire des recherches sur les comportements humains afin de mieux les appréhender. Les robots ont maintenant leur propre base de données pour apprendre, interpréter et s'approprier des tâches et des concepts humains.

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    (*) Fabrice Flipo, Michelle Dobré et Marion Michot, La Face cachée du numérique. L’impact environnemental des nouvelles technologies, éd.L’Échappée, 2013

  • Égalité de droit - Égalité de fait

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    Parlons d'égalité... Après ces semaines silencieuses, d'observations et de recherches. J'ai envie de faire un détour par l'égalité. Sujet philosophique par excellence, l'égalité semble nous échapper dès que nous cherchons à la mettre en place.

    Qu'est-ce que l'égalité ? Peut-elle être autre chose que conceptuelle ? Mathématiquement deux grandeurs sont égales, lorsqu'elles ne diffèrent en rien. Cependant à l'échelle de notre (in)humanité, au contraire, l'égalité part de notre point commun : notre attribut identique, soit notre humanité. Nous sommes tous différents et cependant égaux. 

    En d'autres termes, l'égalité doit se distinguer clairement de l'identité. Vivant en société, nous sommes convenus (et c'est sans doute là l'erreur) de préciser en quoi nous sommes égaux.

    C'est ainsi que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 affirme dans son article premier "les hommes naissent et demeurent libres et égaux"... et de préciser "en droits". Remarquons qu'elle précise à l'article 6 : "la loi est l'expression de la volonté générale, tous les citoyens ont droit de concourir, personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ; elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics selon leur capacité, et sans autres distinctions que celle de leurs vertus et de leurs talents"

    Notons qu'il s'agit ici des "hommes"... et non des "humains". Les femmes sont déjà exclues. C'est ce que notait déjà Olympes de Gouges dans sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. 

    Notons qu'il faudra attendre, la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 pour établir qu'un statut soit accordé aux femmes. 

    Enfin, notons que l'expression consacrée pour cette déclaration est désormais celle des "droits humains" ou encore "droit à la personne". 

    Pourquoi est-ce si important ? C'est assez simple, en fait, l'humanité se compose d'êtres humains. Les "êtres humains" est une expression qui ne regroupe pas seulement un sexe (celui de l'homme) mais bien les sexes (masculin, féminin, neutre...). N'oubliez pas que l'on peut naître homme, devenir femme (et/ou inversement), mais que l'on peut être transgenre... 

    Le langage se compose de nombreuses expressions et c'est déjà une première étape de la compréhension de l'égalité que de savoir user du langage correctement pour éviter d'exclure. 

    Revenons à notre actualité. En 1961, est adoptée la Charte Sociale Européenne. Elle est signée par les 47 États membres du Conseil de l'Europe. Elle est l'équivalent, au niveau social de la Convention européenne des droits humains consacrée aux droits civils et politiques.

    Le Comité européen des Droits sociaux est chargé de veiller à faire respecter par les États membres de la Charte sociale. Dès qu'il perçoit un écart, il adresse des décisions afin que les États modifient leur législation.

    En 1995,  la charte introduit un système de plaintes collectives, qui permet aux organisations d’employeurs et aux syndicats nationaux et internationaux, ainsi qu’aux ONG internationales (et dans certains cas nationales) de porter plainte contre les Etats qui violeraient cette charte.

    Le rôle du Comité européen des Droits sociaux est ainsi l'organe qui garantit l’application de la Charte sociale européenne, et ses décisions sont contraignantes.

    Or notamment à l'Article 20 de la Charte sociale européenne on trouve précisément la question de l'égalité.

    "Article 20 – Droit à l'égalité de chances et de traitement en matière d'emploi et de profession, sans discrimination fondée sur le sexe

    En vue d'assurer l'exercice effectif du droit à l'égalité de chances et de traitement en matière d'emploi et de profession sans discrimination fondée sur le sexe, les Parties s'engagent à reconnaître ce droit et à prendre les mesures appropriées pour en assurer ou en promouvoir l'application dans les domaines suivants :

    • a- accès à l'emploi, protection contre le licenciement et réinsertion professionnelle ;
    • b- orientation et formation professionnelles, recyclage, réadaptation professionnelle ;
    • c- conditions d'emploi et de travail, y compris la rémunération ;
    • d- déroulement de la carrière, y compris la promotion."

    Nous pourrions également citer "l'Article 27 – Droit des travailleurs ayant des responsabilités familiales à l'égalité des chances et de traitement".

    Dans la Charte sociale révisée en 1996, le mot "égalité" apparaît 8 fois. 

    Aujourd'hui nous assistons à une première historique. Sur l'initiative de Maitre Anne Nègrele GEFDU (dont la branche française est l'AFFDU)/UWE a voté à l'unanimité lors de son assemblée générale à Utrecht de devenir une ONG habilitée par le Conseil de l'Europe à déposer des réclamations collectives (dans le cadre de la violation de la Charte Sociale Européenne). 

     

    Ainsi sont nées les 15 réclamations collectives pour violation de la Charte Sociale européenne en matière d'ÉGALITÉ contre les 15 États Membres du Conseil de l'Europe qui les acceptent Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre, France, Grèce, Irlande, Italie, Pays Bas, Portugal, République Tchèque, Slovénie, Suède, et la Norvège le seul pays qui ne soit pas également dans l’Union Européenne.

    Ces réclamations portent sur la violation des dispositions concernant :

    • le salaire égal pour un travail égal, semblable ou comparable entre les femmes et les hommes de la Charte Sociale Européenne
    • la sous-représentation des femmes dans les postes de décisions des entreprises privées

    Face à ces réclamations documentées, les États se sont plongés dans un étonnant déni. En effet "l'égalité de droit" est difficilement applicable dans les "faits". Une ONG n'aurait-elle pas le droit de faire remarquer à des États leurs écarts de conduite ? Notons que l'ONG en question a presque 100 ans et qu'elle s'y connaît en question d'égalité, de soutien aux femmes au fil des années et au regard du siècle qu'elle a passé à accompagner toutes les femmes en Europe et dans le reste du monde.

    Cependant, fait historique, le Conseil européen des Droits Sociaux a déclaré le 4 juillet 2017 la recevabilité des réclamations collectives. 

    C'est un grand pas pour notre humanité, nous pourrions enfin faire coïncider "égalité de droits" et "égalité de fait"... Pour cela nous devons poursuivre la mobilisation, nous devons, ensemble, faire aboutir ces réclamations collectives !

    Pour cela, il est possible de signer et de faire suivre la pétition suivante :

    egalité,salaire,charte sociale européenne,droit des femmes,droits humains,droit

     

    Pour ceux qui auraient encore des doutes sur cette nécessité, ils peuvent écouter Jean-Michel Belorgey et Luis Jimena Quesada . Ils ont dirigé la Charte Sociale Européenne. Ils soutiennent ces 15 réclamations collectives. 

    #EqualJobEqualPay  

  • C'est quoi le "casse du siècle ?"

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    Remarquons déjà mon silence sur la fabuleuse mise en scène de l'interview "Happy Birthday Mr President" où Edwy Plenel (pour Mediapart) et Jean-Jacques Bourdin (pour RMC et BFMTV) ont eu l'immense joie de "désacraliser" l'exercice de l'interview présidentielle. 

    Une immense table entre deux camps. Notons une géométrie bien carrée. D'un côté, les journalistes de l'autre monde, ce vieux monde qui a en arrière fond une fresque. De l'autre un "hyper président (dit Jupiter)" avec un fond "fort" : la tour Eiffel. Elle est debout et je préside à sa lumière... Il n'y a plus les "Monsieur le Président", ni les tonnes de dossiers présidentiels qui garantissent le sérieux de l'action. Une magnifique conversation du café du commerce et une rhétorique du bavardage. 

    Revenons sur le documentaire de BFM intitulé Macron, le casse du siècle.

    Que faut-il y voir ? Moi en général, quand on me parle de "casse du siècle" c'est le clan des pauvres qui s'attaque à la banque pour soit s'enrichir soit aider les autres... Là j'ai l'impression d'assister à un Robin des bois à l'envers. 

    Expression née de la bouche de Gérard Collomb, "le casse du siècle" est répété, comme un mantra auquel nous devrions finir par croire. Et tout le long du documentaire, la voix off insuffle tout un vocabulaire qui va dans ce sens. Il y a donc bien eu un cambriolage à l'Elysée, les termes "braquage", "repérage des lieux", "hold-up" sont répétés à l'infini.

    Au fur et à mesure, que le documentaire se déroule, je vais passer sur toutes les petites phrases répétées, les élans de génie ou plus exactement la volonté et le goût du pouvoir qui peuvent pousser un être humain à... .

    Une phrase reste, celle citée par Christophe Cambadélis. En effet, lors du remaniement de François Hollande, Emmanuel Macron voulait être nommé ministre. Déception. Il est revenu et aurait tenu ces propos : "Tu sais, je reviendrai, et j'attaquerai tout le monde au pic à glace". J'aurais juste envie de répondre un futur président ne devrait pas dire cela. 

    Arrive le moment de la "campagne", Macron se déclare avant que Hollande ne donne ses intentions... Nous pourrions dire "ça y est le père est mort"... Reprenons le "casse a donc eu lieu", non ? Ah pardon, je n'ai pas bien compris. Corine Lepage qui participait alors au bureau politique estime "Tout se décidait à cinq ou six personnes...Verticalité totale, genre parti communiste des années 50ce n'est pas un parti dans lequel le pouvoir vient d'en bas, et monte progressivement, ce n'est pas du tout comme ça que ça se passe".

    Et je laisse la conclusion à Emmanuel Macron ""On vient de réussir un braquage. C'est comme dans Ocean's Eleven, sauf qu'on était moins nombreux... Faut dire qu'on connaissait le proprio et qu'on avait les plans ".

    Ce que je retiens de ce documentaire, la phrase assassine avec les pics à glace, la peur de Laurence Haïm (journaliste brillante qui y a cru, puis a démissionné et qui, désormais, a disparu des écrans...).

    Cette élection n'a rien du casse du siècle cela ressemble davantage à la fin d'une démocratie. Un vote qui ressemble au calcul de Condorcet. 

    La conclusion reviendra à un autre documentaire sur cette "fabuleuse" année de Macron en Président de la République, dans lequel il prononce cette phrase étonnante, à propos de Versailles : «un lieu où la République […] s’était retranchée quand elle était menacée…» La phrase a été prononcée au détour d’une question dans un documentaire (plus que bienveillant) diffusé  sur France 3. Voilà une belle invention historique... où quand Jupiter prétend réécrire l'histoire... Y aurait-il un nouveau ministère des vérités ?