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Géopolitique(s) - Page 2

  • La Route de la Soie

    Une fois n'est pas coutume, j'ai pris mon temps pour écrire à nouveau sur ce blog. Oui j'aurais pu commenter les élections présidentielles françaises, ajouter du bruit au brouillard démocratique. Vous dire que les dés étaient bipés depuis l'été. Evidemment, j'aurais développé l'idée que cette élection est le signe d'une victoire d'une génération sans mémoire. C'est le cas. Quand on vit dans l'immédiateté, on ignore son passé, sa culture... qui ignore son passé ne peut avoir d'avenir. Que tout ceci nous éloigne du sens de l'humanité. Vous voyez, j'aurais pu être pessimiste. 

    Hier, une étudiante, me dit  : "quoi vous devriez être à Pékin et vous êtes là avec nous ! Mais vous êtes folle !" Sans doute, ai-je loupé l'occasion unique de rencontrer Xi Jinping, d'assister, en direct, à l'un de ses plus beaux discours. Sans doute. 

     

    La Route de la Soie un projet unique

    Donc ce matin j'écoute en direct, mais depuis Paris, cette rencontre où 29 chefs d'état viennent parler de cette renaissance officielle de la Route de la Soie. Cette entreprise d'une envergure immense va redessiner le paysage géopolitique mondial. Elle vise à rouvrir et aménager des routes commerciales qui, pour certaines, empruntent les célèbres et antiques " routes de la Soie " suivies par les caravaniers du IIe siècle avant notre ère au XVe siècle. Ces routes je les ai empruntées, traversées pendant des mois en Chine. Par sa dimension, par les bouleversements culturels que cette route entraîne, c'est un projet qui réveille les peurs occidentales (voir mon article du 21 janvier 2017)

    J'étais là lors des premiers débats en 2014, à Dunhuang où j'ai appris à entendre les discours des experts, découvrir les voies ferrées, imaginer les voies maritimes. Les cartes défilaient, les agencements...

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    Certains experts en géopolitique diront que cette idée est, avant tout, une idée occidentale pour générer un gain de temps dans les échanges commerciaux, particulièrement depuis leurs usines de production en Chine. 

    Le projet OBOR est notamment constitué du tronçon d'autoroute de 213 kilomètres entre Kashgar et Erkeshtam (ce dernier est entré en service en septembre 2013). La partie chinoise de cette route sera constituée des passages par Lianyungang, dans la Province du Jiangsu, et Xi'an, dans la Province du Shaanxi, et par la région autonome ouïghour du Xinjiang.

    Cette route rejoint l'Europe en passant par le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan, l'Iran et la Turquie. Côté chinois, on achève le Xinsilu, une quatre-voies de 5 000 km qui relie la mer Jaune aux monts Tian. Un axe qui a pour but de délester la route maritime, par laquelle transitent des millions de conteneurs par an.

    Deux autres routes sont envisagées pour rejoindre l'Europe : une passant par le Kazakhstan et la Russie, et l'autre traversant le Kazakhstan via la mer Caspienne. Les travaux ne sont pas financés par l'Union européenne, qui n'apporte aucune aide logistique. Les bailleurs sont la Banque européenne de développement, la Banque asiatique de développement, la Banque de développement islamique.

    Cette route permet notamment de faciliter le commerce entre la Chine populaire et les pays d'Asie centrale, dont les échanges s'élevaient à 25,2 milliards de dollars américains en 2008. Une liaison ferroviaire allant de la région autonome ouïghoure à l'Iran et desservant le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Afghanistan est également envisagée.

    La route du sud, via la Turquie et l'Iran, est pour l'instant délaissée en raison des sanctions de l'ONU imposées à l'Iran. Ce pays est par ailleurs en conflit avec ses voisins sur le partage des eaux de la mer Caspienne.

    Évidemment, les routes maritimes vont relier le continent africain, puis l'Argentine, le Chili, etc. Le monde tourne ainsi dans une proximité plus grande. 

     

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    La Route de la Soie un projet d'avant garde 

    Ee 2014, dans les colonnes de Chine-Info, j'écrivais un article sur la Route de la Soie. J'y indiquais "parler aujourd’hui de la « Route de la Soie » et se lancer dans sa construction moderne est un pari titanesque. Ce projet soulève tant de questions aussi bien techniques qu’environnementales, culturelles et sociales. En écoutant les différentes présentations, en prenant le temps de confronter ma vision de la « Route de la Soie » à celle proposée, je me suis aperçue que j’étais tournée vers le passé. Sans doute est-ce là un problème typiquement français. J’ai donc essayé de faire un schéma d’un côté la colonne contenant « ce que je sais de la route de la soie » et l’autre « le futur de la route de la soie ». La colonne de gauche était bien remplie. Elle comprend les histoires, les mythes, les biens échangés, les savoirs décortiqués, les attaques de brigands. Elle est peuplée de couleurs et de beaux paysages. De l’autre la colonne de droite demeure vide. Je m’aperçois que je ne m’étais jamais posée la question. Pourtant au fur et à mesure des débats, j’ai commencé à la dessiner. Elle est rapide, traverse des paysages somptueux peuplés d’histoires anciennes. Elle est écologique, les échanges se font sans problème aux frontières. Elle est un lien d’amitié entre les peuples. Cette route, cette ceinture, c’est l’avènement d’une nouvelle civilisation." 

     

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    En 2015, à Ürümqi, après avoir découvert le Xinjiang pendant plus d'un mois. Après avoir arpenté la Route de la Soie du nord, du sud, avoir traversé le désert du Taklamakan, j'ai participé au forum "Building the Silk Road". 

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    À nouveau, pour j'écris pour Chine-Info, un article qui sera suivi d'un petit livre de photographies (chez JFE)"Pour évoquer la Route de la Soie, il faudrait narrer les heures à imaginer sur une carte un impossible tracé. Et puis, il y eut l’audace de ma demande, celle de parcourir la zone qui se situe au Xinjiang, soit à peu près six mille kilomètres en passant par Ürümqi, Kuqa, Turpan, Kachgar, Hotan, Yengisar…

    Au fil des kilomètres, des paysages renversants, des lumières aux mille couleurs, des défis technologiques, des paris écologiques, des histoires singulières. Ici plus qu’ailleurs, la Chine dessine son histoire, elle est composée de ses ethnies. Nous oublions souvent que la Chine compte plus de cinquante ethnies ! Les visages, les corps sont différents, les habitudes aussi, le temps prolonge l’espace autrement. Les lumières s’attardent sur les déserts devenus des roches, les longs couloirs de vent font vibrer les éoliennes en une chorégraphie majestueuse. Le ballet de scintillement des panneaux solaires nous fait entrer dans une autre dimension. le Xinjiang d’aujourd’hui écrit celui de demain. Le futur est une impression du présent. Le passé est là, les vestiges partout ornent la route et apportent une halte de l’histoire. Le passé a une place bien particulière dans le Xinjiang : au travers des musées, des vestiges, des traces de route, etc."

    Un projet d'avant-garde ? Cela signifie, un projet qui porte en son coeur l'union des civilisations. La possibilité d'avancer ensemble, de révéler une fraternité entre les peuples, les civilisations. Je ne vais pas ici rappeler que, pour moi, la fin des lumières riment avec la fabuleuse leçon de géographie philosophique d'Emmanuel Kant. Pour réinventer les Lumières nous avons besoin de cette route. Elle est l'équilibre du monde. Mais pour que cet équilibre ait lieu, il va falloir que, de notre côté, nous dépassions nos barrières mentales. Et ceci n'est rendu possible que par la pédagogie.

     

    La Route de la Soie a besoin de pédagogie 

    Ce matin Xi Jinping affirme "s'étendant sur des milliers de kilomètres et riche d'une histoire millénaire, l'ancienne Route de la soie incarne l'esprit de la paix et la coopération, l'ouverture et l'inclusivité, l'apprentissage mutuel et les bénéfices réciproques". 

    Dans ses mots, il y a la philosophie du "gagnant-gagnant". Tout à la fois philosophie et stratégie, cette expression est la grande angoisse occidentale.

    C'est précisément cela qui m'intéresse, éviter que les habitudes culturelles de notre pensée enracinée fassent reculer ce projet collaboratif. Une des raisons qui m'ont fait choisir de rester à Paris ce week-end et d'enseigner la communication de crise, c'est pour montrer combien, il est facile de programmer un cerveau, en lui donnant à voir une seule partie de l'information. Alors, oui, en France nous avons, comme par hasard, Dominique de Villepin et Jean-Pierre Raffarin qui vont représenter les intérêts français, évoquer des stratégies commerciales... Et vous allez aussi entendre parler de la Route de la Soie de façon négative (voir comme "La Route de la Soie : Pékin déploie ses tentacules" dans Libération)

    En 2014, déjà je notais que certes la Route de la Soie allait devoir inventer, générer une nouvelle vision de l'économie. Avec des notions de monnaies nécessaires, des indicateurs locaux de bien-être, mais aussi et surtout déployer une pédagogie immense. Eduquer, éduquer, éduquer pour éviter les freins d'une opinion publique noyée dans la désinformation, les fake news et dont l'ennemi principal n'est ni Daesh ni l'Arabie Saoudite, ou autre, mais bien la Chine. Le géant qui fait peur... Pourquoi en est-il ainsi ? Simplement parce que la pensée chinoise est une pensée du flux, du mouvement, elle est organique, mouvante, vivante... tandis que notre pensée occidentale est enracinée. Par le fait même de cet enracinement, elle est limitée, bloquée, coincée dans un choix perpétuel entre le "bien" et le "mal", entre "gagner" ou "perdre". Or la Route de la Soie est à l'inverse : humaine, faite d'échanges. Elle tisse les liens entre les individus, entre les savoirs. 

    En 2014, je concluais ainsi "De l’éducation à la politique, de la pensée à la réalisation, ce rêve chinois me porte. Cette route de la soie réveille le mythe de l’ailleurs, la volonté de se dépasser, de se transcender afin de bâtir ensemble quelque chose de meilleur, de nouveau. En revenant à Paris, je ne cesse d’y penser. Construire une société moderne, c’est lui donner la matière d’un rêve à bâtir, c’est rassembler les volontés, à ce moment là seulement l’harmonie peut naître. Comme un juste équilibre entre le corps et l’esprit, entre l’individu et le collectif."

    Nous sommes en 2017, et j'essaye d'être fidèle à cette vision d'ouverture avec la mise en place d'une maison d'édition indépendante : La Route de la Soie - Éditions. Et évidemment, je continuerai à enseigner, à faire prendre conscience de nos enfermements culturels.

    Evidemment, écrire, photographier, rencontrer, faire parler les cultures, les légendes, plusieurs ouvrages sont à venir en ce sens... et parce que je partage complètement cette idée émise, ce matin, par Xi Jinping : "L'esprit de la Route de la soie est devenu un grand héritage de la civilisation de l'humanité" je mettrai en oeuvre un projet qui me tient à coeur : un lieu d'éducation, d'apprentissage des civilisations.

    Tout ne se fera pas en un jour, mais comme le dit Ella Maillart :

    "l'impossible recule face à celui qui avance". 

    Voilà pourquoi j'ai choisi de venir vous enseigner hier. Une pierre de touche face à l'impossible. Et qui sait, demain, peut-être, aurais-je la chance de rencontrer Xi Jinping en direct.  A mes étudiants, je dirai simplement ceci "La Route continue, les rêves aussi, ne lâchez rien, ne baissez jamais les bras, tout est possible"...

  • Le travail est mort : vive le travail !

    "La gouvernance par la peur est le moyen de souder les gens : gouverner par la peur, c'est le moyen de ressouder les gens en leur offrant la sécurité"

    Joël de Rosnay

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    Gardez bien cette phrase en tête et posez-vous la question de quoi est-elle le nom ?

    La gouvernance par la peur, mais qu'est-ce que cela veut dire ? En fait, c'est une équation assez simple, très bien connue des technocrates de l'influence. Pour conduire une foule que ce soit à l'échafaud ou à une élection, il faut rendre cette foule désirante de la même chose. Bizarrement si nous devions interroger chaque élément de cette foule, il aimerait ou non cette direction pour des raisons bien différentes de son voisin. Parfois même il se trouverait un élément qui dirait "je suis là parce que les autres le font"...

    Mais il est difficile de rendre une foule désirante aujourd'hui me direz-vous ? 

    NANANANANANANAN.... Pardon NON.

    C'est une illusion d'optique qui est à l'oeuvre. 

    Il y a deux façons :

    • l'une le désir positif (vous remarquerez que la fin du XXème ou le début du XXIème ne collent pas trop avec un désir moteur genre "l'imagination au pouvoir" ou "l'art comme monnaie");
    • la seconde : la sidération ou l'agitation de la foule par la peur... Venez à moi mes enfants le grand méchant (loup) est en train de vous attaquer, protégeons-nous et faisons comme les petits cochons construisons des cachettes (de préférence bien solide) sinon le loup va nous attraper. Et là, merveille des merveilles on en appelle à la paranoïa collective. "La société zéro risque" c'est bon pour le marketing et l'obéissance programmée. 

    Maintenant relisez la phrase de Joël de Rosnay.

    L'autre chose que cette gouvernance par la peur fait ressortir c'est la peur viscérale de la fin du travail... 

    J'oubliais mais oui le TRAVAIL est MORT. DEAD. FINI.

    Enfin le travail tel que l'humanité l'a toujours connu.

    Celui du labeur sans fin, des horaires intégrés, des pauses syndicales, du bruit des machines... (nous pourrions ici nous amuser avec la référence au "compte de pénibilité"). 

    Pourtant partout on crie au "droit au travail". L'humain a le droit de travailler, mais pourquoi faire ? Pour s'offrir des loisirs, et faire partie d'une société... Oui mais laquelle ? (question que je laisse ici suspendue à vos neurones).

    Regardez autour de vous... 

    En fait tout le monde travaille sans le savoir... Et ça c'est le meilleur.

    Pardon le plus drôle. 

    Ciel, pourquoi puis-je dire cela ? Je vous choque ? Je vous contre-choque ?

    Digitalement à votre service.

    Reprenons. Regardez les terrasses des cafés, regardez dans les transports... Partout, tout le temps au chômage ou pas, tous nous travaillons sans nous en rendre compte. Et le plus amusant c'est qu'en entendant les politiques évoquer l'infaisabilité du revenu universel, personne ne se demande qui pourrait le financer. Enfin qui devrait le financer... 

    Donc oui la fin du travail tel que nous l'avons connu a sonné. 

    Cependant, une autre forme de travail est à l'oeuvre - et pour laquelle nous ne réclamons pas de salaire.

    Merci Data Selfie de nous en apporter la preuve ! A l’origine du projet, Hang Do Thi Duc et Regina Flores Mir. Leur idée naît  en posant des questions simples « pourquoi Facebook a besoin d’accéder à notre numéro de téléphone ? A nos contacts téléphoniques ? Aux données de notre compte WhatsApp ? Pourquoi le réseau analyse-t-il le temps que nous passons à regarder les posts de nos fils d’actualité ?

    C'est vrai, pourquoi donc ?

    Lorsque nous naviguons sur Facebook, nous laissons une multitudes de données, volontairement ou non. Tout notre comportement sur la plateforme est analysé (passé au crible) : publications de photos, vidéo, statut, likes, clics, visionnage de vidéo, temps passé sur un post, commentaires, interactions avec des pages et des marques, etc.

    Nous sommes donc l'objet d'études permanentes. Et nos données sont au coeur du business model de Facebook (qui rappelons-le tire 97% de ses revenus de la publicité).

     

    Plus Facebook obtient des données sur nous, plus la firme est susceptible de nous proposer du contenu « pertinent » (intéressant pour nous et selon nos navigations journalières). Ainsi Facebook peut vendre notre profil "ciblé" à des annonceurs. Ce dernier paiera pour que ses publicités soient soumises aux profils ainsi ciblés. 

    Data Selfie, une fois installé, nous montre les données que Facebook récolte sur nous. J'avoue que c'est assez bluffant. 

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    Une fois installée, et à l’instar du réseau social, Data Selfie analyse notre comportement et nos habitudes sur Facebook.

    Cela nous donne un large aperçu de notre profil de membre : les pages et publications consultées, pendant combien de temps, vos likes, commentaires, interactions avec les Pages et les Marques, etc. Data Selfie peut ainsi déterminer le Top 10 des amis avec lesquels vous interagissez le plus, celui des pages les plus consultées, le top de vos likes (statut, publications, vidéos).

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    La suite est encore plus intéressante (ou plus impressionnante si je dois utiliser un vocabulaire qui va vous faire peur). En partant de nos comportements sur la plateforme, Data Selfie produit des analyses prédictives concernant nos habitudes d’achat, vos préférences alimentaires, les principaux traits de notre personnalité (si nous sommes optimiste, stressé, émotif, organisé, bosseur, etc. selon le modèle OCEAN*) ou notre orientation religieuse et politique.

    Ceci est possible grâce à la synergie de deux APIs (Application Programming Interface) de machine learning, Watson, l’intelligence artificielle d’IBM et Apply Magic Sauce (qui vous permettait déjà de faire un test de personnalité Facebook) de l’Université de Cambridge.

    Data Selfie ne conserve pas vos données... Au contraire il vous en rend responsable. Vous voulez les étudier, vous pouvez. Vous voulez les stocker, les exporter sur des extensions de votre ordinateur, c'est possible. Vous pouvez aussi les supprimer. Cependant ce n'est pas le cas sur Facebook, Google, Twitter, etc. 

    Il est donc temps de sortir de la gouvernance de la peur, et de réclamer votre droit à l'usage de vos données (retour à l'éthique ou puisque l'éthique n'a pas la cote au business).

    Vos données sont votre nouveau travail. Et tout travail mérite salaire...

    Désormais vous savez à qui réclamer votre revenu de cobaye ! 

     

    ________

    *le modèle OCEAN c'est l'avenir de votre comportement. Ou après le prêt-à-porter sur mesure. C'est le comportement sur mesure.

    OCEAN est une anagramme mnémonique pour la version proposée par Costa et McCrae (1985) du modèle des cinq grands facteurs de la personnalité (« Big five »).

    (O) Ouverture à l'expérience (Originalité)
    (C) Consciencieusité (Contrôle, Contrainte)
    (E) Extraversion (Énergie, Enthousiasme)
    (A) Agréabilité (Altruisme, Affection)
    (N) Neuroticisme ou névrotisme (émotions Négatives, Nervosité)

     

  • Les budgets de la défense s'envolent !

    “On ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre.”

    Jean Jaurès

      

    Nous vivons une époque formidable où les consciences sont tournées vers "le fric". Je repense ici à cette phrase d'un étudiant qui m'a lancé "bah dans notre école on doit faire du fric, c'est cela l'objectif, ce n'est pas l'humain ou l'associatif !"...

    Et bien moi je pense qu'il est possible de faire l'inverse, de bâtir le monde en plaçant l'humain au centre et l'éthique en ligne d'avenir. Pour cela, il suffit de prendre un peu de recul, de s'arrêter, d'observer, de prendre en considération les choses sous un autre angle... Ciel quel effort, je demande... !!! 

    Mais revenons aux $$$$ (aux dollars, au flouze - mot arabe - au pèze - origine sans doute catalane). Bref revenons au fric...

    C'est lui le nerf de la géopolitique actuelle. Enfin de ses incertitudes. Donc pendant que vous postez vos inta-face-twitt-snap-G+ ou autre. Il se passe quelque chose de merveilleux dans la sphère financière. 

    Du 17 au 19 février, plus de 500 personnalités, chefs d’Etat ou de gouvernement, ministres, diplomates, militaires et experts se sont réunis à Munich autour des questions sécuritaires sur le plan international. Vous trouverez des récapitulatifs de cette conférence sur son site. 

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    Avant cette conférence, il faut toujours se référer au magazine Jane's Defense Weekly (une référence sur les affaires militaires) qui publie le classement des pays en fonction de leur dépenses militaires annuelles.

    Les budgets de la défense dans le monde ont fortement augmenté en 2016, atteignant 1 570 milliards de dollars.

    L'Asie et les pays baltes affichent les plus grosses progressions. Les budgets des États-Unis et de l'Europe augmentent plus légèrement. La Russie se place à la quatrième place du classement, doublée par l'Arabie saoudite, et, sans doute bientôt par l'Inde, et la France.

    Regardons d'un peu plus près...

    1. USA  : 596 à 597,5 milliards de dollars
    2. Chine :   145,5 à 215 milliards (le deuxième chiffre est une estimation)
    3. Arabie saoudite :   81,9 à 87,2 milliards
    4. Russie : 65,6 à 66,4 milliards
    5. Grande-Bretagne : 55,5 à 56,2 milliards
    6. Inde : 48,0 à 51,3 milliards
    7. France : 46,8 à 50,9 milliards
    8. Japon : 40,9 à 41 milliards
    9. Allemagne : 36,7 à 39,4 milliards
    10. Corée du Sud : 33,5 à 36,4 milliards

    Sous la présidence de Donald Trump, les États-Unis qui redoubleront leurs efforts dans le domaine militaire soit 3,3%. A titre de comparaison : 1,9% pour la Chine, 2,1% de la France et les 2.0% de la Grande-Bretagne.

    Les États membres de l’OTAN ont promis de faire des efforts pour augmenter leurs dépenses militaires. Cela concerne surtout l’Allemagne qu’on accuse presque de pacifisme à cause de ses 1,2% de dépenses militaires.

    Le pourcentage est plus élevé pour la Russie (5,4%). Celle-ci a de bonnes raisons de se sentir menacée par le déploiement de forces hostiles, de la Scandinavie en passant par l’Europe de l’est et l’Asie (Turquie, Géorgie, anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale) jusqu’en extrême orient (Japon). Comparé au pourcentage indiqué pour l’Arabie saoudite, qui est de 13,7%, le chiffre pour la Russie paraît encore assez modeste.

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    Ce tableau est à titre de comparaison...  

    Nous entendons avec force et fracas que le danger est avant tout russe.

    Cependant, si je compte bien les sommes engagées par les pays de l'OTAN (et ses proches alliés), j'arrive à une somme de 900 milliards environ.... A quelques broutilles près, mais nous sommes cependant loin des 65 milliards russes. Non ? La question reste entière, qui va faire la guerre à qui ? Et surtout à quoi cela sert ? 

  • Jacques Gravereau : la Chine conquérante

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    Dès la quatrième de couverture, les choses sont claires, limpides même. Jacques Gravereau (Président de l'institut HEC Eurasia) affirme sa ligne directrice :

    "Faut-il craindre la Chine ? Après avoir réussi une émergence inouïe en moins de trente ans, ce géant de près d'un milliard et demi d'habitants se voit déjà en hyperpuissance mondiale et n'hésite plus à l'affirmer haut et fort. En faisant partout déferler ses exportations, en siphonnant les matières premières de la planète, la Chine peut-elle infléchir la marche du monde ? Ses gesticulations militaires tonitruantes en mer de Chine vont-elles mener à un conflit international majeur ? Quelle est la véritable nature de ce curieux régime, à la fois totalitaire et capitaliste, où un Parti communiste de 88 millions de membres règne sans contre-pouvoirs ?"

    Si vous n'y percevez que des questions alors relisez encore une fois. Vous y trouverez cette angoisse perpétuelle et très occidentale de la Chine envahisseur de notre monde. Vite refermons les frontières. 

    Bon reprenons, les thématiques proposées sont excellentes.

    La première partie intitulée "Une réussite vertigineuse" se décompose en quatre grands chapitres : 

    • Trente ans d'utopie
    • La seconde révolution de Deng Xiaoping
    • Fabrique du boom
    • Le monde accro à la Chine

    Sur ces points, nous avons des points de réflexion en commun. Même si il me semble très difficile et voire même impossible de résumer trente ans d'histoire de la Chine en quelques pages, car l'interprétation historique varie d'un monde à l'autre. Et notre vision "analytique" ne fonctionne pas avec la vision mouvante, organique de la civilisation chinoise. 

    Cependant, il aurait été très intéressant de creuser le fait de ce monde "accro à la Chine", en montrant que la mondialisation avait besoin d'une industrie bon marché pour fabriquer ses produits de grande consommation. Au bonheur des grands groupes, la Chine a ouvert ses portes offrant des milliers d'ouvriers comme main d'oeuvre bon marché pour satisfaire, rappelons-le, les besoins imaginaires occidentaux. 

    La seconde partie s'intitule "le prix du "toujours plus"" et comporte six chapitres :

    • L'horreur écologique
    • Dans l'eau claire, pas de poisson
    • Les nouveaux coolies
    • Pas vu, pas pris ! Le juteux pillage mondial
    • L'empire du fric
    • Un état de friture perpétuelle

    Au chapitre 10, à mon grand étonnement, nous pourrions être en accord. Ici une citation de  Paul Claudel qui a été pendant quatorze ans en poste consulaire en Chine. Passons cette référence, Jacques Gravereau écrit :

    "La Chine déroute  et décourage tous les jugements raisonnables, cartésiens, logiques, que des Occidentaux peuvent formuler à son égard. Il en a toujours été ainsi." (Cf. p.99).

    Mais alors pourquoi ne pas creuser ce sillon ? Car cela signifie bien que dès que nous cherchons à rationaliser, à inscrire la Chine dans une conception analytique cela ne fonctionne pas. La Chine débordera toujours notre esprit. Elle est à la fois visible et invisible. Elle est un flux. Et si  on saisit avec nos outils conceptuels ce qu'elle est, nous finissons par nous perdre, par argumenter négativement alors qu'il s'agit simplement de quelque chose d'insaisissable. 

    La troisième partie "Des règles du jeu "aux caractéristiques chinoises""

    • "Servir le peuple"
    • Se servir
    • Lénine et Internet
    • Un "Etat de droit socialiste aux caractéristiques chinoises"
    • Penser autrement
    • Les intraduisibles

    Là je comprends vos questions, vos remarques, mais je n'en partage pas le point de vue. Sauf en partie dans la question "des intraduisibles". Là nous nous retrouvons. Nos concepts viennent d'une pensée analytique, d'une pensée enracinée. La pensée chinoise est tectonique, mouvante, fluide. Elle est non enracinée. Elle est donc plus en lien avec l'invisible, le non structurel. Nous manquons nous aussi de mots pour la rendre intelligible à nos esprits.

    Enfin la quatrième partie "La Chine hyperpuissance ?"

    • Colosse aux pieds d'argile
    • Innovation : encore un effort !
    • Chiens de faïence : la Chine et ses voisins
    • L' " émergence pacifique "
    • Un softpower chinois ?

    Voilà des questions très intéressantes et des remarques pertinentes. La Chine prend des positions militaires, organise des défilés, montre qu'elle est puissante à cahque discours de son président. Mais cela ne passe toujours pas auprès des médias occidentaux. Quelque chose ne se déploie pas... Comme Jacques Gravereau le souligne acheter des matières, des entreprises, ne fait pas augmenter la cote de sympathie de la Chine auprès des occidentaux. 

    La question est donc comment la Chine peut-elle faire face à sa mauvaise réputation ? C'est sans doute cela le problème d'une puissance aujourd'hui ? Elle doit soigner son image avant toute stratégie. C'est l'inscription mentale qui fait gagner des points dans les inconscients collectifs. Or aujourd'hui pas un média occidental ne semble accorder de crédits à la Chine. Elle apparaît comme le méchant dragon, qui va se réveiller pour dévorer le monde... Quelle drôle de vision ?  

    Bien que je ne partage pas la conclusion, la vision d'un méchant dragon, ou que je ne cesserai d'affirmer que des fragments de l'histoire de Chine méritent d'autres éclaircissements, il n'en demeure pas moins vrai que ce livre est à lire. Il est très vivant. A l'intérieur, des histoires de rues croisent celles des multinationales, mais finalement on s'aperçoit que l'examen doit être fait du grand capital.

     

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    La Chine conquérante, Enquête sur une étrange superpuissance
    de Jacques Gravereau (éd. Eyrolles)
    ISBN: 978-2-212-56653-6 / Prix 19€
    Le livre sur le site de l'éditeur